Œil pour œil, dent pour dent

La plus grande guerre commerciale de l’histoire a été lancée le 6 juillet 2018 par Washington qui a mis en vigueur de nouveaux droits de douane de 25% sur 34 milliards de dollars d’importations chinoises. Pékin a immédiatement activé sa contre-attaque face aux États-Unis. Les secteurs victimes des nouveaux tarifs douaniers font tous partie de la colonne vertébrale économique de ces deux pays.

Mais les représailles tarifaires ne s’arrêteront pas là ! Dans deux semaines, l’administration Trump imposera une deuxième taxation sur 16 milliards de dollars de marchandises chinoises, tout en réfléchissant à une taxe supplémentaire de 10% contre 200-300 milliards d’importations chinoises. Évidemment, la Chine ne reste pas les bras croisés. Elle a décidé de jouer la carte de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en déposant une nouvelle plainte contre les mesures tarifaires américaines visant ses produits. Dans la foulée, le ministère chinois du Commerce a haussé le ton en critiquant fermement l’« agression économique » américaine qui pourrait détériorer les intérêts des États-Unis ainsi que ceux d’autres pays.

Ces nouveaux droits de douane sur les marchandises chinoises étaient en réalité prévus depuis longtemps. Lors de sa campagne électorale, Donald Trump avait déjà répété à maintes reprises leur nécessité pour la propriété intellectuelle et technologique de son pays ainsi que pour réduire le déficit commercial avec la Chine.

Cependant, l’origine réelle du conflit pourrait être ailleurs. De l’avis des analystes, les représailles commerciales ne font que refléter l’escalade des tensions entre les deux grandes puissances, non seulement au niveau économique mais aussi au niveau géopolitique. Compte tenu de leurs positions politiques et ambitions contradictoires, ce conflit pourrait s’amplifier, quelque soit l’issue de l’actuelle bataille tarifaire.

Une bataille sans vainqueur

La guerre entre les deux géants économiques devrait ainsi se poursuivre et porter réciproquement des coups durs.

Sur le plan macro-économique, les représailles tarifaires entraîneraient une chute de croissance comprise entre 0,1% et 0,2% pour les États-Unis comme pour la Chine. Considérant la taille de ces deux puissances économiques, cela représenterait déjà des enjeux colossaux. Les conséquences pourraient alors être nombreuses : une perte de confiance chez les investisseurs, des accrocs dans la chaîne de distribution et des chocs économiques de tailles variables.

Au niveau micro-économique, les entreprises chinoises exportant vers les États-Unis seraient les premières victimes. En contrepartie, les taxes imposées à tous les produits chinois mettraient en péril les sociétés américaines opérationnelles sur le sol chinois. Pour la Chine, le ralentissement de croissance à court terme dû au conflit commercial pourrait affecter sa stabilité socio-économique. Aux États-Unis, le bras de fer contre Pékin pourrait provoquer de nouvelles huées contre le président Donald Trump lors des élections sénatoriales en novembre prochain. Le gouvernement Trump serait de nouveau pris pour cible par l’opposition et ferait face à des manifestations des secteurs victimes du conflit commercial. Toutefois, Washington et Pékin ne seraient pas les seuls perdants. Les économies rattachées à la chaîne de valeur mondiale en subiraient également les conséquences.

Les offensives et contre-attaques pourraient au final n’être que le prélude d’un conflit entre les deux superpuissances mondiales, une guerre sans merci dont personne ne sortirait sain et sauf.