Crise politique en Egypte: impasse totale

(VOVworld)- La crise politique en Egypte a atteint son summum. Ce mercredi 14 août est devenu la journée la plus sanglante dans ce pays d’Afrique du nord-est, avec 525 morts et des milliers de blessés. Les efforts de réconciliation internationale ayant échoué, les menaces d’activités contre les pro-Morsi, l’ancien président égyptien déchu, ont été concrétisées. L’opinion mondiale n’est guère optimiste quant à une issue possible permettant à l’Egypte de sortir de cette crise politique.

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La police arrête un partisan du président égyptien déchu Mohamed Morsi au Caire 13 Août 2013. Photo: REUTERS / Mohamed Abd El Ghany

Le gouvernement égyptien a dû décréter mercredi l’état d’urgence pour un mois, face à la montée de violences à travers le pays suite à la répression par les forces de l’ordre contre les manifestants pro-Morsi. Le communiqué du bureau présidentiel précise que l’état d’urgence est décrété alors que la sécurité et l’ordre national font face au danger provoqué par la destruction calculée par les groupes extrêmistes. Le président par intérim, Adly Mansour, a, lui aussi, déclaré avoir confié la tâche aux forces armées qui devront se coordonner avec les forces de police, pour appliquer toute mesure nécessaire en vue de maintenir la sécurité et l’ordre social, de protéger les biens publics et privés et de garantir la vie de la population. Cependant, en réalité, le nombre de civils morts lors des affrontements a dépassé 200 personnes, sans compter les milliers de blessés. Le Nobel de la Paix et vice-président égyptien, Mohamed El Baradei, a annoncé sa démission du gouvernement. "Il m'est devenu difficile de continuer à assumer la responsabilité de décisions avec lesquelles je ne suis pas en accord et dont je redoute les conséquences", a-t-il écrit dans sa lettre au président Adli Mansour.

Les réactions se sont multipliées, de l'inquiétude à la condamnation, face à l’assaut sanglant lancé mercredi par les forces de sécurité égyptiennes contre les partisans du président destitué Mohamed Morsi. La Maison Blanche a condamné "avec force" le recours à la violence. Le secrétaire d'État américain John Kerry a appelé l'armée à organiser des élections, estimant que ce bain de sang était "lamentable". L’Union européenne a exprimé sa profonde inquiétude et appelé ce pays d’Afrique du Nord-Est de faire preuve de retenue. La Turquie a dénoncé le "massacre" et exhorté la communauté internationale à agir. La France a appelé à "l'arrêt immédiat de la répression" et a saisi l'ONU. Le ministère iranien des Affaires étrangères a, pour sa part, également condamné ce "massacre", dans un communiqué publié mercredi par l'agence d’informations Fars. Des dizaines de Jordaniens ont manifesté devant l’ambassade d’Egypte à Amman pour protester contre cette répression sanglante. Le Qatar, principal soutien des Frères musulmans, a dénoncé avec force l'intervention de la police égyptienne contre les partisans du président islamiste déchu. Dès l'éviction de M. Morsi, ce pays n'a cessé d'affirmer sa solidarité avec le camp de l'ancien président.

Il n’y a pas de doute que la crise politique en Egypte se trouve dans l’impasse totale. Les Egyptiens ont réalisé douloureusement que le renversement d’un régime de dictature est beaucoup plus facile que le remplacement de ce régime par un autre. Plus de deux ans après la chute du gouvernement de Hosni Moubarak, l’Egypte n’a toujours pas pu établir un système politique réel, à cause de la polarisation et du manque de volonté de compromis pour les intérêts communs. Il s’agit là des causes entravant la réforme menée dans ce pays d’Afrique du Nord-Est. Depuis le renversement du président Hosni Moubarak, la société égyptienne est plus que jamais divisée. Les Frères musulmans ont remporté les élections et sont ainsi arrivés au pouvoir. Ils n’ont pourtant pas pu convaincre des millions d’Egyptiens, qui font face à l’augmentation du chômage et de la pauvreté, de croire en leur politique intégrale. Quant à l’armée, avant la chute de Mohamed Morsi, qui était considérée comme le seul arbitre politique en Egypte, elle entame actuellement des pas dangereux en réprimant les manifestants pro-Morsi. Le plus grand danger pour l’Egypte à l’heure actuelle, c’est que toutes les parties concernées restent sur leurs fermes positions, ce qui aggraverait le désaccord entre les factions politiques. L’armée est résolue à ne faire aucune concession, en déclarant augmenter la pression sur les manifestants. De son côté, la confrérie musulmane affirme continuer les manifestations jusqu’à la démission du gouvernement soutenu par l’armée et le retour au pouvoir du président civil Mohamed Morsi. Pendant ce temps, le rôle de réconciliation du bloc arabe et de la communauté internationale est une tâche difficile, face à la division et au contexte présents.

La situation actuelle ne laisse aucune lueur d’espoir aux Egyptiens quant à une issue possible de la crise politique. Il est certain que les manifestants continueront à descendre dans la rue, et que des jours encore plus sanglants sont à venir. Il est par ailleurs difficile de trouver une solution provisoire au conflit actuel dans le pays le plus peuplé du monde arabe. La dissension entre les factions politiques amène le pays des Pyramides dans un tourbillon de violence et désoriente ainsi la réforme menée dans le pays./.

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