«Derrière chaque grand homme, se cache une femme»

(VOVworld) - Le nom de Tran Nu Yen Khe est indissociable de celui du réalisateur Tran Anh Hung, qui n’est autre que son époux. Elle partage sa vie et interprète les rôles principaux de ses films. Mais en plus d’être une actrice douce et raffinée, Tran Nu Yen Khe développe d'autres talents artistiques. Discrète et élégante, elle a accepté de se confier au micro de VOVworld. 

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Photo : D Repubblica


Tran Nu Yen Khe : Après le bac, je ne savais pas exactement quoi faire, alors j’ai commencé à faire la LEA (Langue étrangère appliquée), anglaise-espagnole, à la faculté. Mais ça ne m’intéressait pas énormément, et à ce moment-là je prenais aussi des cours de théâtre. Et j’ai rencontré le chemin de Anh Hung grâce à ce cours de théâtre. Il cherchait une comédienne, justement pour son court-métrage de fin d’année, et mon professeur de théâtre a envoyé mes photos, sans que je le sache, parce que moi, je ne voulais pas participer à ça. Et c’est comme ça que Anh Hung a vu mes photos et m’a contactée. J’ai fait ensuite un an à l’Ecole du Louvre, pour avoir une base solide de l’histoire de l’art. Ensuite j’ai préparé l’Ecole Camondo, une école de design et d’architecture intérieure assez célèbre à Paris.

VOVworld : Tran Anh Hung a tenu à conserver votre propre voix dans sa trilogie vietnamienne, même si vous ne possédez pas exactement les intonations vietnamiennes.  C’est son intention ou la vôtre ?

Tran Nu Yen Khe : C’est vraiment l’intention de Anh Hung, du metteur en scène. Moi, peut-être que j’aurais préféré, à un moment donné, être doublée, et ensuite il m’a dit « non non, la voix d’une personne est très importante, c’est son âme, quelque part ». Et on parlait de ça avec lui, je me rappelle, à l’époque, donc il y a déjà très longtemps, il me disait « ce n’est pas grave, qu’il y a ici un accent ou pas, si on réussit le film, on aura le sentiment que le réalisateur voudra ». Que ma voix ait un petit accent ou pas, ce n’est pas important, parce que quelque part en fait, quand on fait un film, tout est de l’artifice, il n’y a rien vraiment de vrai, on essaie avec ces artifices de créer quelque chose d’émotionnellement fort. Si l’émotion est là, c’est ça l’essentiel. On peut prendre des choses qui sont vraies, et finalement ne pas réussir à faire quelque chose de fortement émouvant. L’important c’est, comment créer un sentiment qui puisse être le plus proche du sentiment que le réalisateur voulait y mettre, et je pense que, dans les films de Tran Anh Hung, il a réussi au mieux d’y mettre toute l’intention qu’il voulait y mettre.

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Photo : elle.vn

VOVworld : Vous faites aussi office de designer dans les films de Tran Anh Hung ?

Tran Nu Yen Khe : Oui j’ai commencé tôt, en fait, à l’époque de « L’odeur de la papaye verte », où j’étais comédienne, j’étais en première année, à l’Ecole Camondo. Et tout ce qui est couleur et émotif dans « L’odeur de la papaye verte », je les ai dessinés. Et du coup, je pensais que c’était pour moi quelque chose qui était plaisant à faire. Comme je faisais les études de design parallèlement avec les films de Tran Anh Hung, évidemment quand on discute ensemble d’un projet, d’un film, d’une ambiance… et comme nous vivons ensemble, les choses sont venues tout naturellement. Dans « Cyclo », comme le rôle était plus important, je ne me suis occupée que du décor du poète de Tony Leung. Et dans « Norwegian wood », je me suis occupée de tous les décors et de tous les costumes. Et c’était une expérience extraordinaire. Dans ce film-ci, « Eternité », dont je m’occupe de la direction artistique, j’interviens dans tout ce qu’on voit visuellement dans le film : coiffure, maquillage, décor,…

VOVworld : On dit que vous avez une beauté typiquement vietnamienne…

Tran Nu Yen Khe : Beaucoup de gens me disent que j’ai un visage typiquement vietnamien, et au contraire, beaucoup d’autres me disent que je ne ressemble pas aux critères de Vietnamien qu’ils ont en tête. Donc je pense ça dépend vraiment de chacun. En tout cas, quand Anh Hung m’a choisie pour ses courts-métrages, il m’a juste dit que j’avais une beauté atavique, c’est-à-dire quelque chose pour lui qui est très vieux,  quelque chose d’ancestral qui remonte.

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Tran Nu Yen Khe dans "A la verticale de l'été"

VOVworld : Comment vous sentez-vous, être la muse de votre mari ?

Tran Nu Yen Khe : Je pense qu’on s’inspire tous les deux. On s’est connu très jeune, tout est départ. Et je crois aussi que, au fur et à mesure, les choses sont beaucoup plus complexes. Comme nous vivons ensemble, effectivement, je l’inspire, il m’inspire, et c’est quelque chose qu’on doit vraiment nourrir dans le quotidien, sinon c’est la routine, parce que je pense qu’un couple dans une routine s’ennuie, et ne peut pas durer. Donc c’est à nous, à Hung de son côté, à moi du mien, de toujours provoquer une discussion, et c’est vrai que nos discussions sont toujours des discussions artistiques. Il faut absolument que l’un et l’autre se nourrissent de tout ça, pour pouvoir avoir des conversations ensemble, et pour nourrir des choses pour des projets à venir. S’il n’y a pas ça, il n’y a plus de fraîcheur, il n’y a plus d’attente, de surprise. Et du coup on tombe dans une routine qui peut être assez dangereuse.

VOVworld : Vous ne consacrez votre talent qu’aux projets de votre mari ?

Tran Nu Yen Khe : Pour l’instant, oui. Parce qu’en tant que directrice artistique, on n’a pas de demande ailleurs, tout simplement. Je pense qu’en France, c’est un poste qui est extrêmement rare. En tant qu’actrice, effectivement j’ai très peu de propositions en France, ce n’est pas très évident pour une comédienne asiatique d’avoir des rôles intéressants. J’ai eu des rôles de proposer, mais ce n’était pas à la hauteur de mes attentes. Donc je préfère épargner mon énergie et mon temps à faire des choses dont je suis vraiment convaincue.

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