En dignes descendants des "Chân đăng"...

(VOVworld) - Il y a plus d'un siècle, en 1891 très exactement, les premiers Vietnamiens, les "Chân đăng" - littéralement "pieds engagés" - arrivaient en Nouvelle-Calédonie. Leurs descendants, qui sont aujourd'hui près de 4.000, sont parfaitement intégrés. Ils se distinguent notamment dans le commerce et le maraîchage. Mais pour eux, intégration ne signifie pas dissolution. Après avoir été plus ou moins délaissée pendant un certain temps, la langue de Nguyễn Du connaît un regain de popularité au sein de la communauté vietnamienne.    

"Con tên là Ngọc, con 10 tuổi. Con là người Việt và là con út. Con học tiếng Việt ở Ái Hữu Việt Nam. Con học đọc, học viết, học hát, học dịch tiếng Việt. Bố tên là Hoan, là kỹ sư, mẹ tên là Mai, nhân viên cửa hàng. Con có một chị hai tên là Hằng, 15 tuổi." ("Je m’appelle Ngoc, j'ai dix ans. Je suis vietnamienne et je suis la dernière-née de la famille. J'apprends le Vietnamien à l'Amicale vietnamienne. J'apprends à lire, à écrire, à chanter et à traduire en vietnamien. Mon papa s'appelle Hoan, il est ingénieur. Et ma maman, Mai, est employée. J'ai une grande soeur qui s'appelle Hằng. Elle a 15 ans.")

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Ngoc lors d'un cours de vietnamien à l'Amicale vietnamienne

Vous avez entendu cette jolie petite voix? Eh bien je dois dire que je ne m'attendais pas à ça en venant en Nouvelle-Calédonie: me trouver nez-à-nez avec une fillette au visage rondouillard, aux cheveux noirs et épais... Il ne lui manquerait plus que le foulard rouge des pionniers pour que je me puisse me croire dans une école de Hanoi. Et pourtant Ngoc est bel et bien née ici, tout comme ses parents, dans un territoire français d'outre-mer situé dans le Pacifique-Sud à plus de 8.000 kilomètres de distance de son pays d'origine, ce qui ne l'empêche absolument de maîtriser à la perfection le vietnamien jusque dans ses moindres intonations. Pour un peu, c'est elle qui m'en remontrerait! Je n'ai plus qu'à surveiller mon langage...

Où a-t-elle appris à parler aussi bien notre belle langue? Eh bien, comme elle nous l'a dit elle-même, à l'Amicale vietnamienne. L'Amicale vietnamienne, c'est une association où se retrouvent tous les Vietnamiens de Nouvelle-Calédonie. Alors comme après tout, je suis Vietnamien et que je me trouve en Nouvelle-Calédonie...   

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Photo: Duc Quy/VOV

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16h30, vendredi, au siège de l'Amicale vietnamienne, donc. Ce que vous entendez, ce sont des élèves débutants en train de déclamer en vietnamien "Quà" - littéralement "Friandises" -, l’un des tous premiers poèmes que tout écolier vietnamien digne de ce nom se doit de connaître. Je dois reconnaître d'ailleurs qu'on pourrait facilement se croire dans une école primaire de notre pays, même si, deçà delà, pointe un léger accent européen. Jean-Pierre Dinh, président de l'Amicale vietnamienne et consul honoraire du Vietnam en Nouvelle-Calédonie :
"Nous avons deux classes: une pour les enfants, une pour les adultes. Les cours sont gratuits. Nous, en revanche, nous devons payer le salaire des professeurs. Mais nous le faisons d'autant plus volontiers que c'est vraiment une chance que de pouvoir développer l'apprentissage du vietnamien ici."

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Deux classes? Une pour les enfants, une pour les adultes? Pourtant, lorsque je suis entré, j'ai tout de suite vu qu'il n'y avait pas que des enfants dans la salle, ou plus exactement que certains des enfants présents étaient accompagnés de leurs mères, lesquelles étaient visiblement venues pour apprendre elles-aussi.  

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Tình Nga, douze ans, et sa mère, Elisa, une métisse franco-vietnamienne :

"Je suis issue d'une famille vietnamienne. Au début, mon grand-père a voulu nous apprendre le vietnamien. C’est quand même agréable d’apprendre notre langue! Et puis c'est amusant parce que je peux voir comment ma mère réagit en apprenant la même chose que moi, et j'ai l'impression que c'est difficile, pour elle!... Cela dit, le vietnamien, c'est difficile, de toutes façons."

"C’est une expérience intéressante pour elle, mais aussi pour moi. Ça me rajeunit. Honnêtement, les enfants s'en sortent mieux! Ils apprennent beaucoup plus rapidement; ils assimilent beaucoup plus vite...Pour l'instant, j'arrive à lire, à comprendre à peu près... J'ai plus de vocabulaire. Ça me permet de dire un certain nombre de choses."

