Elections anticipées au Royaume Uni: une décision tactique

(VOVworld) - Les Britanniques n’en finissent plus de nous surprendre ! Moins d'un an après le référendum sur la sortie de l'Union européenne qui a décidé du Brexit et précipité l'arrivée au pouvoir de Theresa May, la patronne du 10, Downing Street vient d'annoncer la tenue d'élections législatives anticipées le 8 juin. Un pari politique pour la Première ministre britannique, soucieuse de surmonter les divisions apparues au Parlement au sujet, justement, du Brexit.

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La Première ministre britannique Theresa May. Photo: Getty

Theresa May a justifié sa décision comme étant destinée à surmonter les divisions apparues au Parlement, qui «affaiblissent la position du gouvernement dans la négociation avec l’Europe», et à unir le pays.

Un joli coup de pocker lancé par une fine tacticienne…

C’était maintenant, ou après le Brexit, et Theresa May a choisi : les Britanniques voteront dès le 8 juin plutôt que d’attendre la date normale des élections législatives, c’est-à-dire 2020. Mais pourquoi cette date ? Parce que celle que d’aucuns surnomment la nouvelle dame de fer est actuellement en position de force. Le parti auquel elle appartient, le Parti conservateur, est en effet crédité de 43 % des intentions de vote alors que le Parti travailliste, l’opposition, n’attirerait que 25 % des électeurs, selon la moyenne des sondages.  Dans un tel contexte, la victoire de Theresa May ne fait guère de doute.

La Première ministre conservatrice estime probablement qu’une majorité nette lui donnerait plus de légitimité et de poids dans la négociation avec l’Union européenne. Il faut se rappeler en effet qu’elle avait accédé au pouvoir suite à la démission de David Cameron, mais sans avoir reçu l’onction du suffrage universel, pour l’instant du moins. Si, comme on peut le penser, elle remporte ce scrutin haut la main, le message sera clair et sans équivoque : « le pays est avec moi ».   

Oui mais… L’est-il vraiment ? Madame May pourrait tout aussi bien apprendre à ses dépens ce que l’expression « prendre une douche écossaise » signifie… Eh oui, il faut se rappeler que les Ecossais avaient voté à 62% pour le « remain » et qu’Edimbourg, par la voix d’une autre dame de fer, Nicola Sturgeon, réclame aujourd’hui à cors et à cris un nouveau référendum d’indépendance. Il faut savoir en outre que le parti national écossais (SNP) détient déjà 56 des 59 sièges attribués à l’Ecosse au Parlement de Westminster. Si ce parti confirme son excellent résultat de 2015, il pourra s’en prévaloir pour forcer Madame May à accepter ce second référendum.

…sous les applaudissements de l’UE

L’appel lancé par la patronne du 10, Downing Street a été approuvé par le Parlement britannique avec une majorité écrasante de 522 voix pour et seulement 13 contre. Même  Jeremy Corbyn, le chef du Parti travailliste, qui avait fait campagne contre le Brexit, en accepte aujourd’hui la logique pour ne pas contrarier son électorat populaire.

Côté européen, Guy Verhofstadt, qui a été désigné jeudi par le Parlement européen pour mener au nom de l’assemblée les discussions avec le Royaume Uni concernant sa sortie de l’Union européenne, a estimé que grâce à ces élections, les Britanniques pourraient exprimer clairement leurs attentes en ce qui concerne le devenir de leurs relations avec   l'Union européenne. A Berlin, le chef de la diplomatie allemande, Sigmar Gabriel, a espéré que le scrutin favoriserait « la clarté et le sens des responsabilités » des négociateurs.

Pari audacieux ? Coup de poker ? Pour Theresa May, il s’agit en tout cas de reprendre la main… mais d’une main ferme.

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