Le monde face au spectre d’un défaut de paiement des États-Unis

(VOVWORLD) - La réunion prévue ce vendredi 12 mai à Washington entre le président américain Joe Biden et les représentants des partis démocrate et républicain à la Chambre des représentants et au Sénat, a été repoussée au début de la semaine prochaine.

Cette réunion, consacrée à la dette publique des États-Unis, est à considérer comme la dernière chance, pour la première puisance mondiale, d’éviter de se trouver en situation de défaut de paiement, ce qui aurait de très graves répercussions sur l’économie mondiale.

Une confrontation tendue

Le monde face au spectre d’un défaut de paiement des États-Unis - ảnh 1Photo d'illustration: Forbes

Mi-janvier, la dette des États-Unis a atteint le plafond autorisé, qui s’élève actuellement à 31.400 milliards de dollars. Le Trésor américain a dû prendre des mesures d’exception pour pouvoir continuer à faire avancer la machine gouvernementale, mais si aucun accord n’est trouvé entre républicains et démocrates sur le plafond de la dette, le pays risque de se retrouver en situation de défaut de pauement dès le 1er juin.   

Le plafond de la dette correspond au montant maximal que le gouvernement américain est autorisé à emprunter pour s’acquitter de ses obligations courantes, notamment pour tout ce qui touche à la sécurité sociale ou à la défense nationale… Si et lorsque la dette publique américaine atteint ce plafond, celui-ci peut alors être relevé grâce à un vote des deux chambres du Congrès.  

Cette année, le Congrès américain est de nouveau confronté à cette nécessité de relever le plafond de la dette. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que les États-Unis se retrouvent dans une telle situation. Cette procédure de relèvement du plafond de la dette a déjà été enclenchée à 78 reprises en un peu plus de six décennies, sans que cela ne suscite de débats passionnés dans l’enceinte du Congrès.

Les choses ont néanmoins évolué au cours de ces dernières années, républicains et démocrates utilisant cette question du plafond de la dette comme une arme dans le combat politique de plus en plus âpre qui les oppose.   

Les républicains, qui ont actuellement la majorité à la Chambre des représentants, ont voté, le 26 avril, un projet de loi qui relève le plafond de la dette américaine mais exige, en contrepartie, des coupes budgétaires drastiques et le détricotage de mesures énergétiques et environnementales. Très concrètement, ce projet prévoit une baisse de 4.500 milliards de dollars des dépenses fédérales sur les dix prochaines années en échange d'une hausse de 1.500 milliards du plafond de la dette publique. Mais le texte ne devrait vraisemblablement pas être voté par le Sénat, contrôlé majoritairement par les démocrates. Il faut dire qu’il prévoit notament de mettre fin au programme d’allègement de la dette étudiante, d’imposer des exigences plus strictes pour l’accès à l’assistance médicale, ou encore de supprimer les facilités fiscales accordées aux utilisateurs d’energies dites propres: autant de mesures phares du président Joe Biden…     

Le monde face au spectre d’un défaut de paiement des États-Unis - ảnh 2Le président Joe Biden. Photo: Getty Images

Face au spectre d'un défaut historique de paiement dès le mois de juin, le président Joe Biden a rencontré le 9 mai les principaux dirigeants du Congrès tels que le président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, le chef de file des démocrates à la Chambre, Hakeem Jeffries, le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, et le chef de file de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell. Mais aucun accord n'a été trouvé. Le président et les démocrates ont appelé le Congrès à relever le plafond de la dette sans conditions. En réponse, le président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a déclaré que la Chambre ne passerait aucun accord si le gouvernement ne réduisait pas les dépenses.

Des repercussions sur l’économie mondiale….

Un défaut de paiement des États-Unis entraînerait un chaos financier et économique. Les conseillers économiques du président ont estimé que si la première puissance mondiale cessait durablement d'honorer ses échéances financières, elle pourrait perdre, dès cet été, plus de 8 millions d’emplois, et voir son produit intérieur brut plonger de 6%. Les marchés boursiers dévisseraient, eux, de 45% au troisième trimestre, ont également prédit ces conseillers, réunis au sein du «Council of economic advisors» de la Maison Blanche, qui ont aussi précisé que même en cas de défaut de paiement bref, l'économie américaine subirait une hausse du chômage et une récession, de moindre ampleur.

À l’échelle internationale, un défaut de paiement américain pourrait avoir des répercussions importantes sur le système financier mondial, qui est déjà fragilisé par la crise sanitaire et les impacts négatifs des récentes faillites bancaires. Étant donné que les États-Unis sont la plus grande économie du monde et que plus de la moitié des réserves mondiales de devises étrangères sont en dollar américain, cette fragilisation de l’économie américaine pourrait inciter les investisseurs à vendre des obligations du Trésor américain et affaiblir ainsi le dollar. Une baisse soudaine de la valeur de la monnaie américaine obligerait les pays moins avancés et en développement ayant une dette publique élevée à payer plus, les exposant ainsi au risque d’une crise de la dette.

Tout le monde a compris l’urgence de la situation. Les négociations sur le relèvement du plafond de la dette publique américaine demeurent la priorité numéro un du président américain à l’heure actuelle. Joe Biden a d’ailleurs indiqué qu'il pourrait annuler son voyage dans la ville japonaise d'Hiroshima pour le sommet du G7 si la question n'était pas résolue.

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