«L'ASEAN est une région d’opportunités»

(VOVWORLD) - Jean-Marc Lavest, le nouveau directeur régional de l’Agence Universitaire de la Francophonie en Asie-Pacifique, est entrée en fonction au mois d'octobre. Il a dirigé un certain nombre d’établissements d'enseignement supérieur en France avant d’être le recteur de l'Université française en Arménie durant ces cinq dernières années. Désormais à la tête du bureau Asie-Pacifique, il entend développer l’Agence Universitaire de la Francophonie en misant plus particulièrement sur l’ASEAN. 
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Jean-Marc Lavest : La première impression? Effervescence... Il y a de l’effervescence partout, quand on arrive au Vietnam. Je ne suis pas en Asie depuis très longtemps. Ça fait 8 jours que j'ai pris mes fonctions, trois semaines que je suis arrivé en Asie, après la quarantaine obligatoire. Mais je suis allé remettre, il y a quelques jours, un prix pour les meilleures universités qui avaient fait des produits innovants pour le Covid-19, et notamment, j'étais avec l'Institut polytechnique de Hanoï qui remettait deux civières extrêmement sophistiquées qui permettent d'éviter de contaminer les soignants. Et là, je me suis aperçu que ce pays, c'est un pays extrêmement agile. C'est un pays, d'une part, qui a très bien su gérer la question du Covid, mais qui a également su mobiliser beaucoup de compétences pour essayer d'apporter des solutions extrêmement innovantes. J'ai vu celle-ci, mais j'ai lu aussi récemment tout ce que vous aviez fait sur les distributeurs de riz, qui ont permis aux populations les plus défavorisées de pouvoir avoir de quoi subvenir avec en mobilisant l'énergie de tous. Ça, c'est quelque chose de caractéristique quand on arrive en Asie.

VOV5 : Que pensez-vous de la région Asie-Pacifique?

Jean-Marc Lavest : C'est une région d’opportunités. Alors pourquoi je dis ça? Parce qu’hier, j'étais à une conférence du ministre de l'Éducation du Vietnam qui nous avait invités pour une conférence générale avec l'Unicef autour de la transition numérique dans l'éducation. Et cette conférence était placée sous la coupe de l'ASEAN, cet ensemble de pays qui travaille ensemble depuis maintenant plusieurs dizaines d'années et qui montre toute la dynamique de cette partie du monde. Donc, je dirais Asie égale opportunités. Des opportunités d'apporter nos compétences, des opportunités de faire partager un langue, des opportunités de développer ou de co-développer.

VOV5 : Et en ce qui concerne la francophonie, est ce qu'il y a des opportunités et des défis dans cette région?

Jean-Marc Lavest : La francophonie, c'est forcément un défi en Asie-Pacifique. Mais vous savez, j'étais dans une région avant qui était dans le Caucase. Le Caucase n'est pas francophone. Et pourtant, l'université française en Arménie, dans le Caucase, était, très certainement, l'une des toutes meilleures universités de la région. Cela veut dire que la francophonie, elle, a des défis, mais aussi beaucoup d'opportunités. Je dis souvent que l'on est riche de toutes les langues qu'on parle. Aujourd'hui, on ne vous demande pas de parler une langue ou deux. On vous demande souvent de parler de trois ou quatre langues parce que vous devez réfléchir à une échelle beaucoup plus grande. Quand vous regardez l'ASEAN, beaucoup de pays font l'effort d'aller apprendre la langue de l'autre. L'anglais, il est obligatoire. Par contre, vous allez faire la différence en maîtrisant des choses encore plus. Demain, on devra réfléchir au delà de l'ASEAN. Par exemple, je vais regarder quelles sont les opportunités en Afrique. Qui aura appris le français? Ce n'est pas que la langue, c'est la philosophie. C'est une façon de penser. C'est une façon d'apporter une critique positive. C'est une façon de regarder les choses avec un angle différent. Et plus on a de regards d'observation différents et plus on est fort et plus on est productif.

VOV5 : Quels sont les axes prioritaires de l’Agence Universitaire de la Francophonie en Asie-Pacifique pour l’année prochaine?

Jean-Marc Lavest : L’Agence Universitaire de la Francophonie travaille en général sur un axe stratégique de quatre ans. Donc, au mois de mars prochain, on aura terminé la stratégie de ces quatre dernières années avec trois grands défis qui avaient été positionnés. Et là, le nouveau recteur, qui a été nommé l'année dernière, travaille avec ses équipes à Montréal, à Paris, avec ses directions régionales, dans la définition de la nouvelle stratégie. C'est pour ça qu'on a fait une consultation mondiale de l'ensemble des acteurs de la francophonie, à la fois les étudiants, les universités partenaires, les décideurs politiques et la société civile, de manière à pouvoir récupérer les plus grandes attentes, synthétiser tout ça et redéfinir les axes pour les prochaines quatre prochaines années. Donc, je vous répondrai avec beaucoup plus de précisions en mars ou en avril 2021, quand la stratégie aura été posée. Elle doit être validée par une Assemblée générale qui se tiendra  à Bucarest en mai 2021. Et à partir de là, nous aurons quatre ans pour travailler tous les axes. Mais sans grande surprise: le numérique, l'insertion sont vraiment des choses qui sont extrêmement importantes. L'Enseignement à distance, les retours d'expérience sur la situation que nous venons de vivre de manière à être plus forts demain. L’Agence Universitaire de la Francophonie doit coller à l'actualité des universités dont elle est membre. C'est sa vocation et c'est sa mission.

VOV5 : Et les projets pour le Vietnam?

Jean-Marc Lavest : On a un certain nombre déjà d'actions récurrentes. On termine tout de suite tous les projets sur le Covid-19. Je crois qu'on avait labellisés au Vietnam quatre projets sur le Covid-19 dont j'ai inauguré un des résultats il y a deux jours à l'Institut polytechnique. C'était la civière à pression négative. Donc, on en a trois autres qui tournent, je pense. Deux sur Hô-Chi-Minh-ville et un autre sur Hanoï et un sur Dà Nang. Ça, c'est une action. On a lancé également une action très récemment sur l'enseignement à distance, pour justement continuer à aider nos partenaires qui étaient dans la structuration de la reprise de la reprogrammation de la nouvelle année universitaire. Nous continuerons à lancer des activités début 21 de soutien aux initiatives francophones, notamment pour la Journée de la Francophonie. Ça, c'est l'actualité pour les six prochains mois et nous déploieront des nouveaux programmes dès que le plan stratégique sera à nouveau validé. Donc, une activité riche.

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