Conjuguer les efforts pour remédier aux séquelles de l’agent orange au Vietnam

(VOVWORLD) - 58 ans après le premier épandage de l’agent orange par les Américains durant la guerre, de nombreux Vietnamiens continuent d’en subir les séquelles. Les mesures prises par le gouvernement et la société civile ont permis de décontaminer plusieurs régions et d’apporter un large soutien aux victimes.
Conjuguer les efforts pour remédier aux séquelles de l’agent orange au Vietnam - ảnh 1 Photo d'illustration

Entre 1961 et 1971, l’armée américaine a déversé, sur un quart du territoire du Sud-Vietnam, 80 millions de tonnes de défoliants. 61 % de ces déversements étaient de l’agent orange qui contient une des dioxines les plus dangereuses conçues par l’Homme. Ces substances hautement toxiques affectent l’environnement et les populations sur plusieurs générations.

Traitement des «points chauds»

Dans les lieux qui abritaient autrefois les entrepôts de l’armée américaine, la concentration de dioxine est des milliers de fois supérieures aux normes acceptables. Les aéroports de Biên Hoa, de Dà Nang et de Phù Cat sont les zones les plus contaminées.

Ces dernières années, le gouvernement vietnamien a mis en place des plans d’action nationaux afin de remédier aux conséquences des épandages américains. De nombreux travaux de recherche ont été menés dans le but de trouver les meilleures techniques pour décontaminer les zones touchées.

En 2015, avec l’aide financière du Fonds global pour l’Environnement (GEF), un lieu d’enfouissement et de traitement de l’agent orange a été construit à l’aéroport de Phù Cat, dans la province de Binh Dinh (Centre). Cette première opération a permis de décontaminer plus de 7.500 mètres cubes de sols contaminés et de sortir l’aéroport de Phù Cat de la liste des «points chauds» de l’agent orange au Vietnam. En août 2012, l’Agence des États-Unis pour le développement (USAID) en collaboration avec le ministère vietnamien de la Défense, a lancé le nettoyage de l’aéroport de Dà Nang, un autre «point chaud» de l’agent orange au Vietnam. Cette opération, d’un coût de 110 millions de dollars, a duré six ans et s’est achevée en novembre 2018. Elle a permis de réhabiliter 13,7 hectares de sols. Depuis avril dernier, c’est au tour de l’aéroport de Biên Hoa d’être traité, c’est aussi la zone la plus touchée par ce défoliant avec plus de 52 hectares, 500.000 mètres cubes de sols et de sédiments contaminés. Ce projet d’un financement de plus de 390 millions de dollars s’étalera sur 10 ans.

S’agissant des objectifs de ces campagnes de décontamination, le vice-ministre de la Défense Nguyên Chi Vinh a précisé:

«Ces opérations permettent de remédier aux conséquences de l’agent orange sur l’environnement et sur la santé de la population vietnamienne. Elles permettent également, à travers des actions communes, le rapprochement entre les États-Unis et le Vietnam, qui furent ennemis dans le passé. Enfin, c’est une opportunité pour le Vietnam d’acquérir de nouvelles techniques qui l’aideront à dépolluer ses zones contaminées plus rapidement et pour un coût moins élevé».

Une mobilisation de tous les acteurs

Sur 4,8 millions de personnes exposées à la dioxine, 3 millions sont considérés comme victimes. La dioxine atteint aujourd’hui la quatrième génération de Vietnamiens. Beaucoup d’entre eux souffrent de malformations congénitales et de cancers.

Ainsi, parallèlement aux actions menées pour décontaminer l’environnement, le gouvernement vietnamien mobilise sans relâche toutes les ressources disponibles pour mieux prendre en charge et soutenir les victimes. Celles-ci bénéficient de l’assurance maladie, de consultations médicales gratuites, de services de rééducations fonctionnelles et de détoxication par le sauna. Le général Nguyên Van Rinh, président de l’Association des victimes de l’agent orange du Vietnam, explique:

«Nous avons créé jusqu’à présent cinq centres de détoxication de la dioxine par le sauna. De nombreuses victimes y ont été traitées et ont reconnu que leur santé s’améliorait».

L’Association des victimes de l’agent orange du Vietnam a par ailleurs collecté des fonds pour financer la formation professionnelle en faveur des victimes et améliorer leurs conditions de vie. Dô Thi Nhai, mère d’une victime du district de Thach Thât, en banlieue de Hanoi:

«Nous sommes très touchés de recevoir le soutiens et l’accompagnement du Parti et de l’État. Cela nous encourage énormément».

La mobilisation de tous les acteurs est d’autant plus nécessaire que le Vietnam souhaite éliminer d’ici 2020, la majeure partie de ce composant chimique de l’écosystème du pays.

Sur le même sujet

Commentaires

Autres