Pauline Morel, une Vietnamienne de coeur

(VOVWORLD) - Pauline Morel, 29 ans, moitié française-moitié vietnamienne... C’est en 2013 que notre   héroïne du jour a débarqué au Vietnam, pour y faire ses études en architecture. Plus de quatre années passées à Hanoï ont achevé de faire d’elle une Vietnamienne de cœur, elle qui l’était déjà à moitié par les liens du sang. Seulement voilà, les meilleures choses ont une fin et Pauline va nous quitter en décembre. Heureusement, elle a accepté de se confier sur ses petites histoires, à commencer par son nom vietnamien très poétique «Ý Tho» que sa maman lui a donné.
Pauline Morel, une Vietnamienne de coeur  - ảnh 1"Au Vietnam, on peut tout faire dans la rue, et moi, je fais pareil" - Pauline 

Ça, à Hanoï, ça marche plutôt pas mal, mais en France, en revanche, quand on a des traits un peu asiatique, «Ý Tho», ça sonne plutôt japonais. «Ah, c’est japonais?» - «Non, c’est vietnamien!»

VOV5: Tu te souviens encore de ton premier séjour au Vietnam?

C’était 2004, pour le Têt. À l’époque, j’avais 13-14 ans, il y avait plein de choses à découvrir et le Têt était l’une de ces choses nouvelles. On a rencontré toute la famille. Il y avait plein de choses, le climat, l’ambiance dans la rue, et puis dans des yeux d’adolescent, c’est vachement cool.

VOV5: Le Vietnam dans tes yeux et dans les histoires de ta maman, c’est différent?

Oui, ça n’a rien à voir. Ma mère m’a racontée le Vietnam avec son regard de petite fille. Elle a grandi dans le Sud, donc ça n’a rien à voir avec ce que je vois de mes yeux d’adulte.

VOV5: Qu’est-ce que t’apprécies le plus de la vie ici?

Ce que j’aime le plus c’est de faire les courses et faire la cuisine. En France, il n’y a pas de marché comme ici, tous les jours, en bas de chez toi. Tout est emballé sous vide dans les supermarchés, tu n’as aucun contact avec ce que tu achètes. Il y a plein de gens qui aiment ça, mais moi je n’aime pas ça. Je préfère aller au marché sans trop savoir ce que je vais faire, puis je vais demander aux gens et on va me conseiller. Ce n’est pas un truc qui arrive quand je vais au supermarché. Ici tu peux tout acheter le matin pour faire à manger pour le jour même. Et puis tout le monde se connaît, tout le monde sait un peu ce que tu aimes, tout le monde t’aide à trouver et à faire des choses parce qu’on sait que tu es un peut toute seule dans la nature ici. En Europe on est un peu anonyme. Dans une ville à l’échelle de Hanoï, c’est quand même chouette de trouver cette dimension village. C’est un truc que j’aime beaucoup à Hanoï et c’est ce qu’aiment beaucoup d’étrangers ici.

Pauline Morel, une Vietnamienne de coeur  - ảnh 2 "Je suis contente d'avoir des manguiers et des caramboliers chez moi au Vietnam" - Pauline

VOV5: Qu’est-ce que tu reproches le plus?

Ce que j’aime le moins ici? Souvent, les gens ont un super avis sur tous les étrangers, les occidentaux en particulier. Quand tu dis «Je suis Française», on va te dire que «Ah, les Français, trop bien!», t’es tout de suite mise sur un piédestal mais tu n’as fait aucune preuve. C’est une forme de discrimination positive parce qu’il faut juger une personne sur ce qu’elle fait et non sur la couleur de sa nationalité. Pour les architectes, il y a beaucoup de gens qui viennent avec leur diplôme étranger sans faire aucune preuve et «Ça y est, c’est des architectes qui ont forcément quelque chose à apporter, qui ont plein de choses à apprendre». Moi je pense qu’on a plus de choses à apprendre par le Vietnam que des choses à apporter. Je suis complètement nulle pour apprendre comment ça marche la culture vietnamienne, comment fonctionne l’architecture à la vietnamienne, plein de choses sur le pays - la moitié de mes ancêtres, je n’ai pas grande chose à enseigner aux gens ici parce que je suis jeune, je n’ai pas beaucoup d’expérience, je suis venue pour apprendre des choses ici plutôt que l’inverse.

VOV5: On dit souvent qu’à l’étranger, les communautés restent entre elles. Est-ce vrai pour toi?

Moi je suis déjà venue en 2004 avec ma famille. J’ai eu un gros choc au début, c’était le dépaysement complet. Quand je suis venue toute seule en 2013, je me suis dit que comme j’étais déjà venue avant, je savais plus ou moins à quoi ça ressemblait le Vietnam. Et c’est normal que pour les autres qui n’ont jamais mis un pied au Vietnam avant, ce soit assez éprouvant au début. C’est facile de se réfugier dans le confort de la langue française et des compatriotes. Donc, je comprends ceux qui restent entre eux. C’est un peu dommage de créer un monde un peu parallèle, mais après tout le monde ne vit pas à l’étranger pour s’intégrer. Il y a des gens qui sont là pour leurs carrières, les autres suivent leurs copains copines. Chacun a sa raison pour vivre à l’étranger, donc chacun le fait à sa sauce.

VOV5: Qu’est-ce que tu veux faire avant de quitter le Vietnam?

Il y a un millier de choses que je veux faire avant de rentrer en France. Je voulais faire Hue-Saigon à vélo en passant par Dalat pour voir Buôn Ma Thuôt. Tous ces coins là doivent être très chouette. Je veux aussi aller à Côn Dao, retourner à Huê, manger des «banh» avant de partir. Je voulais faire des banh chung avec ma tante, je veux le faire moi-même.

VOV5: Un petit conseil aux nouveaux arrivants au Vietnam?

J’ai plein d’amis vietnamiens qui ont des clichés sur la France et vice versa. Par exemple: les Français cuisinent tous très bien, tout le monde est super distingué et cultivé, des visions très bizarres. Je pense que c’est parce que l’herbe est toujours plus verte dans le pré d’à côté. C’est le gros piège d’avoir des préjugés. Il faut venir avec aucune attente et être juste attentif à ce qui se passe autour de soi et le prend tel qu’il est. Donc on ne peut pas être déçu dans ce cas-là. C’est mauvais de projeter des attentes et d’imaginer des choses quand on ne sait pas. Alors que voir des choses et analyser des choses après c’est vachement mieux.

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