Bien plus qu’un ouvrage de première nécessité…

(VOVworld) - Depuis la nuit des temps, le puits est au village vietnamien bien plus qu’un ouvrage de première nécessité. Il faut savoir que dans les croyances populaires, l’eau est un élément féminin, un élément «Yin». Eh oui ! Le Yin, qui avec son complément Yang est l’un des grands fondamentaux de la cosmologie orientale…

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Si la pagode est la demeure du Bouddha, le puits est celle du génie de l’eau. Pas étonnant, me direz-vous. Et vous ne serez sans doute pas davantage surpris d’apprendre que le puits est symbole de vitalité. Comme quoi, que ce soit ici ou ailleurs… L’eau, c’est la vie. Trân Minh Nhuong, folkloriste de son état, véritable puits de science s’il en est!...         

«Dans les campagnes du delta du fleuve Rouge, il existe encore des puits anciens qui remplissent toujours leurs bons offices. Il y en a en terre battue, en latérite, en pierre… On en trouve pas mal devant les maisons communales, les temples ou les pagodes. En général, le simple fait de se situer à ce genre d’emplacements leur confère un caractère sacré.»

Un caractère sacré, c’est vrai: c’est qu’ils ont des légendes, ces puits vietnamiens, à commencer par celui de la montagne Trân Son, dans la province de Bac Ninh, qui, en plus de passer pour être aussi vieux et vénérable que la nation vietnamienne, ce qui n’est pas peu dire, est censé être source de vie éternelle.    

Mais il y a aussi, dans l’enceinte du temple des rois Hùng, à Phu Tho donc, le puits qui aurait servi de miroir aux princesses Ngoc Hoa et Tiên Dung… Celui du temple de Cô Loa, également, en banlieue de Hanoï, que l’on ne peut évoquer sans songer aux amours tragiques de la belle princesse My Châu. D’aucuns prétendent que le simple fait d’y plonger des perles donnent ou redonnent à celles-ci un éclat particulier… Allez savoir… Mais Hanoï même n’est pas en reste puisque l’on peut y trouver le puits de la pagode Linh Tiên, dont l’eau est d’une telle limpidité qu’on lui prête des vertus médicinales… 

On pourrait continuer indéfiniment à vanter ainsi les mérites, légendaires ou pas, de ces puits… au risque de tomber dans un puits sans fond!…

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Architecturalement parlant, les puits présentent différentes formes. Certains sont carrés, d’autres ronds, d’autres ovales. Les premiers symbolisent la terre, les seconds le soleil, et les troisièmes sont comme des miroirs.   

Dans un village, le puits est un lieu de rassemblement. C’est le cas de celui de Mông Phu, un village de la commune de Duong Lâm, en banlieue de Hanoï. Phùng Van Truyên, un habitant :

«Mon village dispose de six puits au total dont cinq sont encore en service. On y prend l’eau dont on a besoin pour nos besoins quotidiens, c’est vrai, mais en général, on considère ça surtout comme un lieu de rendez-vous. On se retrouve au puits comme d’autres se retrouveraient au café!...»       

A Mông Phu, toujours, il existe un puits bien particulier, où se rendent les jeunes mères qui se retrouvent dans l’incapacité d’allaiter et qui espèrent ainsi redevenir aussi intarissables… que l’est ce fameux puits.  

Quant aux villages de Mai Dông et de Hoàng Mai, situés au sud de la capitale, ils doivent l’onctuosité de leur célèbre tofu Mơ à l’eau de leurs puits. Nguyên Van Loi, un villageois :

«Le tofu Mơ est produit à partir de l’eau des puits du village, qui servent aussi à la culture des aubergines et des choux. Je sais qu’autrefois, à l’époque des rois, on fabriquait ici un alcool de choix. Il devait bien y avoir sept ou huit puits à l’époque. Maintenant, il n’y en a plus que quatre, dont l’eau est utilisée surtout pour la fabrication du tofu Mơ.»

«Quand on boit de l’eau, on pense à la source», nous dit le proverbe vietnamien. Un proverbe qui n’a jamais eu tant de sens, tant il est vrai qu’aujourd’hui encore, les puits sont, dans nos campagnes, synonymes d’antique sagesse.   

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