L'agro-écologie: une nouvelle voie pour l'agriculture vietnamienne ?

(VOVWORLD) - Employé pour la première fois en 1928 par Basil Bensin, un agronome américain d’origine russe, pour décrire l'utilisation de méthodes écologiques appliquées à la recherche agronomique, le terme «agro-écologie» s’est progressivement imposé, d’abord en Europe, puis - mais c’est tout à fait récent - au Vietnam. Alors de quoi s'agit-il au juste? Quels bienfaits l'agriculture vietnamienne peut-elle en attendre?
L'agro-écologie: une nouvelle voie pour l'agriculture vietnamienne ? - ảnh 1Pascal Lienhard, agronome au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement(photo: Tue Van/RED Communication)

Tout d'abord, il faut savoir que l’agro-écologie est un ensemble de théories et de pratiques agricoles nourries ou inspirées par l'écologie, les sciences agronomiques et le monde agricole. C’est en tout cas ce qui ressort des propos de Pascal Lienhard, agronome au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD).

«C'est vraiment une agriculture qui essaie de valoriser tout ce qui est lié aux synergies, aux interactions de différent éléments dans un système, dont tout ce qui peut être recyclable... L'idée est d'essayer d'arriver à remplacer tout ce qui est intrants chimiques par des éléments qui sont plus biologiques», nous dit-il. 

Une agriculture qui a atteint ses limites...

L'agro-écologie: une nouvelle voie pour l'agriculture vietnamienne ? - ảnh 2Mélanie Blanchard, chercheuse en écologie au CIRAD (photo: Tue Van/RED Communication)

L'agriculture vietnamienne a connu des progrès considérable au cours de ces 20 derniers années. Selon un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la production du Vietnam a plus que triplé sur la période 1990-2013, ce qui a eu pour effet d’accroître les revenus ruraux, de réduire la pauvreté, de faire reculer la sous-nutrition et de doper les exportations agroalimentaires. Mais parallèlement, le Vietnam a aussi connu les problèmes de long terme que supposent le ralentissement de la croissance de la production, la baisse des prix des produits de base, le manque de superficies nouvelles, faute d’espace et les effets néfastes de l’agriculture sur l’environnement, de plus en plus sensibles. C'est en tout cas ce qu'a remarqué Mélanie Blanchard, chercheuse en écologie au CIRAD.

«On est passé d'une agriculture où les gens produisaient principalement pour s'alimenter et un petit peu pour vendre à une agriculture qui devient commerciale avec des objectifs de vente et aussi de l'exportation», note-t-elle. «Le développement de l'agriculture s'accompagne d’un impact sur l'environnement avec l'utilisation massive de l'eau et surtout l'utilisation de produits chimiques, qui se retrouvent, après, dans l'environnement. Il y a une très forte utilisation des engrais, et sur le long terme, ce n’est pas tenable... Pareil pour l’eau: ça va rapidement devenir une vraie problématique, pour l’agriculture».

... et qui cherche un second souffle...

Après plusieurs études menées, le CIRAD a constaté qu'au Vietnam, l'agro-écologie existait déjà, mais de manière assez empirique.

«Il y a beaucoup de choses qui existent, le problème c'est qu'elles sont souvent fragmentées», constate Pascal Lienhard. «Ce n'est pas un dimensionnement qui rend les choses très visibles...  On parle souvent d’intégration agriculture-élevage... Ce sont des choses qui se mettent en place pour voir comment on peut intensifier un peu l'alimentation des animaux pour derrière pouvoir mieux valoriser les déjections animales...»  

L'agro-écologie: une nouvelle voie pour l'agriculture vietnamienne ? - ảnh 3Michaël Bruckert, chercheur au CIRAD (photo: Tue Van/RED Communication)
Le fait est que le Vietnam possède des atouts incontestables en matière d'agro-écologie, comme l’a très justement relevé Michaël Bruckert, chercheur au CIRAD.

«Je pense qu'il y a des atouts ici, notamment du fait d’une grande diversité dans les cultures et l’élevage. On trouve plein de gens qui possèdent quelques buffles, quelques cochons alors qu'en France, c’est un phénomène qui a disparu il y a 60-70 ans», note-t-il.   

Autre point relevé par Michaël Bruckert: le Vietnam a mis en place un ensemble de politiques favorianst le développement de l'agro-écologie.

«Au Vietnam, il y a aussi des politiques qui sont mise en œuvre depuis une bonne dizaine d’années, notamment pour adapter certains standards internationaux. Il y a vraiment des politiques qui vont dans ce sens là pour essayer notamment de réduire l'utilisation d'intrants chimiques et de pesticides. Par contre, le terme agro-écologie, il a été adopté très récemment, lors du 13e Congrès national du Parti communiste vietnamien. Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a intégré dans sa politique le terme de l'agro-écologie», nous fait-il observer. 

Forte est de constater que l'agriculture vietnamienne sort d’une période faste. Reste maintenant à pérenniser les acquis et à opérer les mutations qui s’imposent... L'agro-écologie n'est pas forcément la seule et unique solution, mais c’en est une, et sans doute l’une des mieux adaptées aux réalités de notre pays, à court et moyen termes...                     

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