La nouvelle feuille de route mondiale pour la réduction des émissions
Contrairement au Sommet sur le climat de Belém, principalement axé sur les messages politiques et diplomatiques des dirigeants, la COP30 entre directement dans le vif du sujet, en abordant les actions concrètes que les pays doivent entreprendre pour lutter contre le changement climatique.
À l’approche de la conférence, les principaux enjeux demeurent familiers: accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre, accroître le financement climatique destiné aux pays en développement et élaborer une feuille de route claire pour l’abandon progressif des combustibles fossiles.
La question centrale est de savoir quel thème deviendra la priorité des négociations à venir.
Lors des deux précédentes conférences, la COP28 à Dubaï et la COP29 à Bakou, les débats ont été largement dominés par les questions de financement et de sortie des énergies fossiles.
Mais à la COP30, la réduction des émissions revient au premier plan alors que le monde dresse le bilan de dix années de mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat de 2015.
Cette année marque également l’échéance pour les pays de soumettre leurs Contributions déterminées au niveau national (CDN), précisant leurs engagements concrets en matière d’action climatique.
Lors de la séance d’ouverture, Simon Stiell, secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, a averti que les engagements actuels des pays restaient loin du compte pour freiner la hausse des émissions mondiales.
À ce jour, 113 pays ont déposé de nouvelles CDN couvrant près de 70% des émissions mondiales, mais la réduction prévue, d’environ 12% d’ici 2035, demeure insuffisante pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C, l’objectif phare de l’Accord de Paris.
L’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) a appelé à des efforts accrus. Sa porte-parole, Ilana Seid, ambassadrice de Palaos à l’ONU, a plaidé pour une feuille de route mondiale claire, définissant précisément les réductions supplémentaires que chaque pays devra consentir.
Elle a rappelé que les États insulaires, pourtant parmi les plus faibles émetteurs, sont les premiers à subir les conséquences du réchauffement.
Partageant cet avis, Johan Rockström, directeur de l’Institut de Potsdam sur les impacts du climat (Allemagne), a jugé le rythme actuel de réduction des émissions bien trop lent, notant même un recul dans certains grands pays émetteurs, tandis que les effets du changement climatique s’intensifient au-delà des prévisions scientifiques.
“Depuis la signature de l’Accord de Paris en 2015, les scientifiques et les dirigeants politiques ont reconnu qu’il fallait inverser la tendance des émissions mondiales au plus tard en 2020 et réduire de moitié les émissions d’ici 2030. C’est là la feuille de route décisive et claire pour atteindre l’objectif de zéro émission nette à l’échelle mondiale d’ici 2050. Pourtant, les cinq premières années de cette décennie se sont écoulées, et les émissions continuent d’augmenter”, déplore-t-il.
Les engagements des pays développés
André Corrêa do Lago, président de la COP30. Photo: REUTERS/Adriano Machado |
Un premier signe positif de la COP30 est l’adoption rapide de l’agenda avant la séance plénière d’ouverture — une rareté dans les conférences climatiques récentes. Pour André Corrêa do Lago, président de la COP30 et ancien ambassadeur du Brésil en Inde et au Japon, ce consensus précoce constitue un test politique majeur, qui fixe le ton de la coopération sur les sujets clés et permet aux délégations de commencer à travailler efficacement dès le premier jour. Pourtant, des signes inquiétants apparaissent: certains pays développés semblent se désengager, illustré par l’absence de délégations des États-Unis et de plusieurs autres pays.
Le président brésilien Lula da Silva a dénoncé le paradoxe des grandes puissances qui augmentent leurs dépenses militaires jusqu’à 2.400 milliards de dollars cette année, tout en retardant leurs engagements climatiques. Malgré ces difficultés, le multilatéralisme reste la seule voie pour affronter la crise climatique, et la COP30 représente une occasion pour le Sud global — pays en développement, dont la Chine — de jouer un rôle de plus en plus central dans la gouvernance mondiale du climat, a souligné André Corrêa do Lago.
Selon les observateurs, la voix des pays en développement gagne en influence, mais la coopération mondiale demeure essentielle, les pays développés conservant un rôle clé en matière de financement climatique et de technologies vertes. À court terme, l’absence d’engagements forts des pays développés menace l’un des objectifs majeurs de la COP30: tripler le financement climatique mondial, de 300 milliards de dollars par an à 1.300 milliards d’ici 2035, conformément à la feuille de route adoptée lors de la COP29 à Bakou. De même, la mise en place de nouveaux mécanismes de gouvernance — comme la proposition du Brésil de créer un Conseil climatique rattaché à l’ONU, capable de superviser et de sanctionner les pays en défaut — reste improbable sans le soutien des pays développés. Ainsi, les deux semaines de négociations à Belém s’annoncent ardues, malgré un démarrage d’agenda prometteur.