Les Tày de Hà Giang habitent au pied de collines où circulent des ruisseaux aux eaux limpides. Si les petits villages ne comptent qu’une vingtaine de ménages, les grands peuvent abriter jusqu’à plusieurs centaines de logis. Question habitat, ils vivent dans des maisons sur pilotis faites de bois précieux. Chacune compte deux ou quatre toits couverts de tuiles, de paille ou de feuilles de palmiers. Les parois sont constituées de bois ou de bambou tressé.

Agriculteurs de père en fils, les Tày cultivent du riz, des légumes et des arbres fruitiers. Ils élèvent des animaux qu’ils laissent, la plupart du temps, en liberté. Ce sont par ailleurs d’excellents artisans. Ils tissent des brocatelles, fabriquent des outils agricoles, des produits en bois et en céramique. Ils s’habillent simplement, conformément à leur nature pacifique et sobre. Leurs habits sont de couleur bleue indigo, comprenant un vêtement court dedans et un autre, plus long dehors. Il n’existe pratiquement pas de motifs brodés.

A l’inverse de cette pratique vestimentaire simpliste, les Tày disposent d’un riche patrimoine littéraire et musical. Leur instrument de musique fétiche est le tinh, une sorte de luth à deux cordes qui représente pour eux le moyen idéal de communiquer avec les divinités.

Les Tày ont aussi une multitude de fêtes qui traduisent leurs croyances et leur identité culturelle, comme l’explique Nguyên Van Nam, un chercheur en culture folklorique de la province de Hà Giang.

«Au printemps, les Tày organisent la fête Lông Tông», nous dit-il. «Tout le monde, jeunes et vieux, arbore ses plus beaux habits lors de cette fête agricole qui vise à s’attirer un climat clément et de bonnes récoltes».

Dans la commune de Phuong Dô, à 6km du centre de la ville de Hà Giang, il existe deux villages Tày dont les habitants ont pu s’enrichir grâce à… leur identité culturelle. Tha et Ha Thành abritent deux cents jolies maisons sur pilotis qui se mirent dans les eaux du ruisseau Tiên. Ce paysage pittoresque et paisible attire de nombreux touristes, d’autant plus que dans ces villages, identité culturelle rime avec… confort. Les touristes logent chez l’habitant où ils peuvent apprendre à cuisiner Tày, écouter le maître de céans chanter et jouer du tinh traditionnel… tout en restant connectés à internet. En effet, il y a du wifi dans ces bâtisses traditionnelles qui donnent sur des collines de palmiers ou des rizières verdoyantes. Comme quoi, avec un peu d’imagination, tradition n’empêche pas développement, bien au contraire !