Migrants : un accord européen peu concret

(VOVWORLD) - A l’issue de leur sommet tenu la semaine dernière à Bruxelles, les 28 dirigeants de l’Union européenne ont trouvé un accord sur la question migratoire afin d’éviter une crise politique. Malgré cette première entente au sein de l’UE, il reste nécessaire de trouver au préalable un compromis avant que cet accord ne devienne réalisable. 
Migrants : un accord européen peu concret - ảnh 1Photo d'illustration

Depuis l’explosion de la crise migratoire, les défis auxquels l’Union européenne doit faire face se multiplient jour après jour. Les efforts déployés de part et d’autre ne se montrent guère efficaces, car l’Union est radicalement divisée au niveau des approches et des intérêts. Ainsi, l’accord de Bruxelles sur les migrations arrive à point nommé tandis que les 28 sont avides d’une solution adéquate, notamment les pays où affluent les migrants comme l’Italie ou Malte et qui portent un fardeau très lourd.

Un grand pas en avant

Cet accord prévoit la création de centres d’accueil sur le sol européen et sur la base du volontariat, à l’intention des survivants récupérés en mer. L’objectif est d’identifier le plus rapidement possible la nature des demandeurs d’asile parmi les migrants économiques. Il s’agit d’une avancée importante puisque la création des centres d’accueil était jusque-là toujours rejetée par plusieurs pays.

Les 28 sont unanimes à mettre en place une solution globale, dont une supervision plus efficace des frontières à l’extérieur de l’Union européenne afin de prévenir un éventuel flux incontrôlable, comme celui de 2015. Pour ce faire, des mesures dissuasives devront être prises. Par ailleurs, l’Italie et d’autres États méditerranéens ne seront plus seuls dans la lutte contre la traite humaine en provenance de Lybie ou d’autres pays. Les dirigeants européens veulent aussi installer des plateformes de désembarquement des migrants hors de l’Union européenne, probablement en Afrique du Nord.

Cet accord a été salué par les organes de l’ONU impliqués dans cette question. Ceux-ci préconisent des solutions susceptibles de protéger la vie des migrants. L’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) a pour sa part affirmé la nécessité d’un compromis de tous les pays européens en vue d’aider les pays situés en première ligne comme l’Italie. Elle a aussi confirmé l’importance de l’installation de centres de traitements migratoires sur le sol européen.

Encore et encore des différends à résoudre

Cependant, les dirigeants européens et les analystes doutent de l’efficacité du nouvel accord puisque pour l’heure, il n’apporte pas de réponses concrètes et opérationnelles.

Tout d’abord, on ignore toujours où seront installés les centres d’accueil hors-Union européenne et les centres fermés sur le sol européen. Autre problème, ces derniers seront construits sur la base du volontariat, excluant toute contrainte et toute responsabilité pour les pays ne souhaitant pas participer à ces actions. C’est la raison pour laquelle la France, l’Italie et l’Espagne refusent catégoriquement que ces centres soient installés sur leur territoire.

Ensuite, se pose toujours la question controversée de la gestion des « mouvements secondaires », c’est-à-dire les déplacements de migrants entre pays de l'UE avant toute décision du pays d’arrivée les concernant. Enfin, le point de discorde principal porte sur la modification, voire l’abolition de la règle selon laquelle le premier pays d’accueil doit assumer pleinement la responsabilité du migrant qui arrive sur son sol. Aucun terme n’est encore réellement fixé pour l’instant.

De nombreuses interrogations persistent après cet accord. D’un point de vue théorique, il semble partager plus équitablement les missions aux pays membres, mais en réalité, il demeure peu concret. Dans les jours à venir, les dirigeants européens se retrouveront avec un casse-tête pour se plier aux souhaits et exigences de chacun, aussi divers que contradictoires.

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