Le papier de bambou des Dao

(VOVWORLD) - Direction Bac Quang, un district rattaché à la province septentrionale de Hà Giang, où les Dao font du papier de bambou. Ce papier d’aspect jaunâtre a la vertu d’être résistant, absorbant et solide. Il sert de support à des écritures en idéogrammes, mais aussi à fabriquer de l’argent, des objets votifs, et même à décorer l’autel des ancêtres.
Le papier de bambou des Dao - ảnh 1 Photo danviet.vn

Le village de Thanh Son compte une bonne centaine de foyers, tous des Dao, et la grande majorité d’entre eux fabrique du papier de bambou. Aux dires des plus âgés, il s’agit d’une tradition qui remonte à 1925. C’est un certain Triêu Dun Phin qui, après avoir appris le métier, l’aurait transmis aux membres de sa famille. Le secret aurait ensuite été partagé avec les autres villageois. La matière première vient du tronc de l’indosasa, qui est une variété de bambou, et d’une liane qui sert de liant. Les villageois fabriquent ce papier toute l’année durant, mais surtout durant l’intersaison agricole, comme nous l’explique Ly Thi Hông, qui exerce ce métier depuis plus de 30 ans.

«Nous récoltons de jeunes troncs d’indosasa que nous trempons dans de l’eau de chaux pendant un à deux mois», précise-t-elle. «Ensuite, nous lavons ces troncs avant de les retremper pendant encore plus d’un mois. Les étapes suivantes consistent à les écraser en poudre, à diluer la poudre dans l’eau et à faire sécher la solution dans un moule.»

Toutes ces étapes exigent une très grande minutie, poursuit Ly Thi Hông.

«Chaque jour, nous devons aller au bassin où sont trempés les troncs pour vérifier si le niveau d’eau est suffisant. Le bambou doit en effet être complètement submergé», explique-t-elle. «Autrefois après le trempage, il fallait écraser le bambou avec les pieds. Avec cette méthode, une matinée entière était nécessaire pour obtenir la matière première suffisante à une journée de fabrication. Maintenant, la machine à broyer nous facilite la vie!».

Mais la machine à broyer est l’unique machine utilisée dans la fabrication du papier de bambou. Toutes les autres étapes restent entièrement artisanales, fait remarquer Lo Thi Viên, une autre villageoise.

«Chaque jour, nous fabriquons cinq blocs de papier contenant chacun 80 cahiers de cinq feuilles», indique-t-elle. «Nous tenons absolument à préserver ce métier et à le transmettre aux générations futures pour qu’elles aient du bon papier à utiliser à l’occasion des fêtes traditionnelles.»

Chaque famille de Thanh Son fabrique en moyenne 150 blocs de papier par an, qu’elle vend entre 180.000 et 250.000 dôngs l’unité. C’est un revenu considérable pendant l’intersaison agricole, qui encourage les villageois à perpétuer la tradition.

«Nous sommes fiers de ce métier ancestral et sommes déterminés à le préserver et à le valoriser», nous dit Lo Duc Triu, le chef du village. «Nous allons construire une salle d’exposition pour mettre en valeur les outils anciens. Ce qui nous réconforte le plus, c’est que les aînés continuent d’apprendre le métier aux enfants et que la plupart des villageois savent fabriquer le papier depuis leur plus jeune âge.»

L’année dernière, l’Association des agriculteurs du district de Bac Quang a offert quatre machines à broyer à quatre familles de Thanh Son. La province de Hà Giang a quant à elle officiellement reconnu Thanh Son comme étant un village d’artisanat traditionnel, en en faisant un site de tourisme à la fois communautaire, écologique et culturel.

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