Les arbalètes magiques de Co Tu

(VOVworld) – En langue Co Tu, les arbalètes en bois sont appelés Pa’nanh, c’est-à-dire « arbalètes magiques ». C’est le hameau de Bhờ Hôồng, district de Dong Giang, province de Quang Nam, qui abrite les meilleurs tireurs et c’est là que l’on conserve toujours les secrets de la fabrication des arbalètes.


Depuis des générations, les arbalètes sont indispensables pour les Co Tu. Sans elles, ils ne pouvaient pas sillonner les montagnes et les forêts pour chasser les animaux. Au cours des résistances anti-française et anti-américaine, ces arbalètes devenaient les moyens les plus efficaces pour défendre leur terre. « Nos prédécesseurs l’utilisaient pour chasser les sangliers et les ennemis, nous dit Bhriu But, un villageois. A une distance d’environ 20-25 mètres, aucun bruit ne se produit lorsqu’on tire l’arbalète, du coup, l'ennemi ne peut pas détecter où se cache le tireur. Lorsqu'une flèche est imprégnée de poison, la blessure est mortelle. C'est pourquoi notre arbalète se distingue des autres. Maintenant, la chasse est interdite, mais on les utilise quand même, lors des compétitions de tir. »


Les arbalètes magiques de Co Tu - ảnh 1
Bhriu Bê et son arbalète

 

Les flèches sont confectionnées à base de bambou à long entre-noeud. On les imprègne du poison fait de la résine d'un quelconque arbre sauvage, qui se trouve uniquement dans les hautes montagnes de l'ouest de la province de Quang Nam. La confection des arbalètes est quant à elle tout un art. Bhriu Bê raconte : « Les secrets de fabrication sont transmis de génération en génération. C'est difficile ! D'abord, il faut chercher des arbres dans la forêt lointaine. Ça prend normalement 2 ou 3 jours. Ensuite, les arbres sélectionnés doivent être chauffés sur le feu, décortiqués, séchés et façonnés. Très peu de gens savent comment la fabriquer mais beaucoup d’autres savent comment tirer. »


Aujourd'hui, les tireurs issus du hameau de Bhờ Hôồng aiment montrer leurs compétences via des compétitions de tir à l’arbalète, célébrées aux niveaux local et national. Bhriu Thien, par exemple, a remporté 10 fois le championnat de sa province. Bhriu But, un tireur célèbre de Quang Nam, affirme qu'il faut s’entraîner régulièrement pour perfectionner sa technique. « Je me suis lancé dans les compétitions il y a 10 ans, dit-il. Mon amour pour l’arbalète est inspiré par mon père. Il m’a initié aux premières techniques. Le tir à l'arbalète est plus difficile que celui avec des armes à feu, parce que ces dernières sont dotées de viseurs, tandis que les arbalètes, non. »


Les arbalètes magiques de Co Tu - ảnh 2
Les arbalètes peuvent être aussi un accessoire pour la danse traditionnelle des Co Tu

 

Bhriu But et Bhriu Bê pratiquent quotidiennement dans les terrains loin du village pour des raisons de sécurité. Ils se préparent pour une nouvelle compétition qui se tiendra très prochainement. Bhriu Bê nous confie : « Nous pratiquons l'après-midi, à 4-5h, quand il fait plus frais. L’arbalète ne peut pas résister face à la chaleur. Elle se rompt quand il fait trop chaud, dans tous les cas. »


Autrefois, l'arbalète était un moyen de défendre le village. La tradition se poursuit aujourd'hui chez les Co Tu sous les traits d’un sport original./.

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