Xi Jinping et son épouse à Washington. Photo : REUTERS
De réelles divergences ou de simples malentendus ?
Ces dernières années, entre les Etats-Unis et la Chine, il a beaucoup plus été question de concurrence que de coopération. Les deux superpuissances se livrent en effet à une véritable lutte d’influence, aussi bien sur le plan économique que sur le plan stratégique.
Washington voit d’un assez mauvais œil les manifestations d’hégémonisme de Pékin, surtout lorsque celles-ci s’exercent à l’encontre d’alliés traditionnels des Etats-Unis tels que le Japon ou les Philippines. A cela s’ajoutent des problèmes liés à la cyber-sécurité, à la création de la banque asiatique d’investissement pour les infrastructures ou encore aux dévaluations du yuan.
De son côté, la Chine voit dans la stratégie américaine de rééquilibrage en Asie-Pacifique une entrave à son développement normal. Elle accuse notamment Washington de chercher à mettre sous influence des pays avec lesquels elle entretient des conflits de souveraineté maritime.
Cette visite est donc censée permettre aux deux pays de renouer des liens de confiance. Xi Jinping doit tenter de démontrer aux dirigeants américains le bien-fondé de la stratégie chinoise de développement afin de lever toute forme d’ambiguité quant aux suspicions d’hégémonisme qui se font jour.
Pour sa part, le président américain doit convaincre son homologue chinois que la politique américaine de rééquilibrage en Asie-Pacifique n’implique pas de confrontation militaire dans la région.
L’économie au centre des discussions
Cette visite du président chinois doit faire la part belle à l’économie. On notera d’ailleurs que c’est Seattle qui en aura été la première étape : Seattle, c'est-à-dire le premier centre technologique des Etats-Unis, où l’on trouve des géants comme Microsoft, Amazon, Boeing ou encore Starbucks : des groupes qui investissent massivement en Chine, que Xi Jinping souhaitait rassurer quant aux politiques adoptées par Pékin vis-à-vis des entreprises étrangères.
La coopération économique reste pour l’instant l’axe principal des relations entre les deux pays. L’an dernier, la valeur des exportations américaines vers la Chine s’est élevée à 120 milliards de dollars. Mais en réalité, la balance commerciale est favorable à la Chine. Et la dévaluation du yuan qui a eu lieu en août 2015 fait penser à une manoeuvre destinée avant toute chose à soutenir les exportateurs chinois. Autant dire que Xi Jinping aura fort à faire pour rassurer les investisseurs américains quant à la transparence du marché chinois.
Washington n’accorde pas de réelle importance à l’élaboration d’un modèle de relation entre puissances. Pour les Américains, chaque problème doit être résolu dans l’immédiat, avec pragmatisme. Pékin, par contre, essaie d’adopter une vision sur le long terme. C’est cette différence d’approche fondamentale qui risque de faire de la rencontre entre Xi Jinping et Barack Obama un dialogue de sourds. On peut au moins espérer que ce nouveau sommet sino-américain permettra de faire avancer les négociations de l’accord sur l’investissement et le commerce bilatéral lancées depuis 2008. Pour le reste, les contentieux paraisssent bien difficiles à surmonter. Et du reste, les deux protagonistes le veulent-ils vraiment ?