Quand «vannerie» rime avec «fortune» et «gloire»

(VOVWORLD) - Phu Vinh est un village de la commune de Phu Nghia, rattaché au district de Chuong My. Il se trouve à environ 25 kilomètres au sud-ouest du centre-ville de Hanoï. Mais qu’a-t-il de si particulier, ce village ? Eh bien c’est tout simplement l’un des plus célèbres villages d’artisanat traditionnel du Vietnam, qui n’en manque pourtant pas. Quant à la spécialité locale, c’est la vannerie.   

Fondé au début du 18ème siècle, le village de Phu Vinh s’appelait initialement Phu Hoa Trang, ce qui pourrait se traduire par «le village dont les habitants ont reçu du Ciel des mains habiles». Ce n’est que plus tard qu’il a pris le nom sous lequel il est aujourd’hui connu et qui signifie « fortune et gloire » !... Vous remarquerez d’ailleurs que les deux noms ne sont pas contradictoires, bien au contraire. En effet, outre des mains habiles, Mère nature a offert aux villageois de Phu Vinh des champs inondés particulièrement propices à la culture du bambou et du rotin. Aussi sont-ils vanniers de père en fils. Luu Duy Dân, le président de l’union des villages d’artisanat du Vietnam :

«Des villages dont la vannerie est la spécialité artisanale, il y en a plusieurs au Vietnam, mais Phu Vinh se démarque, ne serait-ce qu’en raison de son ancienneté. Et puis il faut bien reconnaître que les produits fabriqués à Phu Vinh sont de véritables œuvres d’art.»

Quand «vannerie» rime avec «fortune» et «gloire» - ảnh 1

De nos jours, les neuf dixièmes de la population du village pratiquent encore la vannerie : preuve, s’il en fallait une, que cet artisanat traditionnel a encore de beaux jours devant lui.      

De tout temps, les vanniers de Phu Vinh ont eu le souci de faire rayonner leur savoir-faire. Huit d’entre eux ont d’ailleurs été promus au rang de maître-artisan d’Etat.  L’histoire retiendra les noms de Nguyên Van Khiêu, Nguyên Van Kinh, Nguyên Van Kiêu et Hoàng Van Khu, aujourd’hui décédés, mais dont le talent force encore l’admiration. Nguyên Van Khiêu, notamment, né en 1905, décédé en 1983, est l’auteur d’un portrait du président Ho Chi Minh en rotin. Nguyên Van Tinh, son fils, lui aussi maître-artisan, se souvient…

«Mon père fait partie des vanniers qui ont été promus au rang de maître-artisan d’Etat en 1961, ce qui lui a donné l’honneur de rencontrer le président Ho Chi Minh, pour lequel il a ensuite confectionné beaucoup de choses.»     

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Les artisans de Phu Vinh se distinguent par l’extraordinaire variété de leurs produits. Plateaux, assiettes, paniers, tables, chaises, abat-jours, tableaux de toutes sortes, sentences parallèles… lorsqu’il s’agit de tresser du rotin, tout est bon à prendre, pour eux !... Nguyên Van Tinh, encore une fois :

«Les produits de Phu Vinh se démarquent par leur qualité, leur style et des techniques de décoration sophistiquées qui ne se retrouvent nulle part ailleurs, qui sont vraiment la marque de fabrique de ce village.»    

Il est peu de dire que les produits estampillés Phu Vinh ont les faveurs du marché. Nombre d’entre eux ont été primés dans des concours ou des foires-expositions, au Vietnam comme à l’étranger. Certains vanniers du village sont ainsi devenus de véritables gloires locales. C’est par exemple le cas de Nguyên Van Trung, dont le palmarès est pour le moins éloquent :

«En 1980, j’ai obtenu la médaille d’or du concours de créativité destiné aux jeunes des pays socialistes. C’était en Union Soviétique, à l’époque. J’avais fait une œuvre qui s’appelait « le fleuve Volga ».  Deux ans plus tard, j’ai été envoyé à Cuba, au Laos et en Angola pour animer des ateliers de formation à la vannerie. Je me rappelle aussi avoir offert à un Premier ministre français de passage au Vietnam un tableau en osier représentant le vieux quartier de Hanoi.»

Phu Vinh exporte - on s’en serait douté-, ce qui lui garantit chaque année un chiffre d’affaires d’environ 30 milliards de dongs. Ses principaux débouchés sont le Japon, la République de Corée, la Chine, la Russie, la Grande Bretagne, la France, l’Allemagne et l’Espagne.

Elle n’est sans doute pas de lauriers, mais bel et bien de rotin, la couronne que les vanniers de Phu Vinh se sont tressée au fil des âges : peu importe, elle est effectivement synonyme de « fortune » et de « gloire »…    

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