Japon : « On ne change pas de capitaine… »

(VOVWORLD) - Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a dissout ce jeudi la chambre basse du Parlement, ouvrant ainsi la voie à des élections anticipées dans un contexte censé lui être favorable. Mais les défis à relever sont de taille.
Japon : « On ne change pas de capitaine… »   - ảnh 1Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a dissout ce jeudi la chambre basse du Parlement - Photo AFP/TTXVN 

Lundi, Shinzo Abe a annoncé au cours d’une allocution télévisée qu’il allait dissoudre jeudi la chambre basse. Il a notamment expliqué qu’il avait besoin d’un nouveau mandat pour une approche diplomatique plus ferme à l'égard de la République populaire démocratique de Corée, laquelle multiplie les essais balistiques et nucléaires. « Je veux être en première ligne pour faire face à la crise », a-t-il fait valoir.

Une bonne tactique…

Manifestement, Shinzo Abe cherche à tirer parti de son regain de popularité (près de 50% aujourd’hui) et de la confusion qui règne dans l'opposition.

Un sondage du Nikkei publié ce week-end crédite le Parti libéral-démocrate (PLD), dont il est issu, de 44 % des intentions de vote. Le Parti démocrate, qui siège dans l'opposition, et le mouvement lancé par la gouverneure de Tokyo Yuriko Koike sont tous les deux à 8 %. Autant dire que l’horizon semble dégagé.

C’est sans doute aux inquiétudes nées des essais balistiques et nucléaires de Pyongyang et au remaniement gouvernemental mené en août, que Shinzo Abe doit cette embellie. Une embellie d’autant plus appréciable qu’il revient de loin. Il stagnait en effet à 30% d’opinions favorables en juillet, son image ayant été ternie par des affaires de favoritisme et de vente illégale de terrain public.    

Mais le Premier ministre nippon accumule également les bons points sur le plan économique : La troisième économie mondiale affiche un sixième trimestre d’affilée de croissance, une première depuis les années 2005-2006. Le PIB de l’Archipel a progressé de 1 % entre avril et juin, soit 4 % en glissement annuel.

Des défis de taille

Les élections anticipées ont donc été fixées au 22 octobre prochain. Mais quel que soit le parti qui s’impose, les défis à relever seront de taille.

Il y a tout d’abord le vieillissement et le déclin démographique. Pour Shinzo Abe, c’est une véritable crise nationale, qui est responsable de la pénurie de main d’oeuvre au Japon. Le pays du Soleil levant reste en effet le pays ayant la population la plus vieille du monde, avec 28% de plus de 65 ans.   

Mais il y a aussi la montée en flèche de la dette publique : plus d’un million de milliards de yens, soit près de 9400 milliards de dollars. Tel est le montant vertigineux qu’a atteint la dette publique du Japon à la fin de l’exercice 2016, clos fin mars 2017. A 246,6 % du produit intérieur brut (PIB), c’est selon l’OCDE la dette la plus élevée du monde. Et elle n’a guère de chances de baisser dans les années à venir, tant le gouvernement semble peu enclin à s’attaquer au problème, au risque de provoquer une crise économique sur l’Archipel.

Il y a enfin la croissance. Même si celle-ci est restée positive pendant six trimestres consécutifs - sa meilleure performance depuis une décennie - elle reste inférieure à bien d’autres, en Asie. D’après le rapport 2017-2018 du Forum économique mondial sur la compétitivité des nations, le Japon a perdu une place pour rétrograder au 9ème rang. Cette reculade s’explique essentiellement par l’augmentation de la dette publique, la désinflation qui perdure et un marché du travail peu flexible.

En choisissant la voie de la dissolution, Shinzo Abe a clairement fait comprendre aux Japonais qu’il entendait bien garder la main pour poursuivre les réformes entreprises. « On ne change pas de capitaine au beau milieu d’une tempête », semble-t-il nous dire en substance.

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