Les Thai du Nord-Ouest: Comment montrer à l’âme son chemin?

(VOVWORLD) - Peut-on montrer à l’âme le chemin à suivre? Oui, nous disent les Thai, une communauté ethnique du Nord-Ouest du Vietnam. Chaque fois qu’un des leurs tombe malade,  a un accident, rentre chez lui après un long voyage…, chaque fois qu’il y a un mariage, une naissance…, ils organisent une cérémonie pour souhaiter santé et chance à la personne concernée, pour qu’elle surmonte les obstacles rencontrés.

 

Les Thai du Nord-Ouest: Comment montrer à l’âme son chemin? - ảnh 1 Le jour J, les Thai préparent un sac en tissu dans lequel ils mettent un vêtement supérieur de la personne à laquelle est dédiée la cérémonie

Au cours de son existence, un Thai doit au moins bénéficier deux fois de cette cérémonie censée permettre à l’âme de trouver le bon chemin. Lorsqu’une fille va se marier, ses frères organisent cette cérémonie pour lui souhaiter bon vent. Trois jours après sa naissance, le bébé fait l’objet de ce même rite au cours duquel ses parents le présenteront aux divinités qui veillent sur leur famille. A l’occasion du Nouvel An, les grands parents maternels déposent sur l’autel un couple de gallinacés, souhaitant à leurs petits-enfants une santé suffisante pour pouvoir traverser aisément «cinq ruisseaux et sept collines». Et lorsqu’une personne est sur le point de mourir, ses proches prient les divinités de montrer à son âme le chemin à prendre pour retrouver ses ancêtres…

Le jour J, les Thai préparent un sac en tissu dans lequel ils mettent un vêtement supérieur de la personne à laquelle est dédiée la cérémonie. La croyance populaire veut que l’âme de cette personne s’abrite dans cet habit. Attention, le vêtement utilisé ne doit jamais être de couleur blanche! Avec cet habit, on met aussi dans le sac un œuf bouilli, un poisson grillé emballé, une épuisette et un fagot de brindilles. Le chaman, intermédiaire entre le monde d’en bas et les divinités, porte le sac sur son épaule. Sa main tient l’épuisette et le fagot de brindilles qu’il allume avec soin. Il s’assied au pied de l’escalier en priant.

«Chacun a une âme, et lorsque notre âme s’égare, on tombe malade, nous explique Quang Van Oai, un Thai de la province de Dien Bien. Alors le chaman nous demande de préparer des offrandes, de l’alcool, du porc… pour inviter l’âme à revenir.»

Cet appel à l’âme, c’est au pied de l’escalier que le chaman le lance. Après quoi, il revient au plateau d’offrandes qui comprend un coq ou un porc bouilli, un bol de riz, un paquet de riz gluant cuit à la vapeur, six verres d’alcool, un vase à encens, des fruits, des friandises. Mais il y a aussi un bol de bouillon, et que ce soit du porc ou du coq bouilli, il faut absolument présenter, en offrandes, ses entrailles. Selon la croyance populaire, l’âme est plurielle. C’est pourquoi le chaman veille toujours à ce que toutes les parties de l’âme soient convoquées, qu’elles se trouvent au niveau de la tête, du corps ou des membres…

 «Lorsqu’on convoque l’âme d’un adulte, on la fait descendre du ciel, à commencer par le paradis, puis à travers les différents endroits qu’elle aurait traversés pour arriver jusque là, et enfin là où il réside. En revanche, lorsqu’il s’agit d’un enfant, son âme demeure toujours dans notre bas monde.», nous dit Me Van Dinh, un chaman de la province de Son La

Les rites terminés, le chaman invite toute la famille à se partager les offrandes et à boire deux verres d’alcool pour souhaiter santé et bonheur à la personne à laquelle est dédiée la cérémonie.

Chez les Thai du Nord-Ouest, cette cérémonie de convocation d’âme se déroule essentiellement dans le cadre familial, où attention portée à autrui et solidarité en sortent renforcées.

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