Coup de frein à la croissance vietnamienne

(VOVWORLD) - La croissance est à la peine au Vietnam. Le PIB n’a progressé que de 3,32 % au premier trimestre, selon les données publiées par l’Office général des statistiques. L’investissement direct étranger et l’import-export, deux principaux moteurs de la croissance, ont pour leur part diminué. L'objectif de croissance de 6,5 % représente donc un grand défi pour le pays en 2023.

Coup de frein à la croissance vietnamienne - ảnh 1Photo d'illustration

Le ralentissement de la croissance montre que l'économie nationale a durement été affectée par la récession mondiale. En effet, au premier trimester de 2023, le chiffre d'affaires à l’export n’a atteint qu’un peu plus de 79 milliards de dollars, soit une baisse de près de 12% en glissement annuel, celui à l'importation est estimé à plus de 75 milliards de dollars, soit un recul de 14,7% par rapport à l’an dernier. La croissance de l’industrie manufacturière a également chuté. D’autre part, le ralentissement du PIB reflète les lacunes inhérentes dans la gestion des flux de trésorerie, lesquelles lacunes affectent le marché obligataire, celui du bâtiment et celui de l’immobilier.

Coup de frein à la croissance vietnamienne - ảnh 2Nguyên Thi Huong, directrice générale de l’Office général des statistiques. Photo: VGP

De l’avis de Nguyên Thi Huong, directrice générale de l’Office général des statistiques, le Vietnam aura du mal à atteindre sa croissance prévue pour 2023.  

“Il sera extrêmement difficile d’atteindre une croissance de 6,5 % car pour y parvenir, le PIB devrait progresser d’au moins 7 à 7,5 % au cours des derniers trimestres de l'année. Or, l'économie mondiale est en récession, à cela s’ajoutent les intempéries, les catastrophes naturelles et les conflits armés survenus à travers le monde”, constate-t-elle.

Ceci étant, les économistes restent optimistes quant aux perspectives de l’économie nationale dans les temps à venir. D’après eux, bien que l'investissement direct étranger ait diminué, le Vietnam reste attractif pour les grands groupes étrangers, ceux européens a fortiori. Beaucoup d’entre eux ont laisé entendre leur intention de délocaliser leur production dans notre pays. En outre, le riz vietnamien continue de conquérir le marché mondial, contribuant ainsi à faire augmenter les exportations. L'économiste Lê Duy Binh précise:

“Dans un contexte économique mondial morose, certains points positifs ont néanmoins été identifés, à savoir: le secteur agricole, sylvicole et aquacole qui maintient toujours sa croissance, le tourisme qui se rétablit rapidement, les investissements publics qui continuent d’augmenter, sans oublier la progression des ventes au détail de biens et services de consommation, autre moteur de la croissance. Par ailleurs, malgré le déclin de l’industrie manufacturière, le taux d'emploi des plus de 15 ans s’accroît et le taux de chômage diminue, ce qui montre que l'économie informelle peut être un point d'appui pour celle formelle”.

Afin que le Vietnam puisse maintenir sa stabilité macroéconomique et atteindre une croissance élevée au cours des prochains trimestres, l'économiste Trân Quy, directeur de l'Institut pour le développement de l'économie numérique du Vietnam, propose:

“Le gouvernement devrait renforcer la gestion des prix pour éviter une flambée, réduisant ainsi la pression sur les consommateurs et les entreprises. Les entreprises doivent quant à elles améliorer leur compétitivité et la qualité de leurs produits et optimiser leur production. Mais pour cela, il faut renforcer la transformation numérique pour réduire les coûts de revient des produits. L'État doit également investir dans les infrastructures, l'éducation, la recherche et le développement ou encore la logistique. Il s’agit de solutions pour réduire l’inflation et promouvoir une croissance durable”.

Nguyên Van Thân, président de l'Association des petites et moyennes entreprises du Vietnam, recommande:

“Les politiques post-Covid permettant aux entreprises de bénéficier d’avantages fiscaux et d’un accès plus facile aux emprunts bancaires doivent être mises en œuvre plus efficacement afin de mieux accompagner les entreprises domestiques, en particulier les PME. Pour soutenir la relance du tourisme, il est essentiel d’étendre le champ d'application de l'exemption de visa. Et surtout, les banques doivent poursuivre la réduction des taux d’intérêt et la prolongation des délais de paiement en faveur de certains secteurs prioritaires. En bref, les aides accordées aux entreprises depuis la fin de 2022 doivent se poursuivre d’ici à la fin de 2023”. 

Il reste encore trois trimestres pour que le Vietnam mette en place les mesures nécessaires afin d’atteindre l’objectif de croissance prévue.

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