Comment les Muong de Hoà Binh préservent-ils leur langue?

(VOVWORLD) - Les Muong, qui représentent plus de 63% de la population de la province septentrionale de Hoà Binh, ont une langue parlée qui leur est propre. C’est essentiellement par voie orale que leur patrimoine culturel est transmis de génération en génération, ce qui ne les a pas empêchés de vouloir transcrire phonétiquement leur langue parlée en recourant d’abord aux caractères chinois, puis, après 1945, à l’écriture vietnamienne romanisée, le quoc ngu.    
Comment les Muong de Hoà Binh préservent-ils leur langue? - ảnh 1Un chaman (tunique noire, assis), appelé Mo dans la langue Muong (Photo baodantoc.vn)
C’est grâce à l’écriture romanisée de la langue vietnamienne que des dizaines de milliers de vers Muong ont pu être copiés et de nombreux livres sur les traditions publiés, permettant une pratique continue de ces dernières.

Les chamans, appelés Mo dans la langue Muong, jouent un rôle essentiel dans leur vie spirituelle qui est rythmée par 23 cérémonies rituelles, de la naissance à la mort en passant par le mariage, les maladies et la vieillesse. Dinh Công Tiên est un Mo du district de Tân Lac.

«J’ai appris à devenir Mo lorsque j’étais responsable d’une coopérative. C’était en 1971-1972, je transcrivais alors dans un cahier toutes les prières des Mo que je connaissais. En assistant aux cérémonies qu’ils conduisaient, j’ai appris par cœur toutes les pratiques», raconte-t-il. «L’écriture vietnamienne nous a vraiment facilité la vie en ce qui concerne la préservation des pratiques des Mo, qui participent du patrimoine culturel des Muong».

Comment les Muong de Hoà Binh préservent-ils leur langue? - ảnh 2Photo baohoabinh.com.vn

Grâce à l’écriture vietnamienne, de plus en plus de Muong prennent connaissance des chants anciens. En 2017, un premier club de préservation de l’identité Muong voyait le jour à Ngoi, un hameau du district de Tân Lac. Un autre lui a emboîté le pas en 2019 au hameau de Dinh. Les membres de ces clubs, qui tiennent à parler en dialecte et à porter des habits traditionnels, s’apprennent les uns aux autres à jouer du gong, à chanter des airs anciens et à danser les danses ancestrales.

Au club de Tân Lac, Bùi Van Yêu s’occupe de l’enseignement des chants alternés.

«Les chants dum et vi que j’enseigne font partie du subconscient des Muong qui depuis la nuit des temps les chantent lors des grandes occasions», dit-il. «Je suis effrayé à l’idée qu’un jour, la culture occidentale ait raison de cette tradition. Aussi suis-je prêt à transmettre mon savoir à tous les jeunes qui souhaitent apprendre».

En 2016, le comité populaire de la province de Hoà Binh publiait pour la première fois un alphabet Muong, composé de 28 lettres romanisées, presque identiques à celles de l’alphabet vietnamien. L’alphabet Muong est enseigné dans les écoles destinées aux minorités ethniques de la province et utilisé dans son journal en ligne. Hoà Binh a également lancé un projet consistant à encourager l’enseignement et l’apprentissage de la langue Muong orale et écrite.

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