Lame de fond sur la scène politique en Egypte

(VOVworld)- Une lame de fond traverse en ce moment la scène politique en Egypte, avec la vive dispute du pouvoir entre le nouveau président Mohamed Morsi et le puissant milieu militaire de ce pays. Dans un geste surprenant et déterminé, le président égyptien a nommé dimanche Abdel Fatah al Sissi au poste de ministre de la défense et président du conseil suprême des forces armées, pour remplacer le puissant maréchal Hussein Tantawi suite à son départ en  retraite anticipée. Plus tôt, il avait aussi décidé d’envoyer le chef de l’état major de l’armée Sami Enan à la retraite. L’opinion publique estime que les décisions de Mohamed Morsi constituent les coups de feu annonçant une nouvelle crise sur la scène politique égyptienne alors que le régime civil est déterminé à concentrer le pouvoir entre ses mains.

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Bien que le président Mohamed Morsi explique que ces décisions ne visent aucun individu et ne réduisent pas les droits de liberté, mais servent plutôt les intérêts du pays et du peuple, ce changement de direction de l’armée constitue un élément latent qui pourrait provoquer des évolutions imprévisibles. L’opinion estime que ces décisions pourraient mettre un terme au rôle du conseil suprême des forces armées dans la vie politique de l’Egypte.

En réalité, ce n’est pas la première fois depuis l’investiture de Mohamed Morsi en juin dernier que la tension pèse entre le régime civil et les autorités militaires. L’élection de cet homme au poste de président égyptien a marqué un tournant dans le pays des pyramides depuis la destitution de Hosni Moubarak. Cette victoire a permis aux frères musulmans de remporter le pouvoir pour la première fois depuis la fondation de cette organisation, il y a 84 ans. Mais ceci a aussi amorcé une dispute du pouvoir entre les frères musulmans représentés par Mohamed Morsi et le milieu militaire, au pouvoir depuis bien longtemps en Egypte.

A la mi-juillet, Mohamed Morsi a dû céder au conseil suprême des forces armées en retirant son ordonnance de rétablir l’assemblée nationale qui avait été dissolue par ce même conseil avant les élections présidentielles du 15 juin, suivant le jugement de la cour constitutionnelle suprême. En réalité, par cette dissolution, le conseil suprême des forces armées voulait réduire l’influence des Frères Musulmans sur la scène politique égyptienne. Lors des récentes élections législatives, le parti Justice et Développement de l’organisation des frères musulmans a remporté 235 des 508 sièges que compte la chambre basse. Mais la tension a heureusement été calmée lorsque le nouveau président a décidé de retirer son ordonnance.

Mais après cette tentative, le président Morsi a tenu sa ferme détermination de destituer Tantaoui, le ministre de la défense durant 2 décennies sous le régime de Hosni Moubarack qui a dirigé l’Egypte après la révolte de 2011 en tant que dirigeant du conseil suprême des forces armées. Cette décision de Mohamed Morsi est considérée comme un vrai duel en vue d’établir un état civil et de mettre fin au régime à 2 têtes de l’Egypte. Le nouveau président égyptien a aussi décidé d’annuler la déclaration constitutionnelle du régime du maréchal Tantawi qui autorisait l’octroi de larges compétences aux dirigeants militaires de haut rang. Le 8 Août dernier, il a procédé à la réforme du service de renseignement national, limogeant ainsi son directeur Murad Muwafi et nommant Mohammed Rafaat Abdel Wahad Shehata à cette fonction, par intérim. Mohamed Morsi a aussi nommé le juge Mahmud Makki comme son adjoint.

En réalité, l’armée égyptienne détient d’importantes recettes économiques et reçoit d’importantes aides militaires de la part de Washington. Elle reste toujours une grande organisation de ce pays du moyen orient alors que le processus de démocratie ne fait que commencer. Les actions de Mohamed Morsi sont susceptibles de provoquer un affrontement supplémentaire entre le nouveau président et le conseil militaire.

Pour le moment, on ignore les évolutions de la scène politique égyptienne suite aux décisions surprenantes du nouveau président. Est-ce que ces décisions conduiront aux concessions de l’armée? Une question sans réponse pour l’heure. Plusieurs sources estiment que le départ des généraux de l’armée égyptienne a été arrangé et calmé. Le nouveau président a nommé pour conseillers le maréchal Tantaoui et le chef d’état-major de l’armée Sami Enan, et leur a remis les plus hautes distinctions honorifiques de l’Egypte. Quelques heures après ses décisions de limogeages des généraux de l’armée, le président est apparu sur la télévision nationale pour mobiliser le soutien de la population. Mais personne n’est sûr qu’aucune lame de fond n’apparaisse sur la scène politique égyptienne lorsque le pouvoir est aussi souvent disputé par ses protagonistes./.

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