Leurs majestés l’ail et la ciboule

(VOVworld) - La cuisine vietnamienne use d’herbes et de plantes aromatiques de toutes sortes : c’est ce qui fait son charme et on ne s’en plaindra certainement pas. Mais d’où viennent-elles, ces herbes et ces plantes ?

Cette semaine, nous prenons le large en direction de Ly Son, un district insulaire rattaché à la province centrale de Quang Ngai, dont l’ail est le roi et la ciboule, la reine.   

Lý Sơn est une île qui doit sa formation à des éruptions volcaniques qui ont eu lieu il y a des millions d’années. Distante d’environ 25 kilomètres de la terre ferme, elle constitue l’unique district insulaire de la province centrale de Quang Ngai.

Jadis, Ly Son était une île très sauvage, à la végétation exubérante. Au départ, les bateaux de pêche n’y faisaient escale que pour s’approvisionner en eau douce. Et puis, petit à petit, quelques pêcheurs sont venus s’y installer avec leurs familles. Au début, ils cultivaient essentiellement la patate douce, le maïs et le manioc.

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Oui, mais alors comment en sont-ils arrivés à l’ail et à la ciboule ? Eh bien ça, c’est toute une histoire, une histoire que nous raconte Dang Van Hiên.

«Les premiers pêcheurs qui ont pris pied à Ly Son ont dû affronter des difficultés dont on n’a pas idée, maintenant, et notamment des maladies dont il était très difficile de guérir. Mais c’est justement comme ça que l’ail a fait son apparition : dans les croyances populaires, il est dit que l’ail a des vertus thérapeutiques et qu’il aide à repousser les mauvais esprits. Alors c’est comme ça que les habitants de l’île se sont mis à cultiver de l’ail, et bien leur en a pris parce que c’est une plante qui s’adapte parfaitement aux conditions climatiques locales.»        

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Depuis le mont Thoi Loi, qui est en fait un ancien cratère, on peut apercevoir les villages d’An Vinh et d’An Hai, entourés de champs d’ail et de ciboules, lesquels champs sont entourés de murets faits avec de la roche volcanique et remplis de sable blanc.   

Le district insulaire de Ly Son couvre une superficie de 10 kilomètres carrés dont un tiers est consacré à la culture de l’ail et de la ciboule. C’est durant les premiers jours du mois d’avril, sous un soleil ardent, que les cultivateurs procèdent à la récolte. Après quoi, ils préparent la terre pour la nouvelle saison qui s’ouvre. Truong Van Tiên, un agriculteur d’An Hai :

«À première vue, les champs sont recouverts de sable blanc. Mais sous le sable, il y a une couche de terre bazannée. Ça, c’est pour les ciboules : la terre bazannée plus le sable blanc, ça donne une couleur brillante aux ciboules. Mais surtout, ça leur donne un parfum vraiment unique, qu’on ne trouve nulle part ailleurs.»         

Alors là, il était question des ciboules… Et l’ail ? Eh bien c’est tout simple : les deux plantes, ail et ciboule donc, sont cultivées en alternance.

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La culture de l’ail et de la ciboule est rapidement devenue la principale activité économique des habitants de l’île. Pour beaucoup de foyers agricoles, l’ail et la ciboule sont même devenus des plantes absolument providentielles. Témoin Duong Van Giap, auquel ses 26 hectares d’ail et de ciboule rapportent un revenu annuel de près de 500 millions de dongs. A condition que tout se passe bien, par contre, parce que la récolte dépend beaucoup des caprices du temps, comme il nous l’explique lui-même.     

«Le climat est assez rude, ici. Il suffit qu’il pleuve beaucoup ou qu’il y ait une inondation pour que la récolte soit totalement fichue. Il faut être extrêmement prudent, surveiller de très près les cultures et se tenir prêt à intervenir à la moindre anomalie.»   

Récolte fichue ? Pas si sûr. Il faut savoir que lorsque les choses tournent mal, on voit apparaître une variété d’ail à gousse unique, très riche sur le plan nutritif et surtout sur le plan pharmaceutique. Mieux encore : par rapport à l’ail ordinaire, cet ail à gousse unique vaut dix fois plus. Hinh, qui est lui aussi cultivateur à Ly Son, explique qu’il s’agit d’un ail tout à fait naturel que les humains n’arrivent pas à produire.

«Il arrive que l’ail ne puisse pas se développer et que dans ce cas-là, il ne donne qu’une seule gousse. Mais cet ail à gousse unique, il est en fait très rare et très recherché, notamment pour le traitement des rhumatismes et des maladies cardiaques.»  

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«L’ail est à la santé ce que le parfum est à la rose», nous dit un proverbe provençal… Au risque de paraître prosaïque, on pourrait le détourner en disant que l’ail et la ciboule sont aux habitants de Ly Son ce que le levain est au pain… Après tout !…   

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