Course à la production de missiles: risque latent en Asie du Sud


(VOVworld) - L’Inde et le Pakistan ont procédé ces derniers temps, presque simultanément, à des tests de missiles porteurs d’ogives nucléaires. Ce n’était pas la première fois que les deux voisins rivalisaient d’initiatives dans ce domaine, mais cette fois-ci, le nombre de tests a augmenté. C’est la loi de la surenchère: chaque fois qu’un pays teste un missile de plus grande portée, l’autre annonce qu’il fera la même chose. Il y a vraiment de quoi inquiéter l’opinion internationale.

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L'Inde avait effectué un premier tir d'essai d'un missile longue portée à capacité nucléaire en avril 2012 (photo: AP)


Mercredi 19 septembre, l’Inde annonce avoir réussi le test d’un missile de longue portée capable de porter une ogive nucléaire. Agni-IV, ainsi s’appelle ce missile terre-terre, est capable d’atteindre des cibles situées à 4 000 km. C’est le missile de plus longue portée que l’Inde ait pu fabriquer jusqu’à présent. Ce vendredi 21 septembre, l’armée indienne prépare le test d’un autre missile, Nirbhay, un missile de croisière ayant une vitesse subsonique. Le mois dernier, l’Inde avait déjà testé un missile terre-terre et un missile balistique, tous deux capables de porter des ogives nucléaires.

Le test effectué par l’Inde mercredi n’aurait pas attiré une si grande attention s’il n’avait pas eu lieu 48 heures à peine après l’annonce, par le Pakistan, du test réussi d’un missile de croisière, Hatf-VII, capable de porter plusieurs ogives nucléaires. Bien que ni l’un ni l’autre des deux protagonistes ne veuillent admettre l’existence d’une nouvelle course aux armements, ces tests-répliques indo-pakistanais ne manquent pas d’inquiéter la communauté internationale.

En réalité, le Pakistan et l’Inde sont des puissances nucléaires de la région. Ni l’un ni l’autre n’a signé le traité de non-prolifération des armes nucléaires. Depuis 1998, après avoir tous deux révélé leur capacité à se doter de l’arme nucléaire, ils ont procédé à des tests dont la fréquence a atteint un record, ces derniers temps. Malgré une certaine amélioration des relations bilatérales grâce à des dialogues constructifs  menés récemment, ces derniers tests montrent que l’Inde et le Pakistan n’ont pas réussi à bâtir une vraie confiance réciproque. Il y a quelques jours, la presse indienne a cité une étude menée par le service de recherche du congrès américain, selon laquelle le Pakistan a amélioré quantitativement et qualitativement ses stocks nucléaires tout en élargissant les circonstances susceptibles de justifier le recours à l’arme atomique. Tout cela viserait, en premier lieu, l’Inde. Le service de recherche du congrès américain estime que le Pakistan possède, au moins, entre 90 et 110 ogives nucléaires: autant de préoccupations pour le monde entier.

Revenons un peu dans le passé, les relations entre l’Inde et le Pakistan n’ont jamais eu le vent en poupe. Depuis leur indépendance réciproque, en 1947, les deux pays ont traversé 3 guerres locales. Après une période d’accalmie relative, la course aux armements a repris de plus belle, depuis le 19 avril dernier, lorsque l’Inde a testé un missile de longue portée, capable de porter une ogive nucléaire. Un mois après, le Pakistan répliquait, en testant, avec succès, 4 missiles de croisière de moyenne portée. Qui plus est, des missiles capables d’atteindre un équilibre stratégique en terre et en mer, avec une technologie de croisière extrêmement sophistiquée que seule une poignée de pays a acquise. L’opinion peut s’interroger sur un éventuel rôle de soutien joué par telle ou telle grande puissance dans tous ces tests. La réponse reste ouverte mais, d’après plusieurs analystes, le fait que l’Inde soit en passe de devenir une grande alliée et un grand partenaire des Etats-Unis en Asie du Sud ne plaît pas du tout au Pakistan.

Inquiété par l’éventualité d’un conflit, le Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki- Moon, a appelé l’Inde et le Pakistan à poursuivre leur dialogue sur la sécurité et la paix régionales, un dialogue qui avait permis un certain rapprochement des deux pays. L’Inde et le Pakistan avaient en effet défini les 8 domaines prioritaires de leur coopération bilatérale, dont l’agriculture, le tourisme, l’éducation, les sciences et les technologies. Ils avaient également convenu d’étudier des mesures pour bâtir la confiance, en continuant notamment de respecter la trêve observée le long de la frontière commune depuis 2003, où les déplacements de personnes et de marchandises devraient être facilités. Si l’Inde et le Pakistan poursuivent dans cette voie, le risque d’un conflit diminuera. C’est en tout cas ce que l’opinion attend de ces puissances sud-asiatiques.

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