(VOVworld) - JGKiD, Quach Van Thom... Qui se cache derrière tous ces pseudonymes? Un certain Vo Viet Phuong, mais ça, bien peu de gens le savent. Ce que les gens savent bien en revanche, c'est que celui que d'aucuns surnomment encore "le roi du reggae vietnamien", est en train de bouleverser paysage musical vietnamien.
C’est «Bai ca tuoi tre» («Chanson de jeunesse», en français) qu’on écoute: une chanson, sur fond de rap et de reggae, qui occupe depuis plusieurs mois une place au soleil. On l’entend partout: dans les maisons, au bureau, depuis les plus petites ruelles jusqu'aux lieux publics... Son auteur? Un certain Vo Viet Phuong, connu sous les noms JGKiD et Thom, qui se dit complètement possédé par la musique reggae.
«Ecoutez une chanson reggae et vous serez heureux toute la journée. Et pourtant au Vietnam, le reggae est essentiellement joué par les étrangers résidant dans le pays. Je ne comprends toujours pas pourquoi il y a si peu de Vietnamiens qui exploitent ce genre musical, malgré un public de plus grand plus large. En fait, plusieurs jeunes ont essayé de faire du reggae, ils m’ont envoyé des versions démo mais après ils ont disparu de la circulation...»
Libre et spontané, adepte revendiqué de Bob Marley, Vo Viet Phuong donne l'impression de n'en faire qu'à sa tête. Mais attention, il est très déterminé, et le chemin qu'il s'est tracé, il n'est pas question qu'il en dévie, un chemin d'ailleurs jalonné du prix de la chanson vietnamienne en 2011.
«Moi, au départ, je m'efforçais de faire les choses au mieux: de bien fignoler mes paroles, de trouver de belles mélodies... Mais c'était dans un cadre assez condidentiel, je dois dire. Et puis il y a eu ce prix, en 2011, qui m'a fait sortir de l'ombre et qui m'a fait plaisir dans la mesure où pour une fois, c'était un artiste "underground" qui sortait du lot!»
Avec ses amis rappeurs, Vo Viet Phuong a apporté à un public ennuyé du showbiz tumultueux, une fraîcheur inédite. Petit à petit, il est sorti de l'univers "underground" pour s'imposer comme le chantre de la liberté, de l’amour, de la jeunesse...
«Moi, ce qui m'a marqué tout au long de mes dix ans de carrière, c'est que quand je suis sur scène, même s'il m'arrive d'oublier les paroles ou de chanter faux, le public est toujours là. Et ça, je crois que c'est vraiment essentiel. Ce qui compte, au fond, ce n'est pas d'atteindre la perfection, mais de créer une véritable communion avec le public.»
Le chanteur-compositeur et ses compagnons viennent d’organiser la 6ème édition de "Tu te show", un concert de musique dite "underground" mais dont les tickets se sont vendus comme de petits pains: tout était parti en seulement deux jours.
«Au sein de la communauté rap, on communique beaucoup par des forums. Et cùeùst comme ça qu'est venue l'idée du tout premier "Tu te show", avec des gens qui ont en envie, tout d'un coup, de faire quelque chose ensemble, de se rencontrer... La première édition, c'était dans un karaoké, avec une dizaine de personnes, tout au plus.Mais ça a très bien marché. Alors les années suivantes, on a continué, dans un grand bar du vieux quartier, à Hanoi Rock City… Et comme ça, on a commencé à se faire connaître et à faire connaître notre musique.»
Vo Viet Phuong a plus d'une corde à son arc puisqu'en plus d'être chanteur, il est journaliste. Il a, avec son groupe Da Lab et l’équipe du journal en ligne Vietnamplus de l’Agence vietnamienne d’information, remporté un prix important, attribué par l’Association mondiale des journaux, pour le produit RapNewsPlus.
«Maintenant, je n'ai plus beaucoup de temps à consacrer à la musique. Mais le travail m’apporte beaucoup d’expériences... Et ça, c’est vraiment formidable. On peut discuter de plusieurs sujets, avoir de nouvelles idées. Mais de toute façon, tant qu’on a de l’inspiration, on peut vivre de la création artistique.»
Tant qu’il aura de l’inspiration, il continuera. Vo Viet Phuong a encore beaucoup de choses à dire et à partager. Quant à l'inspiration, c'est auprès des siens qu'il la puise, et de ce côté-là, la source est intarrissable.