Si tu désires qu’on t’estime…

(VOVWORLD) - Au Vietnam, un être studieux s’attire respect et considération, tradition confucéenne oblige… Mais il faut croire que dans ce domaine, certains endroits attirent des ondes positives, tant les palmarès y sont prestigieux.

C’est le cas de Giao Bay, un village situé dans la province de Cà Mau, à l’extrême sud du pays, dont les enfants semblent prédestinés à de brillantes études... 

Si tu désires qu’on t’estime… - ảnh 1Photo : Tran Hieu / VOV

Est-ce un effet du déracinement ? C’est du Centre que viennent les lignées les plus studieuses de Giao Bay. Truong Thanh Bang, qui est originaire de la province de Quang Nam, a été l’un des premiers à prendre racine à Khanh Binh Tây Bac, la commune à laquelle est rattaché le village de Giao Bay. C’était en 1961.

Durant les années de guerre qui ont suivi, les villageois - Giao Bay compte une bonne cinquantaine de familles originaires de Quang Nam, comme celle de Truong Thanh Bang -  se sont démenés pour construire des écoles de fortune, de façon à ce que leurs enfants puissent suivre les traces de leurs aînés : un acte de résistance en vaut un autre… Que peuvent les bombes contre la volonté de s’instruire et de s’en sortir coûte que coûte ?...   

Truong Thanh Bang, lui, a cinq enfants. Aucun n’a dérogé à la tradition, si ce n’est sa 3e fille, contrainte de cesser ses études après un grave accident.                    

«Je me souviens que mon père a tout fait pour que je puisse poursuivre mes études alors que ma famille était extrêmement pauvre. Il m’a dit que lorsque j’aurais ma propre famille, je devrais aussi veiller à ce que mes enfants puissent étudier dans de bonnes conditions... C’est donc une tradition familiale que j’entends perpétuer», nous confie-t-il.   

Il n’y a pas si longtemps encore, les villageois vivaient de la riziculture. Le riz récolté avait été réparti en deux moitiés : la première servait à couvrir les besoins de la vie quotidienne, la seconde les frais d’études des enfants.

Nguyên Thanh Trong est fier d’avoir 4 enfants qui sont tous fonctionnaires, aujourd’hui. Pour en arriver là, il a dû exercer tous les métiers possibles et imaginables. Mais pour lui, aucun doute: le jeu en valait bien la chandelle !... 

«J’encourage toujours mes enfants et mes petits-enfants à étudier avec ardeur», nous dit-il. «Mon fils a des jumeaux qui sont maintenant au lycée. Ils sont très sérieux et ils ont de bons résultats, alors moi, je suis comblé».   

Comblés, les habitants de Giao Bay ont de bonnes raisons de l’être. Le village compte en effet des dizaines de diplômés d’universités ou d’écoles supérieures, et même quelques doctorants, qui occupent maintenant des postes importants. Et visiblement, la génération montante semble vouloir marcher dans les pas de celles qui l’ont précédée. C’est en tout cas ce qui ressort des propos du vice-président du comité populaire de la commune de Khanh Binh Tây Bac, un certain Bùi Chi Ngan. 

«Aujourd’hui, à Giao Bay, les personnes ayant réussi ont toujours le souci d’accompagner les plus jeunes dans leurs études. Il y a un véritable climat d’émulation, et c’est tant mieux», nous dit-il.   

«Si tu désires qu’on t’estime, étudie avec zèle », nous dit le proverbe mandchou. Un proverbe que les habitants de Giao Bay auraient pu aisément s’approprier… 


Sur le même sujet

Commentaires

Autres