Écosse indépendante: ouverture ou repli sur soi?

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Un partisan du "oui". Photo: AFP

(VOVworld)- Plus de 4 millions d’électeurs écossais devaient se prononcer ce jeudi sur leur avenir. S’ils optent pour l’indépendance, c’est un nouvel Etat de 5,3 millions d’habitants qui fera son apparition. «Yes or no?» Ouverture ou repli sur soi? Difficile, à ce stade, de savoir ce que peut valoir cette indépendance en termes de prospérité. Ce qui est sûr, c’est que quelle que soit l’issue du scrutin, l’Ecosse ne sera plus tout à fait la même.

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Emplacement de l'Écosse, en rouge, par rapport aux trois autres nations constitutives du Royaume-Uni, en jaune clair. Photo: Wikipedia

Située au nord de la Grande-Bretagne, l’Écosse, qui s’étend sur près de 79.000 km2, compte environ 5 millions 300 mille habitants dont 80% d’Écossais. Le pétrole et le gaz constituent les principales ressources de ce pays, appelons-le ainsi, qui contribue à hauteur de 10% au PIB du Royaume-Uni.

Des liens historiques mais fragiles

Depuis 1707, l’Écosse est liée à la Grande-Bretagne par un traité formant le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que cette union est loin de faire l’unanimité. L’Écosse a plus d’une fois été en instance de divorce, et la crise financière que traverse l’Europe n’a fait qu’aggraver la situation. Depuis 1999, il existe certes un parlement écossais, mais les grandes décisions économiques sont toujours prises à Londres. C’est en 2011, date de l’arrivée en force du Parti National Ecossais au parlement d’Edimbourg, que l’idée d’un référendum sur l’indépendance à commencer à faire son chemin. La décision a été prise en octobre 2012, d’un commun accord entre David Cameron, le Premier Ministre britannique qui joue ainsi son va-tout, et Alex Salmond, son homologue écossais, qui devrait quant à lui sortir grandi de l’épreuve, quelle qu’en soit l’issue.      

A la veille du référendum, les sondages donnaient un léger avantage aux tenants du maintien dans l'union, mais avec un nombre d'indécis suffisamment important pour faire pencher la balance. Du coup, le Royaume-Uni, menacé d’éclatement, retient son souffle, et avec lui, l’Europe toute entière.

Les tenants d’une Ecosse indépendante font valoir que celle-ci pourra enfin gérer comme elle l'entend la manne gazo-pétrolière de la mer du Nord. Quant au camp du «no», il met en garde contre les conséquences funestes qu’aurait une scission sur le plan économique, et d’abord pour les Ecossais eux-mêmes.    

Des impacts européens

Si plus de la moitié des électeurs écossais optent pour l’indépendance, l’Écosse proclamera son indépendance le 24 mars 2016, très exactement. Édimbourg et Londres auraient donc plus d’un an pour négocier plusieurs questions épineuses telles que la dette publique, la monnaie commune ou encore le contrôle de la frontière. Mais l’Écosse indépendante devrait également rédiger sa propre Constitution et mener des négociations pour adhérer à l’OTAN et à l’Union Européenne.

De nombreux analystes estiment que l’Écosse paierait chère son indépendance. Sur le plan économique, elle devrait faire face à des problèmes de taux d’intérêt, d’impôts, de protection des investisseurs et de politique monétaire. Selon les prévisions, le déficit financier de l’Écosse représenterait au moins 6,4% de son PIB. Il faut voir aussi qu’une fois indépendante, l’Écosse ne pourrait plus utiliser la livre sterling comme monnaie, les partis politiques britanniques s’y opposant. Sans alliance monétaire, l’utilisation par l’Écosse de la livre sterling serait une infraction à la loi en vigueur dans l’Union européenne. Mais au-delà de toute autre considération, David Cameron a prévenu: ce serait une séparation douloureuse et irréversible, qui mettrait fin au Royaume-Uni après 300 ans d’existence.

Autre danger, et non des moindres: si le séparatisme l’emporte, c’est toute l’Union Européenne qui se retrouvera fragilisée dans sa sécurité et sa prospérité.  Une Grande-Bretagne amputée de l’Ecosse serait évidemment très affaiblie sur l’échiquier européen, mais c’est justement là que le bât blesse car l’Union entend bien s’appuyer sur un axe Paris-Londres-Berlin pour se remettre sur l’orbite de la croissance.

Un danger à court terme

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Photo: Reuters

A cette heure, le résultat du référendum reste bien sûr inconnu, mais d’ores-et-déjà, les grandes places financières et boursières s’agitent. La semaine dernière, la livre-sterling est ainsi tombée à son niveau le plus bas en 10 mois. Quant aux actions des deux plus grandes banques écossaises, elles ont chuté. D’ailleurs, Royal Bank of Scotland et Lloyds, les deux grands groupes bancaires en question, ont menacé de quitter l’Écosse si celle-ci faisait scission.

«Yes or no?» Tous les regards sont désormais tournés vers l’Ecosse, où le résultat du référendum devrait être publié vendredi. Ce qui est certain, c’est que le scrutin laissera des traces, non seulement en Ecosse et au Royaume-Uni, mais aussi en Europe, et notamment en Espagne et en Belgique où plusieurs mouvements indépendantistes ont le vent en poupe. Prudence, donc…

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