La dégradation par S & P et ses conséquences

(VOVworld) L’Union Européenne a vécu la semaine dernier un vendredi noir, un vendredi 13 digne de sa mauvaise réputation. L’agence de notation Standard & Poor’s a simultanément dégradé la note de neuf pays de la zone euro. Une véritable douche froide sur les efforts entrepris par les décideurs politiques européens pour sortir la région de la crise de la dette publique.

Standard & Poor’s a donc abaissé d’un point la note de la France, pourtant l’une des plus importantes économies de la région. Le triple A d’hier est devenu aujourd’hui AA+. L’Italie a perdu 2 points, pour descendre à BBB+, et l’Espagne doit se contenter d’un seul A. Dans le collimateur aussi, Chypre, le Portugal, l’Autriche, Malte, la Slovaquie et la Slovénie. Quant aux autres pays de la zone euro, s’ils maintiennent leur note, Standard & Poor’s les a placés sous « perspectives négatives », à l’exception de l’Allemagne qui connaît, elle, des « perspectives stables ». Le ministre français des Finances François Baroin a beau minimiser cette dégradation, celle-ci a provoqué une véritable psychose en Europe, malgré les efforts de la France et de l’Allemagne pour rétablir la confiance du marché vis-à-vis de l’euro. En effet, aussitôt après la décision de Standard & Poor’s, la bourse a dégringolé. Aux Etats-Unis, le Dow Jones a perdu 1,1%, le « S&P 500 » 1,22% et le Nasdaq 1,06%. Même scénario en Europe, où l’Euro Stoxx a chuté de 1,12%, le « FTSE 100 » britannique 1,2%, le « CAC 40 » français 1,12% et le DAX allemand 1,5%.

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Standard & Poor’s a abaissé d’un point la note de la France

Mais le dur constat va au-delà des chiffres : la France, deuxième économie de la zone euro a été sanctionnée. La dégradation de sa note prouve d’une manière on ne peut plus éloquente que la crise de la dette publique de toute la zone va crescendo. En perdant son triple A, la France devra payer plus cher ses emprunts. Il faut savoir que cette année, elle envisage d’émettre 178 milliards d’euros d’obligations. Les activités financières du gouvernement français devriendront plus onéreuses, entraînant le Fonds Européen de Stabilité Financière, mécanisme d’aide en faveur des économies en difficultés, qui risque, lui aussi, de voir sa note dégradée bientôt. Les entreprises européennes se trouvent devant d’énormes difficultés, faute de financements et d’aides de la part des gouvernements. Pendant ce temps, les banques de la zone euro ont besoin d’urgence de 280 milliards d’euros pour payer des dettes qui arrivent à échéance au premier trimestre de 2012. Quant à la Grèce, si elle ne recevait pas un nouveau paquet d’aide de 130 milliards d’euros de l’Union Européenne, de la Banque Centrale Européenne et du Fonds Monétaire International pour payer ses obligations, elle devrait annoncer sa faillite nationale en mars.

En outre, la dégradation de la note française brise le fragile équilibre franco-allemand. Et pour parodier l’économiste français Jacques Delpla, « ce ne sera plus Merkozy ». Ce seront Angela Merkel et Christine Lagarde, la directrice générale du FMI qui dicteront la politique européenne. D’ailleurs, aussitôt après la décision de Standard & Poor’s, la chancelière allemande s’est engagée à intensifier les réformes dans la zone euro, et notamment la mise en œuvre du traité financier et du Fonds Européen de Stabilité Financière. En plus de connaître une croissance zéro, les pays européens se trouvent obligés de réduire les dépenses pour pouvoir honorer leurs dettes. Jusqu’à ce jour, les dirigeants européens n’ont pas su trouver une issue commune à la crise. Dans ce contexte, la dégradation de la note de crédit du vendredi 13 n’était pas aussi surprenante qu’on ne le croyait. Seulement, la perte de confiance qui en résulte ne fait qu’aggraver la situation. A moins que lors de leur réunion prévue à la fin du mois, les dirigeants européens puissent parvenir à des compromis nécessaires.

Đoàn Trung

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