Pour les Mông et notamment les femmes Mông, les boucles d’oreille sont bien plus que de simples bijoux. Elles font partie des us et coutumes de l’ethnie, au même titre que les chants et les danses. Mùa Thị Mỵ, qui habite la commune de Xím Vàng, dans le district de Bắc Yên: « Petite, je portais déjà des boucles d’oreille. C’est la coutume. Lorsque l’on sort, on met ses plus belles boucles d’oreille.»

Sur ces boucles d’oreille en argent, qui sont souvent de forme ronde, on trouve la plupart du temps des représentations du soleil ou de la lune, ces deux astres étant particulièrement importants dans la spiritualité des Mông. Mais on peut aussi bien trouver des fleurs, des motifs symétriques ou tout simplement des traits verticaux ou horizontaux reliés de manière aléatoire. Mùa Thị Gống, une autre habitante de la commune de Xím Vàng: «Chez les Mông, les parents percent les oreilles de leurs filles quand celles-ci ont entre 4 et 5 ans. Les jeunes filles commencent à porter des boucles d’oreille à 14 ou 15 ans. On ne les enlève pas, même quand on travaille au champ, quand on travaille sur le métier à tisser ou quand on va au marché. Les boucles d’oreille font partie de notre vie quotidienne. Nous en sommes très fières. En voyant une femme porter des boucles d’oreille de ce type, on comprend tout de suite qu’elle est Mông.»

Les boucles d’oreille traduisent la richesse de leur propriétaire. Les femmes portant de grandes boucles d’oreille sont considérées comme issues d’une famille aisée. Pour les Mông, les boucles d’oreille sont aussi une protection contre les mauvais esprits et les courants d’air. Hạng Thi Dong, qui habite également dans la commune de Xím Vàng: «Nous portons des boucles d’oreille, même en travaillant aux champs, en tissant, ou en allant dans la forêt pour chercher du bois. Nous croyons qu’elles nous portent chance et qu’elles nous protège des esprits maléfiques.»

De nos jours, sur les marchés, on propose beaucoup de bijoux dont de nombreuses boucles d’oreille Mông, mais de fabrication industrielle. Inutile de préciser qu’aucune femme Mông digne de ce nom ne s’abaisserait à acquérir ce genre de colifichet pour touristes, fût-ce à vil prix!...