Une antre de Vulcain à la vietnamienne

(VOVWORLD) - Véritable antre de Vulcain à la vietnamienne, Tât Tac est un village de la province de Thanh Hoa qui doit sa réputation à ses forgerons. Depuis des siècles, les artisans y produisent des outils du quotidien en perpétuant un savoir-faire ancestral, qui fait toute la fierté et l’identité du village.
Une antre de Vulcain à la vietnamienne - ảnh 1Des visiteurs découvrent les ateliers de forge du village de Tât Tac.

Autrefois, Tât Tac était le nom commun à trois villages - Ngo, Bùi et Son - situés dans la commune de Tiên Lôc. Et il faut remonter à autrefois, au 17e siècle, pour comprendre comment et pourquoi Tât Tac est devenu un haut lieu de la forge artisanale. 

17e siècle, donc. Tout commence avec un certain Lê Cao Son, originaire du Nord, qui s’établit dans la région. En arrivant au pied du mont Bân, à Tât Tac, Lê Cao Son découvre une population vivant dans la misère. Forgeron de son état, il décide de s’établir sur place et de transmettre son savoir-faire. Et c’est que tout commence. Rapidement, les habitants du village deviennent d’habiles forgerons et aujourd’hui, Lê Cao Son est vénéré comme un bienfaiteur dans le temple qui a été érigé en son honneur.

Non contents de s’être ainsi forgés un destin, les artisans de Tât Tac tiennent à veiller à ce qu’ils cosidèrent comme étant leur patrimoine. C’est en tout cas ce qui ressort des propos de Nguyên Trong Hiên, aujourd’hui septuagénaire.

«Je fais partie de ceux qui ont remis la forge artisanale à l’honneur, dans le village, et j’en suis particulièrement fier. Je suis très heureux de voir que les jeunes générations reprennent le flambeau: c’est notre héritage, après tout!», nous dit-il.  

Une antre de Vulcain à la vietnamienne - ảnh 2Les enfants du village de Tât Tac se familiarisent très tôt avec le métier de la forge.

Aujourd’hui, les forgerons de Tât Tac fabriquent toujours des outils agricoles traditionnels, mais pas uniquement. Les exigences du marché étant ce qu’elles sont, ils doivent veiller à diversifier leur production. Mais pour ces artisans chevronnés, la qualité prime tout et il n’est pas question de la sacrifier sur l’autel d’un productivisme aveugle, comme nous l’explique Kiêu Van Hà, qui a près de vingt ans d’expérience dans le métier.

«Chez moi, c’est un métier qui se transmet de père en fils. C’est un travail qui demande avant tout de la passion et de la persévérance. C’est rude, mais ou on a la vocation, ou on ne l’a pas!... Aujourd’hui, je souhaite faire évoluer cet artisanat, continuer à apprendre et innover pour que le métier perdure et se développe», nous confie-t-il. 

Une antre de Vulcain à la vietnamienne - ảnh 3Kiêu Van Hà, forgeron à Tiên Lôc depuis près de vingt ans.

Le fait que les produits qui sortent des forges de Tât Tac sont de plus en plus présents sur les marchés régionaux. Kiêu Van Hà et Kiêu Van Hoc, qui sont deux forgerons du village, en savent quelque chose…

«Actuellement, nos outils agricoles et nos couteaux sont très prisés par les consommeteurs de tout le pays. Je fabrique principalement des articles sur commande, selon les modèles choisis par les clients. J’ai même reçu des commandes des nombreux clients vietnamiens vivant aux États-Unis et en Europe», nous révèle le premier.

Une antre de Vulcain à la vietnamienne - ảnh 4Kiêu Van Hoc façonne ses couteaux comme de véritables œuvres d’art.

«Je fabrique des couteaux de cuisine sur mesure, principalement pour des chefs vietnamiens et étrangers. Les modèles sont très variés, tant par leur forme que par le type d’acier utilisé. Nos clients sont principalement des Vietnamiens mais il y a aussi des chefs venant de pays comme le Royaume-Uni, les États-Unis, la France, l’Allemagne ou la Suisse», précise le second. 

S’ils modernisent leurs ateliers avec des machines performantes, de nombreux forgerons importent de l’acier inoxydable japonais pour fabriquer couteaux et ciseaux. Mais aujourd’hui, la modernisation se fait aussi dans les modes de commercialisation, avec un recours de plus en plus fréquent aux plateformes de commerce en ligne et aux réseaux sociaux.

Une antre de Vulcain à la vietnamienne - ảnh 5Des touristes étrangers impressionnés par le savoir-faire des forgerons de Tât Tac.  

Nguyên Hung, qui vient de de Hô Chi Minh-ville, s’est déplacé jusqu’au village pour passer commande.

«Les couteaux de cuisine de Tât Tac sont de grande qualité et réalisés avec soin. Je suis venu pour en savoir plus sur les différents modèles de couteaux de randonnée. Grâce aux machines modernes et à l’importation d’aciers de qualité, les ateliers du village produisent aujourd’hui des couteaux aussi beaux et performants que ceux qui sont importés de l’étranger», constate-t-il.   

La commune de Triêu Lôc, à laquelle est rattaché le village de Tât Tac, compte aujourd’hui 20 entreprises, dont cinq spécialisées dans la forge, qui embauchent environ 6.000 travailleurs. Chiffre d’affaires annuel? Près de 400 milliards de dôngs, soit 16 millions de dollars.  

C’est ce qui s’appelle se forger un bel avenir!...

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