Les chants alternés des Dao Thanh Y

(VOVWORLD) - Les Dao Thanh Y sont une communauté ethnique vivant dans des zones côtières de la province septentrionale de Quang Ninh. Mélomanes par essence, ils raffolent des chants alternés. Rendons-nous aujourd’hui à Bang Ca, une commune peuplée de Dao Thanh Y, pour assister à une fête printanière villageoise, où les chants alternés constituent le principal moyen d’expression des jeunes filles et des jeunes gens.
Les chants alternés des Dao Thanh Y - ảnh 1Photo Vũ Miền/VOV

C’est en chantant qu’un garçon Dao Thanh Y invite une fille à l’accompagner à la fête au village de Bang Ca. Cette fête annuelle a lieu au début du printemps, quand les températures ont légèrement augmenté et que la récolte est terminée. Elle attire des milliers de touristes venus déguster des plats typiques de la contrée, mais aussi et surtout voir les jeunes villageois lancer des balles d’étoffe et échanger des chants. C’est par ces chants folkloriques que les jeunes gens communiquent, à toutes les occasions importantes: mariage, cérémonie marquant le passage à l’âge adulte, fêtes villageoises... Et les premières phrases restent toujours les mêmes, pas question de les modifier. «Un homme sur une rive voit un dragon sous l’eau. Le dragon crache de l’eau, abondamment, pour le monde d’en bas comme pour celui d’en haut…»

Lorsque la solennité n’est pas de mise, les Dao Thanh Y chantent ce qui leur plaît.

Les chants alternés des Dao Thanh Y - ảnh 2Photo Vũ Miền/VOV

Des paroles simples qui vont droit au cœur, semant des graines d’amour. Certains, comme Truong Thi Quy, chantent tellement bien qu’ils sont de véritables maestros.

«Beaucoup de mariages résultent d’échanges de chants alternés», nous dit-elle. «Ces chants me fascinent, j’y pense tout le temps, au point de m’en imprégner complètement. C’est autant plus réjouissant qu’on peut jouer avec ces chants, je défie les jeunes de me donner des répliques en chantant. Et souvent, c’est moi qui gagne.»

Les Dao Thanh Y commencent leur chant par une mélodie constituée d’un seul phonème, une mélodie longue et envoûtante. Viennent ensuite des paroles douces, presque des murmures, sur des airs qui changent avec le temps. A 75 ans, Dang Thanh Long connaît encore par cœurs des mélodies anciennes.

«Les jeunes d’aujourd’hui ne chantent pas aussi bien que nous», déplore-t-il. «A mon époque, tous les jeunes célibataires chantaient dans l’espoir de trouver l’âme sœur. C’était comme ça tous les jours, du premier au quinzième jour du premier mois lunaire. Vous savez pourquoi? Parce qu’au fond, nous les Dao Thanh Y sommes très timides. Devant une fille qui nous plaît énormément, on n’ose pas lui parler. Le chant nous rend plus courageux. Moi, j’ai commencé à chanter dès l’âge de 16-17 ans.»

Depuis quelques années, la commune de Bang Ca fait des chants alternés l’une de ses principales attractions touristiques. Les jeunes ont repris goût à cette pratique musicale ancienne qui contribue à la définition de leur identité.

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