« Les gestes de nos mémoires »

(VOVWORLD) - Né en 1988, Florian Nguyen est un artiste plasticien français d’origine vietnamienne. Venu s’installer à Ho Chi Minh-ville en octobre dernier, il y a exposé « De mémoire et de l’oubli », une exposition construite sur la mémoire de ses grands-parents. Poursuivant son travail sur la mémoire, Florian Nguyen vient de présenter au grand public de Hanoi « Les gestes de nos mémoires », une série de dessins et d’installations in-situ  qui portent sur l’empreinte gestuelle qu’il élabore avec le chorégraphe Sébastien Ly, un autre Français d’origine vietnamienne.

 

« Les gestes de nos mémoires » - ảnh 1

Florian Nguyen: C’est un travail que je fais depuis un an. Je travaille en fait sur la mémoire, le souvenir, le processus de la mémoire. La première exposition que j’ai faite à Saigon concernait la mémoire de mes grands-parents. Là, j’ai changé un peu de sujet. Cette exposition découle d’un travail qu’on a fait ensemble, avec Sébastien Ly qui est chorégraphe. C’est une exposition qui s’interroge sur le lien entre le geste et la mémoire. Donc je travaille avec des danseurs. Par le biais d’interviews, les danseurs sont amenés à raconter des souvenirs et à traduire ces souvenirs en danse.

VOV5: Pourquoi la mémoire et les souvenirs vous intéressent autant ?

Florian Nguyen: Il y a beaucoup de choses qui m’intéressent mais le sujet de la mémoire m’intéresse particulièrement, car il est constitutif de ce que l’on est. Le fait de se souvenir et d’oublier, c’est ce qui constitue notre personne. Il y a une nécessité de l’oubli… Par exemple on va reconstruire de nouveaux souvenirs, et en fait, chaque souvenir va changer et influencer le cour de notre vie, notre futur. C’est quelque chose de très obscur qui nécessite beaucoup de recherches. Ça reste très compliqué à définir en soi. Ce n’est pas quelque chose de palpable.

« Les gestes de nos mémoires » - ảnh 2 Florian Nguyen (gauche) avec le directeur de l’ Espace Emmanuel Labrande au vernissage de l’exposition. Photo: CVN

VOV5: Pourquoi vos œuvres sont en noir et blanc ?

Florian Nguyen: Les différents types de noir et les contrastes entre le noir et blanc m’intéressent particulièrement. Si je travaille sur d’autres sujets, ça reste en noir et blanc assez souvent. Dans différents teintes de noir, différents matériaux, différentes techniques, l’encre, le fusain, la pierre noire, il y a beaucoup de choses à explorer et j’ai tellement exploré déjà, là, que lorsque j’explore les autres couleurs, je me perds.

VOV5: Il y a aussi des portraits dans votre exposition. Quels en sont les personnages ?

Florian Nguyen: Sur cette exposition en particulier, c’est Nhung et Mai Anh, deux danseuses. L’exposition est construite sur des souvenirs à elles deux. Je trouve intéressant d’avoir des portraits d’elles qui sont un peu comme le noyau central de chacun de leurs souvenirs. C’est pour cela qu’il y a des portraits dans cette exposition.

« Les gestes de nos mémoires » - ảnh 3

VOV5: Il semble que vous êtes quelqu’un de très minutieux. Il y a un grande précision dans vos œuvres…

Florian Nguyen: Les détails, ça m’intéresse. Ce qui m’intéresse en fait c’est d’avoir des niveaux dans mes oeuvres. De loin on va voir quelque chose mais si l’on approche et si on regarde attentivement, on va aller ailleurs, voir d’autres choses en fait.

VOV5: Comment s’est passée votre collaboration avec Sébastien Ly ?

Florian Nguyen: Avec Sébastien, on a tous les deux travaillé à l’Institut français de Ho Chi Minh-ville l’année dernière. Moi j’avais une exposition en juin et lui, il avait déjà fait un événement vers avril. Du coup on a été mis en lien par le directeur de l’Institut français à Ho Chi Minh-ville Jean-Philippe Rousse. On s’est rencontré tous les deux à Paris, on a travaillé tous les deux sur des sujets similaires, mais lui dans le champ de la danse et moi dans le champ des arts plastiques. Et on s’est dit que ce serait intéressant de travailler ensemble. Je trouve que de nourrir une réflexion avec différents arts, cela permet d’attaquer cette réflexion avec différents angles. Cela rend le résultat de plus en plus intéressant.

« Les gestes de nos mémoires » - ảnh 4

On a écrit ensemble un protocole qui prend la forme en fait de différentes questions que j’ai soumises à des danseurs. C’est à partir de ce protocole que j’ai pu extraire les images et les enregistrements qui m’ont servi à créer des œuvres. On demande à un danseur de penser à ses grands-parents et de choisir trois mots ou trois choses qui qualifient pour lui ses grands-parents. Puis on lui demande d’associer un geste à ces mots. La troisième étape est de raconter un souvenir lié à ses grands-parents, puis de demander aux danseurs de danser sur ce souvenir qui vient d’être enregistré. J’ai pris des photos, j’ai filmé, enregistré des bandes sonores… Tout cela constitue les matières premières de l’exposition.  

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