Mali, une stabilité fragile

(VOVworld) - L’armée malienne, appuyée par près de 3000 soldats français, a repris le contrôle du Nord du pays des mains des rebelles islamistes. C’est ce qu’a déclaré lundi le président français François Hollande. Cette victoire a certes répondu aux attentes des Maliens, mais elle est loin d’être suffisante pour remettre le pays sur les rails.

Avec le président français, l’armée et le gouvernement maliens ont confirmé le contrôle total, par l’alliance franco-malienne, de Tombouctou, fief des islamistes au Nord du Mali. Des centaines d’habitants ont accueilli, en brandissant des drapeaux maliens et français, les troupes venues libérer la ville historique où la charia avait été imposée depuis 10 mois. Samedi 26 janvier, les forces franco-maliennes avaient également reconquis Gao, principale ville au Nord du Mali.

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A Tombouctou, des centaines d’habitants ont accueilli, en brandissant des drapeaux maliens et français, les troupes venues libérer la ville historique où la charia avait été imposée depuis 10 mois (photo: directmatin.fr)

Lancée depuis le 11 janvier, l’intervention française contre les islamistes a donc abouti à une victoire majeure. Le président François Hollande a affirmé d’emblée que le devoir de la France était de “permettre aux forces africaines de donner au Mali une stabilité durable". Mais cet objectif semble être plutôt délicat. Bien que la coalition dirigée par les Français ait repris plusieurs villes importantes au Nord, elle n’a pu chasser les rebelles que vers zones désertiques et montagneuses, dont le relief accidenté leur offre un abri idéal. Et c’est sans parler des aides financières colossales pouvant se chiffrer à des dizaines de millions de dollars accordées par des organisations de traite humaine ou de trafic de drogue transnational ; une somme qui permet aux insurgés de s’acheter armes et munitions modernes.

La situation socio-politique malienne est profondément instable. Le Mali n’a pas de président officiel depuis mars 2012, ni de Premier ministre depuis décembre 2012. L’armée malienne, elle, est divisée. Le manque institutionnel favorise l’explosion d’organisations extrémistes, terroristes et de groupes criminels. Sur le plan géographique, le Mali est l’un des pays les plus pauvres d’Afrique. Sa vaste superficie est essentiellement composée de déserts, où la population est peu nombreuse. Selon l’ONU, depuis l’intervention française, 9000 Maliens ont fui le pays, 230 mille autres ont été évacués. Et, pour ne rien arranger, le Mali est limitrophe de 7 pays dont plusieurs sont en proie à la violence, à l’extrémisme et à l’instabilité. Ses frontières échappant à tout contrôle, le Mali voit se développer plusieurs routes de contrebande parmi les plus animées reliant l’Afrique à l’Europe. Sur ces routes, les insurgés trouvent depuis longtemps une manne financière facile leur permettant de subsister.

Dans ce contexte, la résurgence de l’islamisme radical est une réelle menace. Lors du sommet de l’Union africaine, tenu lundi et mardi en Ethiopie, le président égyptien, Hailemariam Desalegn, également président de l’Union, a annoncé que celle-ci apporterait un soutien de 50 millions de dollars à la campagne militaire au Mali. Une conférence des donateurs est par ailleurs prévue, dès vendredi 1er février, toujours en Ethiopie, pour appeler à l’aide internationale au profit de cette campagne. De son côté, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, exhorte le gouvernement malien à restaurer l’ordre constitutionnel en promettant de l’aider à mener des réformes sécuritaires et à améliorer ses compétences. Selon lui, le Conseil de sécurité de l’ONU est en train d’étudier des propositions d’aide en matière de logistique pour les pays africains, dont le Mali.

Après plus de deux semaines d’intervention militaire, la France a atteint son objectif de prendre le contrôle du Nord du Mali. Mais force est de constater que ce résultat est loin d’être définitif et que la stabilité au Mali demeure fragile.

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