Quand les Kho Mu se déclarent leur amour

(VOVWORLD) - Les Kho Mu sont une minorité ethnique qui a élu domicile depuis bien longtemps dans la province septentrionale de Diên Biên. S’ils n’ont pas d’écriture propre, les Kho Mu disposent d’un patrimoine culturel original qu’ils préservent jalousement, de génération en génération. C’est à leurs «traditions amoureuses» que nous intéressons aujourd’hui. Quand un Kho Mu décide de déclarer sa flamme à l’élue de son cœur, il va frapper chez elle, non pas à la porte, mais en-dessous de sa maison sur pilotis, et l’éveiller en jouant de la guimbarde.
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La guimbarde des Kho Mu est composée d’une armature de bambou séché et d’une languette en cuivre. On la met à la bouche, le doigt actionnant légèrement la languette en cuivre, laquelle donne un son grave et résonnant qui forme avec le claquement du bambou une jolie mélopée vibrante. Les Kho Mu n’utilisent pas cet instrument à des fins spirituelles. Les hommes en jouent à l’occasion des fêtes, ou lorsqu’ils veulent déclarer leur amour. Le soir tombant, l’amoureux se rend ainsi chez l’élue de son cœur pour lui jouer un morceau de guimbarde. Sa musique est comme une murmure que seul un cœur amoureux peut entendre, nous dit Lo Van An, un membre de cette ethnie.

«Lorsqu’un garçon sort le soir et qu’il souhaite voir l’élue de son cœur, il apporte une guimbarde. Arrivé en bas de chez elle, il en joue pour l’éveiller. Si elle veut le voir, elle lui ouvrira sa porte», explique-t-il.

C’est avec sa guimbarde que le Kho Mu exprime son amour, sa nostalgie, ses attentes. Il arrive qu’une Kho Mu attire plusieurs garçons et qu’ils viennent tous jouer de la guimbarde chez elle. Mais peu importe, elle n’ouvre sa porte qu’après avoir entendu la musique du garçon qui lui plaît, reconnaissable entre mille, affirme Lo Van An.

L’autre élément essentiel de la vie amoureuse des Kho Mu est la pratique qui consiste, pour le garçon, à frapper en-dessous de la maison sur pilotis de la fille. Selon Quang Van Ca, Kho Mu lui aussi, il suffit aux membres de son ethnie d’un seul regard échangé dans les champs pour tomber amoureux. Les deux tourtereaux cherchent alors à travailler l’un à côté de l’autre et le garçon aide la fille dans les travaux les plus pénibles. Le soir, ils se donnent rendez-vous chez elle. Il frappe avec son poignet le dessous de sa maison sur pilotis, précise Quang Van Ca.

 «Si la fille accepte de le voir, elle lui ouvrira sa porte, le fera monter et les deux se mettent à discuter à côté du foyer. Ils se prennent la main et se disent des mots affectueux. Pas question de dépasser les limites morales traditionnelles», avertit-il. «Les parents de la fille les surveillent discrètement depuis leur chambre. Si le garçon leur plaît, ils les laisseront discuter. Sinon, ils se réveilleront et attiseront le feu, et le garçon comprendra qu’il est temps de partir». 

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Au bout de trois ou quatre rendez-vous nocturnes de la sorte, si le couple décide de se marier, le garçon viendra régulièrement aider la famille de la fille dans les travaux champêtres. Ses efforts seront récompensés par les parents de la fille qui l’inviteront à manger. Il saisira cette occasion pour leur dire ceci: «Je ne suis pas venu pour devenir votre employé, mais pour vous aider, puisque je souhaite devenir membre de notre famille». 

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