Comment les La Hu se sont-ils sédentarisés?

(VOVWORLD) - Les La Hu, autrement appelés Xa La Càng, Co Xung, Khù Sung ou Kha Quy, sont une communauté ethnique ultraminoritaire du Vietnam. Ils habitent uniquement à Muong Tè, un district frontalier avec la Chine, dans la province de Lai Châu. Traditionnellement nomade, ce peuple avait coutume de déménager à chaque saison des feuilles mortes. Il migrait entre les forêts en amont du fleuve Noir et s’établissait là où il paraissait possible de survivre. Mais tout a changé depuis que les gardes-frontières de Lai Châu les ont persuadés de descendre au pied des montagnes et de se sédentariser.

Comment les La Hu se sont-ils sédentarisés? - ảnh 1Les gardes-frontières aident les La Hu à construire des maisons

Assis à côté du feu dans la maison qui lui a été construite par les gardes-frontières de Lai Châu, Ly Xa Pu se souvient des années passées, quand, à chaque saison des feuilles mortes, sa famille devait partir à la recherche d’une terre plus fertile.

 «On migrait par groupes de quelques familles. On coupait les arbres dans la forêt pour y planter du riz et du maïs. Après chaque récolte, il fallait changer d’endroit. S’il n’y avait pas suffisamment à manger, on creusait la terre pour chercher des tubercules comestibles», raconte-t-il. «On vivait dans des cabanes, sans couverture ni vêtements chauds. On se chauffait au bois. Cette vie dans la jungle était vraiment dure».

Les La Hu avaient en effet l’habitude de vivre en haute montagne, dans la jungle, complètement séparés du monde extérieur. Ils craignaient les étrangers, ne parlaient aucune autre langue que la leur, manquaient de connaissances et ne se fixaient jamais dans un endroit, nous explique Phi Chi Gia, président du comité populaire de la commune de Pa U, lieu de sédentarisation des La Hu.

«Il nous a fallu longtemps pour convaincre les La Hu de se sédentariser en bas des montagnes. Les autorités se sont vraiment démenées pour leur faire comprendre que différents groupes de familles pourraient cohabiter et qu’en bas, grâce aux investissements de l’État, ils pourraient avoir une vie meilleure», nous raconte-t-il.

Les gardes-frontières ont été les plus actifs dans ces efforts de persuasion. Ils ont accompagné les La Hu pendant des années pour gagner leur confiance et leur faire entendre raison. Lu Ly Ga a été l’une des premières personnes de sa communauté à descendre la montagne, en 2006.

«C’était très dur, notre vie de vagabonds dans la jungle. Nos ancêtres n’avaient pas même pas d’autel fixe. Les gardes-frontières nous ont dit que ça irait mieux en bas, que nos enfants pourraient aller à l’école et que nous n’aurions plus ni faim ni froid. Après qu’une puis deux premières familles ont suivi les soldats pour s’installer en bas, je leur ai emboîté le pas. Tout ce que les soldats nous ont dit est vrai. Nous avons maintenant des maisons solides et des aides de la part des autorités. Finis la faim et le froid», nous confie-t-elle.

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De nouvelles maisons du coeur dans le cadre du projet de construction de logements pour les ménages en difficultés dans le district de Muong Tè

De plus en plus de La Hu ont fait confiance aux gardes-frontières et se sont sédentarisés. En 2020, un projet de construction de maisons en faveur des ménages en difficultés dans le district de Muong Tè a été financé conjointement par le comité du Parti de Hô Chi Minh-ville, par le ministère de la Sécurité publique et par la province de Lai Châu. En moins de trois mois, mille maisons ont été construites, se souvient le sous-colonel Phan Van Hoa, chef d’état-major du Commandement de la garde-frontière de Lai Châu.

 «Nous avons mené ce projet pendant la saison des pluies, c’était très difficile. Mais officiers et soldats se sont retroussés les manches et se sont bien réparti les tâches. Les minorités ethniques nous ont aussi aidés à accomplir les travaux», dit-il.

Les La Hu ne sont qu’une parmi les minorités ethniques évoquées par le sous-colonel Phan Van Hoa. Ils sont très reconnaissants envers les gardes-frontières qui, en plus de leur apporter de meilleures conditions d’existence, les initient aussi aux techniques de riziculture aquatique, synonyme d’une vie plus sûre et plus stable.

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