Les petites figurines colorées de Dang Dinh Lan

(VOVworld) - Cap sur le village de Xuan La - district de Phu Xuyen, à Hanoi, un village d’artisanat réputé pour ses to he, de petites figurines, mi jouets, mi statuettes décoratives. A l’instar de plusieurs autres villages d’artisanat traditionnels, Xuan La décline, victime d’une modernisation qui détourne les jeunes des métiers traditionnels. Tous les jeunes? Eh bien non! Certains, comme Dang Dinh Lan, que nous allons vous présenter tout de suite, s’évertuent à préserver l’artisanat de leur village d’origine, contre vents et marées.   

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Jeune artisan Dang Dinh Lan. Photo: Hanoikids

A seulement 27 ans, Dang Dinh Lan a déjà derrière lui une bonne vingtaine d’années d’expérience. Enfant unique, il a hérité de son père Dang Dinh Hon un solide savoir-faire, mais surtout un sacré coup de patte.

“Je me suis vite rendu compte qu’il avait du talent, nous raconte Dang Dinh Hon, non sans fierté. Je lui ai appris à sculpter avec la pâte qui restait après une journée de travail. Eh oui! C’est en forgeant que l’on devient forgeron... Maintenant ses sculptures sont aussi belles que les miennes. Alors évidemment, je l’encourage à persévérer dans cette voie. Avoir un talent inné, comme ca, c’est rare… Ne sculpte pas des to he qui veut!...”    

Une ou deux minutes suffisent à un artisan pour façonner un to he. Mais il ne faudrait pas pour autant s’imaginer que c’est un métier facile, loin de là. Il faut au préalable préparer les pâtes cuites multicolores - le matériau principal: moudre les grains, les faire cuire à la vapeur puis pétrir la pâte avant de la mélanger avec des pigments extraits de la nature… Une fois ces préparatifs achevés, l’artisan enfourche son scooter - son bureau mobile -, et part à la recherche des clients, qui hélas sont de moins en moins nombreux.

“C’est de la passion, dit Dang Dinh Lan. On me demande souvent pourquoi je n’essaie pas de faire autre chose, mais je n’ai qu’une passion dans la vie et c’est le to he. Et puis, vu l’expansion des jouets étrangers au Vietnam et en tant que membre d’une famille d’artisans, je me dois de préserver, de perpétuer ce métier, cet art traditionnel.”

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Dang Dinh Lan avec son père, artisan Dang Dinh Hon lors d'un atelier sur le "To he".
Photo: Hanoikids

Dang Dinh Lan intervient assez souvent dans des écoles maternelles et primaires de Hanoi, où il apprend gratuitement aux petits enfants à sculpter des to he: une façon, selon lui, de sensibiliser les plus jeunes aux valeurs de l’artisanat traditionnel.  Et ça marche d’autant plus et d’autant mieux qu’il sait se mettre à la portée de ses très jeunes apprentis en herbe: il suit avec assiduité tous les programmes télévisés pour les enfants, histoire de connaître leurs personnages préférés... lesquels se retrouvent ensuite transformés en to he, bien sûr.   

“Jadis on faisait surtout des to he avec les douze animaux du zodiaque chinois ou avec des fleurs, par exemple… Mais il faut que le to he rattrape les jeunes consommateurs. Je cherche  donc à faire des to he super héros! C’est ça que les enfants aiment en ce moment! Récemment j’ai aussi contacté des instituts de biotechnologie et d’industrie alimentaire: je veux trouver des materiaux sains pur mes to he.”

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Photo: toheviet.vn

Si son grand-père et son père devaient parcourir des dizaines de kilomètres sur leur vélo pour trouver un client, Dinh Lan peut aujourd’hui en trouver dans le monde entier avec l’outil-phare de sa génération: internet. Et c’est exactement ce dont le jeune artisan, titulaire par ailleurs d’un diplôme en relations publiques, a besoin pour faire la promotion du to he.     

“J’ai une vision prospective. Avec les connaissances acquises à l’université, j’ai fait avancer la communication à travers ma chaîne You tube, mon blog et ma page Facebook. Mon public cible, c’est les jeunes hanoiens qui s’intéressent à la culture traditionnelle, mais aussi les étrangers.”      

Armé de son savoir-faire traditionnel et de ses outils modernes, Dang Dinh Lan a tout pour réaliser son ambition de faire connaitre le to he au monde entier et partager ses rêves de petit garçon, lorsqu’il regardait avec émerveillement les mains de son père faire surgir de petites figurines colorées…  

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