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Photo: Duc Quy/VOV

Jusqu'à une époque récente, Phương Anh Christine et sa fille Mai Linh, métisses toutes les deux, ne parlaient pas le vietnamien chez elles, mais maintenant si. Elles se sont réappropriées notre langue qu'elle essaient de pratiquer aussi souvent que possible. Phương Anh Christine:

"J’ai appris à dire mon prénom, à dire mon âge, les nombres, un petit peu les fruits, comme: Quả lê-la poire;

Phương Anh Christine: L’orange    - Mai Linh: Quả cam

Phương Anh Christine: Le raisin    - Mai Linh: Quả nho

Phương Anh Christine: La pomme - Mai Linh: Quả táo"

Débuter avec seulement quatre élèves? Plus d'un aurait baissé les bras, mais pas Nghi Michelle, le professeur de la classe! "Petit à petit, l'oiseau fait son nid", nous dit un proverbe français qu'elle a su faire sien.   

"Il y a beaucoup d'élèves cette année. Nous sommes 28! J’ai dû scinder la classe en deux parce que je n'y arrivais plus, sinon! Ils sont trop nombreux. Et puis, il y a des différences de niveaux très marquées. Je ne peux pas travailler avec trois ou quatre niveaux en même temps. Donc, j'ai décidé de faire deux classes différentes : une classe niveau débutant et une classe niveau avancé. Les élèves, ils aiment bien écrire, découvrir la langue, mais le plus dur pour eux, c’est les accents et les temps en vietnamien. En tout cas, ils adorent surtout chanter et lire les poèmes en vietnamien."

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Hoàng Minh Sơn, consul général du Vietnam en Australie remet des matériels didactiques à Nghi Michelle, professeur de la classe de vietnamien.

A l'occasion du 9ème Forum francophone du Pacifique qui vient d'avoir lieu à Nouméa et dont le Vietnam était le pays invité d'honneur, le gouvernement vietnamien a offert du matériel didactique. Hoàng Minh Sơn, consul général du Vietnam en Australie :

"Nous avons remis à ces classes près de 300 collections de livres, y compris des manuels scolaires en vietnamien pour tous les niveaux, des livres bilingues franco-vietnamiens sur la culture, le tourisme et la population, histoire que les élèves puissent découvrir leur pays d'origine. Nous avons visité une classe d'une vingtaine d'élèves, âgés de 9 à 20 ans. je dois dire que c'est vraiment très émouvant de voir tous les efforts qu'ils font et pour ma part, j'espère vraiment que nous pourrons continuer à les soutenir."

Nguyễn Thiệp, ambassadeur et correspondant national du Vietnam auprès de l’OIF :

"Je suis vraiment ému parce que malgré la distance qui les sépare de leur pays d'origine, les enfants aiment le vietnamien et le pratiquent encore. De plus, c'est vendredi après-midi. Au lieu de profiter de leur temps libre, ils préfèrent aller apprendre le vietnamien. Ça c'est formidable! C'est un très beau succès!  

 

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Giang Kim Thanh, présidente de l'Association des bouddhistes de Nouméa (au milieu) à côté de Jean-Pierre Dinh (à gauche) et Nguyễn Thiệp (à droite).

Un très beau succès, c'est vrai, qui pourrait bien se propager au reste de Nouméa. Giang Kim Thanh, présidente de l'Association des bouddhistes de Nouméa :

"Nous avons reçu aujourd'hui des manuels scolaires envoyés par le gouvernement vietnamien. Ce sont vraiment des cadeaux précieux pour nous. L'Amicale vietnamienne organise déjà deux classes mais c’est clair qu’il y a une grande demande. Alors, nous envisageons nous aussi d'ouvrir une classe de vietnamien dans la pagode Nam Hải Phổ Đà. Les cours débuteront après le Têt. Nous espérons que nos enfants pourront parler avec les parents et dire des prières en vietnamien."

Il faut noter que la pagode Nam Hải Phổ Đà est juste à côté de l'Amicale vietnamienne et que le chemin reliant ces deux endroits accueille tous les ans le défilé des enfants d'origine vietnamienne, lanternes dans la main, au moment de la fête de la mi-automne.

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Photo d'illustration
Espérons qu'à la prochaine édition, ces enfants pourront entonner la comptine de leur compatriotes "Dung dăng dung dẻ/Dắt trẻ đi chơi/Đến ngõ nhà trời...", en dignes descendants des "Chân đăng" qu'ils sont.   

Commentaires

Philippe Pompignac

Bonjour, bravo pour votre action au profit de la communauté vietnamienne de Nouvelle Calédonie. J''y ai également vécu 3 ans et j''ai gardé beaucoup... Plus

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