L’Europe face au risque d’un hiver glacial

(VOVworld) - Les négociations sur le gaz entre la Russie, l’Ukraine et l’Union Européenne sont toujours dans l’impasse. La rencontre qui vient d’avoir lieu à Bruxelles, en Belgique, n’a abouti à aucun résultat, si ce n’est à un nouveau rendez-vous fixé au 29 octobre.

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Photo: Reuters

Lors de la rencontre entre le commissaire européen à l’Energie Guenther Oettinger, le ministre russe de l’Energie Alexander Novak et son homologue ukrainien Youri Prodan, il a beaucoup été question du règlement des impayés ukrainiens, mais aussi des prix et de la quantité de gaz que la Russie pourrait fournir à l’Ukraine cet hiver. Ces deux derniers problèmes ont été réglés, mais le principal, les impayés de l’Ukraine, reste sans issue. Kiev aurait voulu utiliser la somme payée par la Russie pour le transit du gaz pour régler ses dettes, mais Moscou a manifesté son désaccord. Craignant que Kiev ne soit pas en mesure de les honorer, le Kremlin souhaite en fait que l’Union Européenne se porte garant des dettes ukrainiennes.   

De son côté, en raisons des difficultés financières qui sont les siennes, l’Union Européenne n’a pas réussi à débloquer d’aide en faveur de l’Ukraine. L’impasse dans laquelle se trouvent les négociations tripartites fait craindre un «hiver glacial» comme cela a déjà été le cas en 2006 et 2009 lorsque la Russie a cessé d’approvisionner l’Union Européenne.

Le gaz, un atout pour la Russie  

La Russie est actuellement le plus grand fournisseur d’énergie de l’Union Européenne. Elle satisfait jusqu’à 30% de sa demande en gaz et en pétrole. Pas étonnant, dès lors, que l’échec des négociations de Bruxelles génère de l’anxiété à l’approche de l’hiver, particulièrement pour la Macédoine, la Finlande, l’Estonie, la Serbie, et la Bosnie-Herzégovine, pays dans lesquels 60% du gaz importé provient de la Russie.        

L’Ukraine a accepté un prix d’achat conforme à celui du marché, c’est-à-dire 385 dollars pour 1.000m3, tout en restant dans l’incapacité d’honorer ses dettes. De son côté, la Russie entend bien faire du gaz un atout de poids dans le bras de fer qui l’oppose aux pays occidentaux. Tout en assurant ne pas vouloir provoquer de crise cet hiver, la Russie a prévenu: si du gaz est prélevé sur ses gazoducs qui transitent par l’Ukraine, l’approvisionnement cessera immédiatement.     

C’est donc en mettant le gaz dans la balance et en faisant planer la menace d’un hiver glacial que Moscou entend faire pression sur l’Union Européenne. Aider financièrement l’Ukraine ou faire face aux rigueurs du climat? Les 27 ont jusqu’au 29 octobre pour se sortir de ce douloureux dilemme.

La guerre du gaz aura-t-elle lieu?

En fait, l’Union Européenne n’a pas d’autre choix que d’aider financièrement l’Ukraine pour que Kiev et Moscou parviennent à un accord officiel garantissant aux pays de l’union un approvisionnement stable. La chancelière allemande Angela Merkel a dû appeler ses partenaires à mettre la main à la poche. Reste à savoir si c’est à la banque européenne pour la reconstruction et le développement ou à la Commission Européenne de débloquer les 2 miliards d’euros dont Kiev aurait besoin ou si une société européenne peut court-circuiter les autorités ukrainiennes en traitant directement avec la Russie.  

L’Union européenne se trouve donc devant un dilemme: aider l’Ukraine ou se voir privée du gaz russe. Cette guerre du gaz, qu’il serait d’assez mauvais goût de qualifier de «froide», a pris les allures d’une confrontation entre Russes et Occidentaux, les premiers risquant de souffrir d’un sérieux déficit budgétaire s’ils n’exportent plus de gaz, les seconds de se retrouver en pénurie énergétique./.




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