Le « bai choi » de Hoi An

(VOVWORLD) - Le « bai choi » est un art folklorique pratiqué dans des provinces du Centre et en particulier à Quang Nam. Né de la vie quotidienne des agriculteurs, il traduit leur créativité et leur joie de vivre, d’une manière aussi originale qu’ingénieuse… 
Le « bai choi » de Hoi An - ảnh 1Photos: Lan Anh 

Autrefois, les habitants surveillaient leurs champs du haut de leurs belvédères. Sans téléphone, ils communiquaient d’un belvédère à un autre par le chant. « bai choi » est un mot composé de « bai », qui signifie chant, en français, et « choi », belvédère. Un assemblage à première vue simpliste qui prend pourtant des formes bien plus compliquées que vous ne pourriez l’imaginer. Aujourd’hui encore, on organise à chaque printemps une fête du bai choi, qui dure une semaine, depuis le dernier jour de l’année lunaire jusqu’au septième jour de l’année suivante. La fête a lieu dans la cour d’une maison communale, d’une pagode ou sur un terrain vaste et plat. On y érige dix belvédères qui ressemblent plutôt à des maisons sur pilotis donnant sur un terrain de jeu. Chaque belvédère abrite quatre ou cinq joueurs. Je dis bien « joueurs », car le bai choi est aussi un jeu, compliqué en plus, comme nous l’explique Phung Tan Dong, un spécialiste du bai choi à Hoi An :

« Mes études me conduisent à dire que c’est un phénomène culturel complexe alliant chant et jeu de hasard. Nous avons 30 cartes réparties en deux paquets, l’un étant mis dans un tube sur la scène, et l’autre vendu aux joueurs installés sur les belvédères. Une personne, appelée Hieu, tire une carte du tube qui est sur la scène et annonce le nom qui figure sur la carte en question. Le joueur qui a la même carte en main recevra un drapeau. Avec trois cartes, le joueur gagne et le jeu est fini. »

Le « bai choi » de Hoi An - ảnh 2

Mais le Hieu, qui est une sorte de maître de cérémonie, ne se contente pas de tirer une carte et d’en annoncer le nom. Trop facile, ça ! Non, il doit improviser, à toute vitesse, un chant dans lequel le nom de la carte est évoqué.

Je vous disais « il », mais en fait, le Hieu peut aussi être une femme. C’est le cas de Phung Thi Ngoc Hue qui a été « contaminée par le virus du bai choi » depuis sa plus tendre enfance.

« Pendant une séance de bai choi, pour attirer le public, le Hieu peut échanger quelques mots avec lui ou jouer des extraits de théâtre classique. Mais son rôle est surtout d’improviser des chants pour annoncer les noms de cartes, en s’inspirant des airs folkloriques locaux. »

La voix veloutée du Hieu, son sens de la réplique, les chants et les comptines populaires valorisant l’attachement entre les villageois et dénonçant les mauvaises pratiques… sont autant d’attractions pour les joueurs et les spectateurs.

En 1996, le théâtre des arts traditionnels de Hoi An est né, marquant pour la première fois l’entrée en scène du bai choi, qui était jusque là limité au pur folklore. Deux ans après, le bai choi a été introduit dans le spectacle mensuel des nuits de pleine lune de l’ancien quartier.

Le « bai choi » de Hoi An - ảnh 3

Aujourd’hui, tous les soirs, à côté de la rivière Hoai, dans une nature on ne peut plus romantique, un espace consacré au bai choi attire de nombreux touristes vietnamiens et étrangers. « On ne peut pas prétendre avoir visité Hoi An sans avoir écouté du bai choi », affirme Tran Dinh Chau, directeur adjoint du Centre culturel et sportif de Hoi An :

« Nous avons fait du bai choi folklorique un art traditionnel. Le fait qu’on puisse assister à ce jeu en pleine rue a eu un impact considérable sur le public. A Hoi An, tout le monde adore le bai choi. »

Le bai choi fait aujourd’hui partie intégrante des attractions touristiques et culturelles de Hoi An. En plus de répondre au besoin de divertissement de la population, il expose au grand jour l’esthétique et le savoir populaires qui constituent l’identité culturelle des habitants de la région.

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