Nguyen Diem Huong raconte des créations en silence dans les coulisses

(VOVworld) - Faire exister un personnage par l’apparence : voilà comment l'on pourrait décrire, en peu de mots, le travail des costumiers et des habilleurs. Ce travail, c'est celui de Nguyen Diem Huong, qui, en véritable petite fée qu'elle est, oeuvre en coulisse au succès des plus grandes oeuvres cinématographiques.
Dans la bande annonce de "Voleter au milieu de nulle part",  le personnage principal, Huyên, incarné par Thuy Anh, cherche un dispensaire pour pouvoir avorter. Elle porte une robe blanche, toute simple, qui contraste étrangement avec la situation dans laquelle elle se trouve alors. Mais pourquoi le blanc ?

"J'ai choisi le blanc pour beaucoup de raison. Huyen est une belle jeune fille innocente de 17 ans, qui entre en relations avec deux hommes, un garçon de son âge au début du film et un homme d’un certain âge ensuite. C'est une jeune fille pauvre, qui n'a aucun sou pour avorter. C'est pour ça, le blanc, pour exprimer une certain dénuement. Le blanc crée aussi une certaine obsession. Dans certaines autres scènes, Huyen porte du brun ou du noir. Ce sont des tons graves qui accentuent la tristesse."

C’était Nguyên Diêm Huong, l'habilleuse de «Voleter au milieu de nulle part». Elle n'en était d'ailleurs pas à son coup d'essai puisqu'elle avait déjà participé à différentes séries télévisées en tant qu'habilleuse. Elle nous décrit son travail.    

"Le travail d’habillage se déroule sur deux temps : il y a d'abord la préparation, qui tombe un à eux mois avant le début du tournage, qui relève plus du travail du costumier puisqu'il s'agit de rassembler des vêtements loués ça et là, de prendre des mesures... Et puis il y a le travail d'habillage à proprement parler, et ça, ça se passe bien sûr sur le lieu du tournage. Il s'agit en fait de maintenir une cohérence visuelle dans les costumes du début à la fin".   

Nguyen Diem Huong raconte des créations en silence dans les coulisses  - ảnh 1


Bien que n'apparaissant jamais à l'écran, Huong doit être souvent présente avec l’équipe de tournage. Son travail demande de la rigueur et de la vigilance.  

"L’habilleur doit anticiper tout ce dont les acteurs ont besoin entre deux prises, ce qui permet d’assurer une certaine forme de continuité.  Il faut noter chaque détail, depuis le nombre de boutons défaits dans telle séance  jusqu’à la manière dont les manches sont retroussées dans telle autre, en passant par la présence d’ourlet, de tâches…  Pour un tournage d’extérieur en hiver, par exemple, il faut prévoir des sous-vêtements chauds, des chaufferettes, des doudounes... En général, les tenues ne doivent pas seulement être un repère pour indiquer la fonction d’un personnage. Elles doivent aussi refléter leurs caractéristiques. Si par exemple un personnage est tout d’abord mafieux puis repenti après, sa tenue doit montrer l'évolution qu'il subit."    

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Nguyen Hoang Diep et des acteurs dans "Voleter au milieu de nulle part"

Et bien sûr, l'habilleur travaille en étroite collaboration, non seulement avec le réalisateur mais aussi avec toute l’équipe de décoration. Généralement, peinture, tapisserie et vêtements doivent être conçus comme un ensemble signifiant. Nguyên Hoang Diep, réalisatrice de son état:

"Il faut savoir qu'un film est rarement tourné dans l’ordre chronologique des scènes Il faut donc, par exemple, que la tenue filmée lundi soit absolument identique dans la scène suivante, qui peut être tournée deux semaines plus tard. L’assurance de bons raccords est donc cruciale pour la réussite du film. Huong et moi, on doit constamment discuter de l'apparence des personnages. Dans « Voler au milieu de nulle part », le teint de la peau de Thuy Anh n’est pas éclairci. Au début, je n’étais  pas d’accord avec le blanc qui assombrissait le visage du personnage. On a eu des discussions interminables, je me rappelle. Pas simple, en tout cas, d'être habilleur: c'est un peu comme un créateur de mode, finalement".     

Pas simple, c'est vrai. Il faut non seulement un savoir-faire affûté, mais aussi une santé à toute épreuve, pour pouvoir suivre une équipe de tournage pendant plusieurs mois, voire plusieurs années.   

" Il faut toujours rester en étroite collaboration avec le réalisateur, et être prêt à réagir à n'importe quel petit changement de dernière minute, de façon à ce que les raccords soient impeccables. Personnellement, je pratique le yoga pour pouvoir rester concentrée. Oh et puis je suis jeune, et ça, ça aide parce qu'il faut tout le temps être sur le grill, dans ce métier!"           

Quant au cachet, là aussi, il faut savoir faire preuve de souplesse.

"Les cachets diffèrent d'un genre de film à un autre. En général, le budget d'une production cinématographique est beaucoup plus élevé que celui d'une série télévisée, mais le problème, c'est que les occasions sont plus rares. Alors parfois, on fait quelques petits boulots d'appoint, ça dépend des circonstances. mais bon, ce qui compte, en définitive, c'est que le film marche bien et d'avoir contribué à son succès!..."         

A la fin d’une journée de tournage, l’habilleur a encore du travail. Il faut laver, rafraîchir, tâcher, détâcher, recoudre, pour préparer les vêtements à une nouvelle journée de tournage. Les grandes contributions se débutent souvent par de petits travaux... On ne le dira jamais assez.

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