"...pour oublier le bruit du monde"

photo : Thuy Van


Amateurs de thé vert, ce qui suit vous concerne! C'est à Hanoi que ça se passe, et plus précisement à Thinh Quang, une petire ruelle attenante à la rue Tây Son. Et que trouve-ton là-bas? Phôm! Phôm, c'est tout simplement une boutique de thé, mais pas une boutique de thé comme les autres puisque l'on peut y déguster du «chè đâm», qui est une variété de thé vert bien particulière.  


C'est ce qui s'appelle annoncer la couleur... Phôm, c'est une maison verte, avec deux vieilles portes de la même couleur, toujours ouvertes pour accueillir les passants. Pas de doute, ça donne envie de se mettre au vert!... Pham Minh Hau, qui est la tenancière de la boutique, nous en explique le nom étrange.     

«‘Phom’, ça vient du nom d’une jeune fille célèbre dans l’histoire des Thai de la province de Nghê An. Il y a d'ailleurs un temple qui lui est dédié, à Quy Hop. En réalité, elle s'appelait Phôm Hom; ça veut dire "la jeune fille aux cheveux parfumés". Et puis, il y a le ‘chè đâm’, qui est la spécialité de la maison et qui vient lui aussi de Quy Hop.» 

photo : Thuy Van


Le décor est à l'image de la maîtresse de céans: simple, convivial et distingué. Une étagère en rotin sur laquelle sont exposés de vieux romans, des sacs à mains, de petits portefeuille en brocatelle de Tay Ninh et une grande table qui occupe le centre de la boutique et qui semble bien en être le centre névralgique... C'est en effet autour de cette table que l'on déguste ce fameux «chè đâm ». 

«Le ‘chè đâm’, c'est typiquement la boisson rafraîchissante qui vient conclure une longue journée de travail. On utilise un pilon en bois et un tube en bambou pour piler des feuilles de thé fraîches en les mélangeant à certaines plantes sauvages. Quant à l'eau, c'est de l'eau de rivière. Ici, en tout cas, je respecte scrupuleusement toutes les étapes. Ce que je veux, c'est faire connaître le ‘chè đâm’ dans toute son authenticité, tel qu'il est préparé à Quy Hop, et tel que je l'ai moi-même découvert là-bas au cours d'un déplacement professionnel.»  

photo : Thuy Van

Rafraîchissant, le ‘chè đâm’ l'est incontestablement, mais il a aussi le don de créer des fidélités. Fidèles, les clients de Phôm le sont, en général. C'est le cas de Duy Quang, 23 ans :

«Je viens ici très régulièrement, depuis l'ouverture de la boutique, en fait, il y a deux ans. Je viens là non seulement pour prendre du ‘chè đâm’, mais aussi pour rencontrer des amis. Phom, c'est l'endroit idéal, pour ça. Et puis, si vous en connaissez rien au ‘chè đâm’, Hau se fera un plaisir de tout vous expliquer jusque dans les moindres détails.» 

Eh bien prenons ce jeune homme au mot, et admettons qu'effectivement nous ne connaissons rien au "chè đâm" et qu'un petit topo s'impose.   

«Je n’achète pas les feuilles de thé au marché. Je les commande à des habitants des villages montagneux de Quy Hop. J’ai un ami qui s’appelle Tuân. Il habite à Quy Hop. C'est lui qui me les fait parvenir ici, à Hanoi. Il me suffit d'aller les chercher à la gare routière. C'est important que ça vienne de Quy Hop, et pas d'un autre endroit. Le thé de Quy Hop a une saveur bien particulière qu'on ne trouve nulle part ailleurs.»         

Bon, on se le tiendra pour dit! En tout cas, pour celles et ceux qui voudraient apprendre à préparer le "chè đâm", sachez que Hau propose des cours le week-end.   

Et pour conclure, une très belle citation, on ne peut plus appropriée, de Lu Yu, qui fut un maître de thé éminent de la dynastie des Tang: "On boit le thé pour oublier le bruit du monde", écrivait-il. Tout un programme...

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