C’est devenu une tradition. Tous les ans, au 5ème jour de l’an lunaire, une fête est organisée sur le tertre de Đống Đa, dans le quartier de Quang Trung, à HN, donc. Cette fête commémore les hauts faits d’arme du roi Quang Trung qui a repoussé les 290 mille soldats des envahisseurs Qing il y a plus de 200 ans, écrivant ainsi une page mémorable de l’épopée de la résistance nationale. Mais c’est aussi l’une des manifestations culturelles les plus originales que l’on peut trouver dans la capitale au début de l’année.
Le tertre de Đống Đa est un monticule de terre sur lequel pousse une végétation luxuriante. Il donne aujourd’hui sur la rue Tây Sơn, qui est l’une des plus animées de la capitale. Difficile, au premier abord, de songer qu’un endroit, aujourd’hui aussi paisible ait pu être le théâtre d’une bataille épique il y a plus de 2 siècles. C’est pourtant bien là qu’en 1789 - année du Coq - les troupes des Tây Sơn, conduites par le roi Quang Trung, ont remporté une victoire qui allait marquer à tout jamais les annales vietnamiennes. C’est en fait dans la nuit du 4ème au 5ème jour de l’année du Coq que l’armée des Tây Sơn s’est emparé du poste de Khương Thượng, tenu jusque là par les Qing dont le général, un certain Cen Yi Dong devait se suicider en se pendant sur le mont Ốc, au poste de Loa Sơn, près du tertre actuel. Cette victoire a en tout cas permis à l’armée des Tây Sơn de libérer Thăng Long qui était donc sous le joug des Qing. Et c’est bien sûr ce qui explique qu’une fête populaire soit organisée tous les ans sur le tertre de Đống Đa. Depuis la libération de la capitale, le 10 octobre 1954, la fête de Đống Đa est considérée comme une fête traditionnelle qui permet de rendre hommage à ceux qui ont contribué à la lutte contre les envahisseurs étrangers. Aujourd’hui, elle attire des dizaines de milliers de personnes, venues de Hanoi, mais aussi des régions avoisinantes. Elle comporte plusieurs rites solennels : cérémonie d’offrande d’encens, procession de palanquins, danse du Dragon… Mais il y a aussi des reconstitutions de la bataille qui sont bien évidemment particulièrement attendues. Tạ Huy Hùng, qui est un ancien combattant du quartier de Nam Đồng, dans l’arrondissement de Đống Đa, assiste tous les ans à la fête :
C’est une victoire glorieuse de notre peuple et je pense qu’elle doit inciter les jeunes générations d’aujourd’hui à préserver les traditions de nos ancêtres, à défendre et à édifier la nation. Les jeunes doivent absolument connaître ces victoires qui ont marqué l’histoire de notre patrie.
Le programme de la fête accorde donc une large part à la danse du Dragon de feu, qui se veut être en fait une sorte de reconstittion de la bataille sur le mode symbolique et qui est accompagnée de spectacles d’arts martiaux censés manifester la grandeur d’âme des Hanoiens. Après la danse du Dragon de feu, viennent la cérémonie d’offrande d’encens et le rituel d’invocation qui se déroulent à la maison communale de Khương Thượng, avant une cérémonie de prières pour les morts organisée à la pagode de Đồng Quang. Nguyễn Thị Vợi, une Hanoienne :
Je suis très heureuse que les autorités municipales organisent cette fête qui s’inscrit dans le droit fil des traditions vietnamiennes, depuis l’ère du roi Quang Trung jusqu’à aujourd’hui. Chaque fois que je participe à cette fête, je suis vraiment très contente.
Outre les rites solennels, plusieurs activités culturelles, artistiques, folkloriques et sportives sont prévues : spectacles d’arts martiaux, danses des 4 animaux sacrés - dragon, tigre, tortue et phoenix - jeu d’échec traditionnel à taille humaine, tir à la corde… Phan Hữu Thanh, un employé bancaire :
Je viens ici tous les ans pour assister à cette fête. Elle propose souvent aux spectateurs des numéros très intéressants et après chaque édition, je constate que notre pays ne cesse de se développer.
Lorsqu’ils assistent à la fête de Đống Đa, les Hanoiens comme les visiteurs venus de différentes régions peuvent mieux comprendre l’histoire du Vietnam et faire corps avec leurs descendants qui se sont si souvent illustrés par de brillants faits d’arme.
Tô Tuấn