Le «Đình» - bien plus qu’un simple ouvrage architectural

(VOVworld) - Le «Đình» - maison communale, en français -, est l’un de ces ouvrages architecturaux sans lequel un village vietnamien ne serait pas un village vietnamien. A la fois lieu de rassemblement et lieu de culte, il est bien plus qu’un simple ouvrage architectural, il est le théâtre des grands évènements qui rythment la vie de toute la communauté.  

En général, la maison communale est dédiée au génie tutélaire du village, c'est-à-dire à une personne qui s’est distinguée par le passé, soit en se faisant l’initiateur d’une tradition artisanale, soit en pourfendant l’envahisseur étranger, soit en faisant les deux à la fois car le Vietnam aussi a ses supers héros. 

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Photo: My Tra

Quoiqu’il en soit, c’est dans le delta du fleuve Rouge que l’on peut trouver le plus de maisons communales anciennes, ce qui ne veut pas dire qu’il n’en existe pas ailleurs, bien sûr.

A Hanoï - mais Hanoï dans sa dimension provinciale - on note ainsi la présence des maisons communales de Thuỵ Phiêu et de Tây Đằng, à Ba Vì, ou de Là, dans le district de Thường Tín, qui datent toutes du 16ème siècle. Mais il faut aussi mentionner la maison communale de Lỗ Hạnh, construite entre 1566 et1577, qui se trouve dans la province de Bắc Giang, et plus précisément dans le district de Hiêp Hoà.

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La somptuosité de certaines de ces maisons communales peut parfois étonner, en milieu rural. Mais ainsi va la vie, au Vietnam : on ne lésine jamais lorsque le prestige de la communauté est en jeu. Lê Quang Ngọc, folkloriste :

«J’ai voyagé dans différentes localités et vu des maisons communales absolument gigantesques, installées à des emplacements choisis… je note d’ailleurs que bien souvent, les chemins sont tracés de telle sorte qu’on évite cet emplacement qui du coup, revêt un caractère presque sacré».    

       

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Comme nous le disions à l’instant, le delta du fleuve Rouge regorge de maisons communales. Prenons celle de Kiêu Kỵ qui est un beau cas d’école. Située dans la province de Bac Ninh, elle a été construite en bois, un peu à la manière des maisons sur pilotis des Muong. Sa toiture, double, est relevée aux quatre coins, ce qui est tout à fait typique d’un style architectural « à la vietnamienne ».   

Restons à Bac Ninh, et intéressons-nous maintenant à la maison communale de Diêm, qui remonte au 17ème siècle. Sa travée centrale est précédée d’un portique en voûte, lui-même orné de sculptures de dragons, de nuages, de fleurs de lotus. Mais puisque l’on parle de sculpture, l’édifice en possède d’autres, d’inspiration toute campagnarde : les 8 fées, les jeunes paysannes, les joueurs d’échecs… Dinh Tiên Hai, peintre et expert architecture villageoise :

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«Il faut bien comprendre que les auteurs de ces sculptures étaient des paysans, dont l’imaginaire était forcément très influencé par la vie à la campagne. Du coup, il y a une espèce de fraîcheur un peu rustique dans toutes ces œuvres, mais aussi une grande spontanéité : au fond, chacun était libre de représenter ce qu’il voulait. Il n’y avait pas de distinction entre sujet « noble » ou « moins noble », si je puis dire…»         

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Ceux qui ont construits ces maisons communales étaient sans doute beaucoup plus que de simples bâtisseurs : ils étaient aussi des conteurs - leurs sculptures sont souvent de véritables livres d’images - mais par-dessus tout des transmetteurs, les transmetteurs d’une tradition folklorique et d’un art de vivre ô combien attachants…      

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