Pas de village sans pagode…

(VOVworld) - Le delta du Fleuve Rouge passe pour être le berceau de la civilisation vietnamienne, civilisation du riz inondé s’il en est. C’est aussi par ce même delta que le bouddhisme a été introduit au Vietnam, où il s’est rapidement propagé, comme en témoigne le nombre impressionnant de pagodes que l’on peut trouver dans les villages.


Pas de village sans pagode… - ảnh 1
La pagode Keo (Thai Binh)

Pas de village sans banian ou sans maison communale, c’est vrai. Mais pas de village non plus sans pagode. Rien d’étonnant à cela pour un pays où le bouddhisme compte plus de deux mille ans de présence puisqu’il y a été introduit dès le 3ème siècle précédant l’ère chrétienne.

La pagode, c’est une sorte de havre de paix et de sérénité où l’on aime se rendre une fois son labeur terminé. Mais c’est aussi un lieu dont on se souvient toute sa vie durant, un lieu qui est en lui-même un souvenir d’enfance : que dire de ces cloches qui résonnent doucement, si ce n’est qu’elles ont tout de la madeleine de Proust…    

Pas de village sans pagode… - ảnh 2
La pagode Keo (Thai Binh)

Mais elle a aussi une dimension communautaire, cette pagode : à la fois lieu de rassemblement et lieu d’éveil spirituel, elle est synonyme de concorde. Si la maison communale est en général réservée aux hommes qui y discutent des affaires du village, la pagode est ouverte à tous, et notamment aux femmes et aux enfants, ces derniers venant y faire provision de sagesse. Construite en général à un emplacement propice à la méditation, elle sera traitée avec un respect teinté d’affection par l’ensemble de la communauté villageoise. Le bonze supérieur Thich Tiên Dat, gérant de la pagode de Cu Dà, en banlieue de Hanoï :

« Le bouddhisme s’est rapidement propagé, au Vietnam, de telle sorte que dans chaque village, on trouve une pagode. La pagode, c’est en fait un élément-clé de la culture vietnamienne. L’un de nos poètes a écrit que la pagode abritait l’âme de la nation vietnamienne. C’est un lieu de dévotion où chacun vient confier ses espoirs au Bouddha. Sur le plan spirituel, c’est un véritable point d’appui… »  

Pas de village sans pagode… - ảnh 3
La pagode Keo de Hanh Thien (Nam Dinh)

Nombreux sont les villageois qui aiment se rendre à la pagode à l’occasion du nouvel an lunaire : c’est même devenu une tradition. Mais pour les personnes âgées, la pagode est une sorte de refuge, comme nous l’explique Nguyên Hữu Khanh, du village de Na, un village de la province de Bắc Ninh :

« Les personnes âgées sont particulièrement ferventes. Tous les 1er et 15ème jours des mois lunaires, elles se rendent à la pagode pour prier. »    

Pas de village sans pagode… - ảnh 4 
La pagode du Maître (Hanoï)

Naturellement, les pagodes sont des lieux de culte bouddhiques. Mais, au Vietnam en tout cas où les différentes croyances font volontiers bon ménage, il n’est pas rare que l’on y pratique également le culte des génies ou des déesses-mères. Il n’est pas rare non plus que la fête de la pagode coïncide avec celle du village. Le bonze supérieur Thich Thông Thuc, gérant de la pagode du village de Na:

« La pagode est un sanctuaire bouddhique ouvert à tous les fidèles, mais aussi à tous ceux qui souhaitent s’y recueillir un instant. Je note d’ailleurs que les villageois passent souvent de la maison communale à la pagode, sans que cela ne leur pose de problème. »   

Pas de problème, en effet, les festivités villageoises étant considérées comme des moments de rencontre entre les génies tutélaires honorés dans la maison communale, les Bouddhas et les déesses-mères. Ainsi va le bouddhisme, au Vietnam : ouvert et perméable à d’autres traditions, mais surtout, participant pleinement de l’identité culturelle nationale…    


Commentaires

Autres