En dialecte Tày, Long tong signifie « descendre dans les rizières ». Pour ce qui est de trouver un jour propice, on a l’embarras du choix : ça peut aller du quatrième jour jusqu’à la fin du premier mois lunaire. Hoàng Mi Làn, de la commune Thanh Hoà, une commune rattachée au district de Yên Lang :
« Cette fête vise à invoquer le génie de l’agriculture pour que la récolte soit abondante, pour que la nouvelle année soit placée sous de bons auspices, notamment pour les travaux champêtres. Mais c’est aussi une grande manifestation de solidarité inter-communautaire, ce qui est une tradition séculaire chez les Tày. »
A aucun prix, on ne voudrait manquer ces invocations au génie de l’agriculture, pas plus d’ailleurs que celles aux génies de la montagne, du sol et du village. Car c’est tout un panthéon qui se retrouve porté au pinacle, ce jour-là, et qui se voit gratifié de plateaux d’offrandes aussi copieux que diversifiés : alcool de riz, riz gluant, coq bouilli, porc grillé, gâteaux de toutes sortes... Ces offrandes symbolisent toute une année de labeur dans les rizières.
Les rites ont lieu en plein air, sur une grande parcelle de terrain fertile. Hoàng Mi Làn, toujours :
« On va tirer la charrue et tracer le premier sillon de l’année. Pour accomplir ce geste, il faut choisir une personnalité éminente du village : quelqu’un qui soit travailleur, minutieux et expert en travaux champêtres, bien sûr. »
Une fête champêtre, donc, mais pas seulement. Ce n’est pas pour rien que l’on parle du printemps comme étant la saison des amours, en tout cas chez les jeunes Tày qui profitent du Long tong pour aller à la recherche de l’âme soeur, par le truchement d’un jeu populaire simple : le lancer de la balle d’étoffe, la balle en question symbolisant les sentiments amoureux que l’on éprouve vis-à-vis de celle à qui on la lance... Luong Quoc Trinh, un villageois :
« Les jeunes attendent avec impatience la fête pour se rencontrer. On porte des costumes traditionnels, on chante, on danse, on bavarde. Les vieux amis, les anciens amoureux... Tout le monde profite de l’occasion pour se retrouver ! »
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Plein d’autres jeux folkloriques sont aussi au rendez-vous : échasses, combats de coq, tir à la corde... Mais il y a surtout l’incontournable danse du lion sans laquelle le Long tong ne serait pas le Long tong. Hoàng Mi Làn, encore une fois :
« Ah oui, cette danse du lion, c’est absolument indispensable ! Le lion symbolise la puissance céleste. C’est un animal sacré qui apporte chance et prospérité. »
Le Long tong marque l’arrivée du printemps, saison du renouveau par excellence. Alors si vous êtes tentés par une petite cure de jouvence aux accents bucoliques, rendez-vous à Lang Son !