Diên Biên Phu romancé et slamé

(VOVWORLD) - L’invité de notre page Francophonie de cette semaine est Marc Alexandre Oho Bambe, alias «Capitaine Alexandre». Ce poète, slameur et romancier camerounais est lauréat du Prix Paul Verlaine de l’Académie française 2015. Avec autant de la passion des mots, il vient de sortir son premier roman «Diên Biên Phu » dans lequel il nous emmène à Hanoï, au côté d’un ancien soldat de la France coloniale, 20 ans après la guerre d’Indochine. Le but: revenir sur la trace de son grand amour: Mai Lan.
Diên Biên Phu romancé et slamé - ảnh 1Photo: Duc Quy/VOV5

Ces extraits sont des extraits d’un roman que j’ai écris dont le titre est «Diên Biên Phu». C’est un roman dans lequel mon narrateur qui s’appelle Alexandre part à la recherche, revient au Vietnam 20 ans après la bataille de Diên Biên Phu et aussi la guerre d’Indochine. Il revient au Vietnam pour retrouver son amour vietnamien et cet amour s’appelle Mai Lan. Alors je pense qu’il espère plus que la retrouver, il puisse retrouver lui-même parce qu’après 20 ans, où et comment il peut la retrouver s’il a la chance de la revoir. Mais il revient quand même dans ce pays parce qu’il a quelque chose qu’il a perdu ici. Et donc Mai Lan est sa femme idéale, son rêve, son fantasme, comme un fantôme comme ça qui le poursuit depuis 20 ans et que lui poursuit aussi. Mai Lan, j’ai choisi ce nom-là aussi parce que je trouve magnifique comme prénom. Et quand je cherchais des noms pour mes personnages puisque c’est une histoire que j’ai inventé, je cherchais des noms qui sont aussi des symboles où alors qui avaient de musique et qui pouvaient rester dans la tête des lecteurs.

VOV5: Pourriez-vous parler d’ailleurs d’un autre extrait intitulé «Le rond-point du Vietnam héroïque»?

«Le rond-point du Vietnam héroïque» est un hommage à Aimé Césaire qui est un poète français martiniquais et qui était le maire de Fort-de-France et dans cette ville des Caraïbes, il y a un rond-point du Vietnam héroïque. C’est la manière de ses airs poétiques de saluer le courage du peuple vietnamien. Il avait décidé que là, dans son pays, dans son île, il y avait un rond-point qui allait s’appeler comme ça, «le rond-point du Vietnam héroïque». Moi, quand je découvert ce rond-point, je trouve que c’est tellement formidable comme histoire. J’ai commencé à écrire un poème sur ce rond-point et après, ça m’a amené à Diên Biên Phu et aussi à l’écriture du roman éponyme. C’est un texte qui parle aussi de résistance, d’espérance, de fraternité des armes et des hommes.

VOV5: Depuis quand avez-vous trouvé la passion pour les mots et commencé à les slammer?

Depuis quand j’ai envie d’être poète? Je crois que c’est depuis toujours. Ma mère était professeur de français, de lettres et de philosophie, j’ai grandi avec beaucoup de livres à la maison. Et en lisant les livres, il y a une émotion que j’ai ressenti qui m’a donné envie un jour de mettre mes mots et mes pas dans les mots et les pas de tous les poètes que j’ai lu et qui m’ont nourri et qui me nourrissent encore aujourd’hui. Moi, je dis souvent que les poètes que je m’admire, qui m’ont apporté leurs lumières quand j’étais adolescent, je les appelle «mes professeurs d’espérance». À partir de 15-16 ans, je savais que je voulais, un jour aussi, devenir «un professeur d’espérance». Je ne sais pas que si j’allais y arriver mais c’était un rêve d’enfant. Et alors le slam, ça arrivait quand j’ai découvert le mouvement slam aux États-Unis il y a 15 ans. J’écrivais déjà la poésie et j’ai fait du rap aussi à un moment quand je vivais au Cameroun. J’ai décidé ensuite de slammer mes textes et je fais ça depuis une quinzaine d’années.

VOV5: Concernant vos projets pour l’avenir, ce seront probablement un autre ouvrage sur le Vietnam?

Là, déjà, j’ai rencontré des slameurs et poètes vietnamiens pendant mon séjour. J’ai envie de créer des liens et des ponts culturels et artistiques. On n’arrive même, et pourquoi pas, avant de la fin de mon séjour, à faire une soirée où on lit les poèmes en plein de langues : vietnamien, français, etc. La poésie va effacer tous les frontières. L’envie d’écrire ? Oui, j’ai déjà commencé à écrire. Lors de mon arrivée de l’aéroport au centre-ville de Hanoï, il y avait des mots qui me venaient déjà. J’ai aussi l’impression de retrouver des personnages de mon roman. C’est quelque chose très troublante mais qui est très beau.

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