Pour les Hanoïens, le «côm», le jeune riz gluant, est le met automnal par excellence. Il faut dire que l’automne est la saison où les grains de riz commencent tout juste à mûrir, et que la douceur qui s’installe se prête particulièrement bien à ce type de dégustation.  Contrairement à Thach Lam qui disait du «côm» que c’est un cadeau de la nature, Lê Minh Hà choisit de faire l’éloge du «cốm cháy», c'est-à-dire de la version gratinée du «côm», que les connaisseurs ne peuvent savourer qu’avec un peu de «chè cám», le «chè cám» ayant été une boisson populaire… Et le reste est à l’avenant, car pour Lê Minh Hà, Hanoï, c’est avant tout une histoire de saveur, et si souvenirs il y a, ces souvenirs sont imprimés dans le palais.     

«J’ai vécu loin de Hanoi pendant 20 ans. C’est pour cette raison que j’ai choisi de raconter 20 histoires. Ce sont des souvenirs du Hanoï de ma jeunesse», nous dit-elle.    

Dans son livre, Hanoï apparaît comme une ville débordante d’énergie à l’heure de la mondialisation, une ville tiraillée entre histoire et dynamisme. On y trouve des marchands de rue qui tentent de se frayer un passage au beau milieu des scooters et des innombrables petites gargotes qui envahissent les trottoirs. Et pour le fond sonore, ce sont des klaxons assourdissants…   

«Hanoi est à mon sens la ville parfaite pour découvrir la richesse culinaire que nous offre le pays», nous explique-t-elle. «La plupart des hanoïens ont pour habitude de manger dans des gargotes, assis sur des petits tabourets en plastique à même le trottoir. Ces petits restaurants de rue ne peuvent accueillir que quelques personnes, et proposent des plats uniques préparés sous vos yeux. Mes plats favoris? Le Bun Cha, Les Banh mi… Mais il y a aussi un endroit que je veux absolument mentionner, c’est ce petit café de la rue Hang Gai où je vais boire du ‘café trung’…»   

 En racontant ses souvenirs d’enfance, Lê Minh Hà évoque souvent le vieux quartier de Hanoï, connu sous le nom des «trente-six rues de corporations», qui fait la fierté de la capitale.

«Le vieux quartier est considéré comme l’âme de la ville», nous confie-t-elle. «Dans le passé, il se composait de rues nommées en fonction de l’artisanat qui s’y exerçait. Il y avait la rue du sucre, la rue de la soie, la rue du fer, la rue du coton… De nos jours, c’est l’endroit de la ville qui est le plus animé, le plus vivant, avec beaucoup d’activités commerciales Mais à l’époque de ma jeunesse, tout était très calme…»

«Tout était très calme»… Pour qui connaît Hanoï aujourd’hui, ça fait rêver!... Le livre de Lê Minh Hà est édité par la maison Kim Dông, et il ne coûte que 55.000 dôngs... À ce prix-là, rien de tel qu’une petite balade nostalgique…