Le culte des esprits de la maison des Thai de Son La

(VOVWORLD) - Parmi les nombreuses traditions que perpétuent les Thai vivant dans la province septentrionale de Son La, l’une des plus festives reste le culte des esprits de la maison. Lors de cette cérémonie, les Thai expriment leur gratitude envers leurs ancêtres dont ils implorent la bénédiction.

Son caractère solennel fait que les Thai font appel, pour cette cérémonie de culte, à un chaman. En fonction de ses moyens, chaque famille peut organiser chaque année une, deux, voire trois cérémonies de ce genre, fait savoir Cà Van Chung, un Thai de Son La.

«Depuis des générations, nous les Thai organisons le culte des esprits de la maison en l’honneur des ancêtres. Auparavant, nous avions l’habitude de l’organiser au 7e mois lunaire, mais depuis quelques années, la cérémonie a lieu à l’occasion du Nouvel An lunaire, ce qui est finalement beaucoup plus pratique», dit-il. «En fait, cette cérémonie est très joyeuse, ne serait-ce que parce que les amis et les voisins viennent nombreux présenter leurs vœux à la famille organisatrice…».

Le culte des esprits de la maison des Thai de Son La - ảnh 1

Le plateau d’offrandes du culte des esprits de la maison des Thai

Outre un plateau de 5 sortes de fruits, sont déposés sur l’autel des ancêtres des bâtonnets d’encens, un noix d’arec et une feuille de bétel, mais aussi un autre plateau tapissé de feuilles de bananier vertes qui contient du riz gluant emballé, de l’alcool, un coq bouilli et de la viande de porc bouillie. Qui dit viande de porc dit les principales parties du porc, c’est-à-dire la tête, les cuisses postérieures et les entrailles. Il y a en plus un bol contenant du sang du porc, et une assiette de viande de porc haché crue mélangée avec de la poudre de riz torréfiée et des herbes aromatiques.

Après avoir vérifié la conformité du plateau d’offrandes, le chaman dispose à côté de celui-ci un vêtement supérieur (chemise, tunique…) du maître de céans et lit le cahier dans lequel ce dernier a noté le nom de tous les membres défunts de sa famille.

L’un des plats indispensables du plateau d’offrandes consiste en des entrailles de porc bouillies mélangées avec des jeunes pousses de bambou épicées. Avec ses baguettes, le chaman prend une pincée de ce plat et la donne symboliquement à manger aux défunts à travers un petit trou situé au mur de l’espace de culte.

«Le chaman fait l’appel des défunts suivant la liste indiquée dans le cahier du maître de céans. A chaque nom prononcé, il prend une pincée d’entrailles mélangées avec des jeunes pousses de bambou, une cuillère de riz gluant et une cuillère de bouillon qu’il présente au trou sur le mur. Si les parents du maître de céans sont morts, c’est par eux que comment l’appel. Après eux, ce seront les grands-parents, les frères et sœurs, et les plus jeunes qui sont morts», précise Tong Van Hia, un chaman chevronné.

Selon la tradition, une maison n’a des esprits que lorsque les parents du maître de céans sont morts et que celui-ci leur a installé un autel. C’est à ce moment-là que ce dernier écrit dans un cahier la liste des morts d’au moins trois générations précédentes et est donc habilité à organiser le culte des esprits de la maison.

Lors de la cérémonie, les sœurs du maître de céans qui sont mariées reviennent et déposent sur l’autel un coq bouilli pour s’attirer la bénédiction de leurs parents défunts. La cérémonie commence le matin. A midi, le chaman déjeune avec la famille sans toucher au plateau d’offrandes, indique Tong Van Hia.

 «A une ou deux heures de l’après-midi, le chaman demande au maître de céans à quelle heure il souhaite terminer la cérémonie. Avec l’autorisation du maître de céans, le chaman lit des prières disant au revoir aux ancêtres et le plateau d’offrandes sera alors descendu», détaille-t-il.

La partie rituelle terminée, la partie festive commence et dure aussi longtemps que le veulent les participants.

Sur le même sujet

Commentaires

Autres