Les forgerons Nùng An de Cao Bang

(VOVWORLD) - Direction Phuc Sen, une commune montagneuse de la province septentrionale de Cao Bang, où ont élu domicile 2000 membres de l’ethnie Nùng. Pour aujourd’hui, c’est aux Nùng An que nous nous intéressons, les Nùng An qui, en plus d’être un sous-groupe des Nùng, ont la particularité d’être d’excellents forgerons.   
Les forgerons Nùng An de Cao Bang - ảnh 1 Photo nhandan.com.vn
Située à 30km à l’est de la ville de Cao Bang, Phuc Sen vit au son des marteaux et à la lumière du feu des forges, et ce depuis plus de deux cents ans. 

Les villageois fabriquent des outils agricoles et des outils de vie quotidienne qu’ils vendent un peu partout dans le Nord du pays et sur les Hauts plateaux du Centre. Leurs produits les plus prisés sont les couteaux et les ciseaux. Nous avons rencontré Luong Van Cuong qui pratique ce métier traditionnel avec ses deux frères.

«On travaille par équipe de deux, ce qui est absolument nécessaire pour forger un couteau», nous explique-t-il. «On allume deux fourneaux à la fois. En trois heures, on arrive à produire quatre couteaux et plusieurs ustensiles agricoles».

Les couteaux de Phuc Sen sont d’un tranchant à faire pâlir un armurier de Tolède… Le secret réside dans l’acier utilisé, qui provient de ressorts de suspension de voitures d’occasion! Comme quoi!... On ne vantera jamais assez les vertus du recyclage… Les 4x4 Uaz de l’ex-Union soviétique sont les plus appropriées, nous assure Luong Van Cuong. Après avoir été coupé selon des mesures bien précises, l’acier est chauffé au rouge et minutieusement trempé avant d’être frappé sur une enclume. L’eau dans laquelle l’acier est trempé joue un rôle crucial. C’est de l’eau de chaux dans laquelle on met de la cendre de bois. Mais attention, pas de n’importe quel bois! Il s’agit de grands bois réputés pour leur solidité, dont la cendre est donc mise dans de l’eau de chaux, toute une nuit durant. 

Mais même si ce procédé de fabrication peut être transmis de génération en génération, la qualité du produit dépend surtout de l’expérience du forgeron, de sa bonne santé, de ses oreilles affûtées et de ses yeux aiguisés, comme nous l’affirme Ngoc Van Kim, un maître forgeron du village.

«L’acier doit être trempé jusqu’à ce qu’il devienne suffisamment rouge. J’insiste sur le mot ‘suffisamment’, car trop… c’est trop! Et il n’y a pas de durée exacte pour la trempe, on ne peut que faire confiance à ses yeux et à son savoir-faire», nous dit-il.

Le métier de forgeron est pratiqué dans six des dix villages de Phuc Sen, avec 157 fourneaux et 300 forgerons, lesquels gagnent en moyenne 5 millions de dôngs par mois par personne. Les touristes sont de plus en plus nombreux à s’intéresser à cette commune, et ils apportent aux habitants des revenus supplémentaires.

Mais la consécration est arrivée le 29 janvier 2019, date à laquelle le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme a classé le métier de forgeron des Nùng An de Phuc Sen au patrimoine culturel immatériel national.

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