(VOVworld) - Le Premier ministre japonais Shinzo Abe entamera jeudi une visite aux Etats-Unis. Il s’agira de la première visite d’un dirigeant asiatique dans ce pays depuis l’investiture de Donald Trump. Elle traduit le souhait de Tokyo de renforcer l’alliance avec Washington sous l’administration Trump.

Selon le secrétaire général du Cabinet japonais, Yoshihide Suga, Shinzo Abe s’entretiendra avec Donald Trump à Washington et se rendra au resort du président américain en Floride avant de rentrer au Japon le 13 février. Ce déplacement sera l’occasion pour les deux dirigeants d’évoquer les relations bilatérales et d’affirmer au monde la durabilité de leur alliance, a souligné Yoshihide Suga.

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe. Photo le Parisien

Affirmer la durabilité de l’alliance Etats-Unis-Japon

Selon le programme, les discussions entre les deux dirigeants tourneront autour du retrait de Washington du partenariat transpacifique et des tensions créées par Pyongyang. Seront également abordées les questions concernant l’alliance militaire, les finances et le commerce dont l’idée sur un possible accord commercial bilatéral... De l’avis des analystes, la Maison Blanche accorde une attention particulière à la visite de Shinzo Abe, l’une des premières rencontres de haut rang du 45^ème président des Etats-Unis portant sur le démarrage des négociations commerciales bilatérales. Le Japon s’est dit aussi prêt à toute éventualité dans la coopération avec l’administration Trump. Lors de son entretien avec le nouveau patron de la Maison Blanche, le chef du gouvernement japonais a affirmé que lors de leur prochaine rencontre, il souhaitait discuter de manière franche des questions de sécurité et d’économie.

Peu avant la visite aux Etats-Unis de Shinzo Abe, le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, s’est rendu au Japon. Lors des rencontres à Tokyo, ce dernier a évoqué l’engagement de Washington de garantir la sécurité à Tokyo. C’est justement ce que le Japon souhaite obtenir de la part de l’administration Trump, notamment en ce qui concerne la défense des îles de Senkaku/Diaoyu. En plus, lors d’une conférence tenue le 4 février dernier, James Mattis a qualifié le Japon de «modèle» dans le partage des frais pour les forces américaines en garnison.

Obstacles à relever

Le nouveau secrétaire américain à la Défense, James Mattis, a rassuré le Premier ministre japonais Shinzo Abe, sur l'engagement américain en matière de sécurité. Photo RFI

Malgré toutes les déclarations du secrétaire américain à la Défense, Tokyo n’est pas tout à fait rassuré par la politique de Donald Trump qui place les Etats-Unis par dessus tout et ses commentaires critiques sur les alliances de son pays. Selon le professeur Kazuhiro Maeshima, de l’Université Sophia, spécialisé dans la diplomatie et les questions concernant l’administration américaine, les inquiétudes demeurent car les engagements peuvent toujours être rompus. Kazuhiro Maeshima recommande également une certaine prudence de la part du gouvernement japonais qui ne doit pas laisser Donald Trump utiliser l’engagement d’assurer la sécurité des îles de Senkaku (appelées par les Chinois Diaoyu) comme un atout, en échange de compromis sur, notamment, l’investissement direct des Etats-Unis. Pour le professeur associé Ken Jimbo, de l’Université Keio, la visite au Japon de James Mattis est  principalement axée sur la définition de l’alliance entre les deux pays et les défis sécuritaires dans la région, laissant les autres questions importantes aux discussions ultérieures. Lors de sa campagne électorale, Donald Trump a déclaré qu’il demanderait aux alliés de payer les Etats-Unis pour que ces derniers garantissent leur sécurité.

Sur le plan économique, estimant que le partenariat transpacifique est désavantageux aux travailleurs et aux entreprises américaines, Donald Trump veut retirer son pays de cet accord dès son entrée en fonction. De son côté, Shinzo Abé est l’un de ses plus fervents  défenseurs.  Le 45^ème président des Etats-Unis déplore que le marché automobile japonais offre peu d’opportunités aux constructeurs américains et que Tokyo dévalorise sa monnaie pour favoriser la compétitivité de ses exportations.

Quelques heures à peine avant l’investiture de Donald Trump, Shinzo Abe a souligné que l’alliance Etats-Unis-Japon est un facteur essentiel et un «principe immuable» de la politique de sécurité et de diplomatie de Tokyo. Tous les regards se tournent donc vers le sommet Abe-Trump, événement qui pourra laisser des impacts importants sur le «sort» de l’alliance entre les deux pays qui durent depuis des décennies.